Les réserves d’or de la Turquie ont plongé de plus de la moitié. C’est le résultat d’une gouvernance monétaire, financière et économique qui semble échapper au contrôle de ses dirigeants. Alors que la monnaie turque dévisse, certains experts pointent du doigt les lacunes de la gouvernance et la faiblesse de l’efficacité du gouvernement. En cause, la politique monétaire et fiscale. Dans le tableau ci-dessous qui cartographie quelques indicateurs économiques des pays émergents, nous voyons une Turquie caracoler en tête du classement des pays en matière de vulnérabilité. La Turquie est actuellement la plus vulnérable des économies des pays émergents avec un déficit marqué de sa balance courante et une inflation des plus inquiétantes. Source John B.Taylor Le président turc dénonce une
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Les réserves d’or de la Turquie ont plongé de plus de la moitié. C’est le résultat d’une gouvernance monétaire, financière et économique qui semble échapper au contrôle de ses dirigeants.
Alors que la monnaie turque dévisse, certains experts pointent du doigt les lacunes de la gouvernance et la faiblesse de l’efficacité du gouvernement. En cause, la politique monétaire et fiscale. Dans le tableau ci-dessous qui cartographie quelques indicateurs économiques des pays émergents, nous voyons une Turquie caracoler en tête du classement des pays en matière de vulnérabilité.
La Turquie est actuellement la plus vulnérable des économies des pays émergents avec un déficit marqué de sa balance courante et une inflation des plus inquiétantes.
Le président turc dénonce une guerre économique contre son pays. Et c’est probable. Regardez les attaques sur la livre turque par le marché en mains de la haute finance internationale.
La monnaie turque a perdu presque la moitié de sa valeur entre le 1er janvier et le 10 août face au dollar ET à l’euro. C’est juste énorme pour un pays dont la balance courante est déficitaire, avec des importations en devises dépassant ses exportations.
Source des graphiques sur les devises: Boursorama.com
Les conséquences sur la dette extérieure du pays sont pour le moins inquiétante. La valeur de la dette et de son coût prennent l’ascenseur dans les proportions similaires à celles de la dégringolade de la monnaie. Des entreprises turques se sont même endettées à bon compte en dollar alors que leur chiffre d’affaires est réalisé en monnaie turque!
Il faut alors s’endetter encore plus pour financer les crédits… La spirale descendante est posée.
Remarquons que la tendance de la chute de la livre tout comme celle de la croissance de la dette extérieure ont commencé avant la crise du 10 août 2018. L’inflation qui résulte naturellement de ce qui précède gangrène le pays depuis un bout de temps.
Le pic de l »inflation qui frappe le secteur de l’alimentation flirte avec les 20% depuis le mois de juin 2018 est très inquiétant pour le peuple turc dont le pouvoir d’achat est ravagé!
https://www.lorientlejour.com/article/1130195/la-crise-de-la-livre-turque-fait-deja-des-victimes.html
Source des histogrammes: https://tradingeconomics.com/turkey/indicators
Nous pouvons constater que la monnaie turque est sous pression depuis de nombreux mois, et est le reflet d’une sanction d’indicateurs économiques et financiers médiocres. Elle reflète la fragilité économique du pays et sa dépendance à certaines exportations.
La première erreur de gestion est que 10 produits représentent à eux seuls les 3/5ème de la valeur des exportations mondiales. Par conséquent, quand le président Trump décide de pénaliser l’un des secteurs -en doublant les taxes des importations sur l’acier-, la pénalité est immédiate et amplifiée sur les finances du pays.
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Véhicules: 23,9 milliards de dollars EU (15,2% du total des exportations)
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Machines, y compris les ordinateurs: 13,8 milliards de dollars (8,8%)
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Gemmes, métaux précieux: 10,9 milliards de dollars (6,9%)
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Vêtements en tricot ou crochet, accessoires: 8,8 milliards de dollars (5,6%)
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Fer, acier: 8,2 milliards de dollars (5,2%)
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Machines électriques, équipement: 8,1 milliards de dollars (5,2%)
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Vêtements, accessoires (sans tricot ni crochet): 6 milliards de dollars (3,8%)
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Articles en fer ou en acier: 5,6 milliards de dollars (3,6%)
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Matières plastiques, articles en plastique: 5,5 milliards de dollars (3,5%)
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Combustibles minéraux, y compris le pétrole: 4,3 milliards de dollars (2,8%)
http://www.worldstopexports.com/turkeys-top-10-exports/
Bref, la Turquie semble en mauvaise posture.Elle serait bien inspirée à remettre en question le modèle d’affaires qu’elle semble subir… De fait, le cauchemar turc ne fait que commencer. La signature du Jefta, accord de libre-échange UE-Japon, menacera directement les emplois de l’industrie de l’automobile turc, son premier secteur d’exportation …
Pour l’heure, elle est condamnée à se trouver vite des partenaires qui viennent l’aider à stopper sa descente en enfer. Le président français le sait et tend une main intéressée à la Turquie. Il faut dire que les entreprises françaises seraient directement concernées par un éventuel effondrement de l’économie turque.
Liliane Held-Khawam
Annexe:
Crise USA-Turquie : l’Europe dans l’embarras
Les Européens s’efforcent de maintenir leur calendrier économique avec Ankara.
L’Union européenne est coincée sur plusieurs dossiers par son allié américain, et le dossier turc est le dernier en date. Le problème commence par une surenchère diplomatique entre la Turquie et les États-Unis basée sur l’affaire du pasteur Andrew Brunson, soupçonné par Ankara d’agir pour le compte du prédicateur exilé Fethullah Gülen et placé en résidence surveillée. Le feuilleton s’est par la suite corsé avec l’imposition par Washington de sanctions économiques qui ont provoqué (entre autres) la chute de la livre turque et une crise sans précédent entre ces deux alliés de l’OTAN et partenaires historiques.
Depuis l’élection de Donald Trump à la présidence américaine, les États-Unis agissent de plus en plus de manière unilatérale, prenant de court la communauté internationale en général, et leurs alliés occidentaux et européens en particulier, comme par exemple avec le retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien et la réimposition des sanctions, ainsi que la mise en place de tarifs douaniers visant sans distinction pays alliés et adversaires. Face à cette situation inédite, l’UE tente de s’imposer en puissance autonome sur la scène internationale, comme avec la récente mise en vigueur de la « loi de blocage » liée au dossier iranien. Mais cette mesure s’est avérée stérile, témoignant de la puissance américaine sur l’économie mondiale et de l’impuissance des Européens.
(…) La Turquie, qui a été reconnue comme pays candidat à l’adhésion à l’UE en 1999, est trop importante pour les Européens pour des raisons stratégiques et historiques. En 2016, les deux parties ont signé un accord sur la question du flux de migrants qui veulent atteindre l’Europe, mettant fin provisoirement à la « crise migratoire » sur le Vieux Continent. En outre, la Turquie est le cinquième partenaire économique de l’UE, qui représente le marché le plus important pour les exportations turques, et une partie de la dette turque est aux mains des banques européennes, qui ne veulent pas perdre leurs créances. Un point de plus à prendre en compte : la présence d’une large diaspora turque en Europe, que le président Recep Tayyip Erdogan tente de transformer en outil de politique interne turque, mais aussi en outil de pression sur l’Europe si besoin. Aujourd’hui, à cause de Washington, la Turquie est tentée de revenir vers cette Europe qu’elle a tant fustigée ces dernières années.
(Décryptage : Jusqu’où peut aller le bras de fer américano-turc ?)
L’UE a intérêt à garder ses deux alliés
Autre point stratégique : le dossier syrien. L’UE devra vraisemblablement faire affaire avec la Turquie, entre autres, pour la reconstruction d’après-guerre. Le site en ligne al-Monitor révélait le 15 août que l’allié russe du président syrien Bachar el-Assad insistait pour des raisons pragmatiques sur la présence des compagnies turques dans le processus de reconstruction. « Il y a un souhait russo-turque de reconstruire la Syrie avec des capitaux chinois et européens, ce qui réduirait leurs coûts », explique à L’Orient-Le Jour Florent Parmentier, docteur et enseignant à Sciences Po Paris, qui n’exclut pas la possibilité que l’unilatéralisme récent des Américains pourrait vraisemblablement rapprocher les autres acteurs internationaux tels que l’UE et la Turquie, mais aussi la Russie, l’Iran et la Chine.
Cette semaine, M. Erdogan s’est entretenu au téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron. Selon la présidence turque, MM. Erdogan et Macron ont souligné « l’importance de renforcer les liens économiques » et, dans ce cadre, les ministres des Finances des deux pays devraient se rencontrer « au plus vite ». Selon la même source, les ministres des Finances turc et allemand se sont entretenus jeudi dernier au téléphone et ont accepté de « prendre des mesures pour renforcer la coopération économique ». Pour montrer sa bonne volonté, le président turc a libéré cette semaine le chef d’Amnesty International en Turquie, détenu depuis plus d’un an, ainsi que deux soldats grecs. Les abus touchant les droits de l’homme en Turquie sont un sujet majeur de contentieux entre Bruxelles et Ankara.
L’Union européenne devrait vraisemblablement se rapprocher de la Turquie, qui, de son côté, en a besoin plus que jamais. Les Européens savent que laisser la Turquie « trouver de nouveaux amis », tel qu’annoncé par M. Erdogan le 10 août, n’est pas dans son intérêt. Ce rapprochement devrait par ailleurs rester limité, dû à la puissance relative de l’UE face aux États-Unis. L’UE veut garder ses deux alliés, mais doit encore définir de quelle manière. M. Parmentier rappelle ainsi que la position européenne est en fin de compte le fruit de « la structure de l’UE qui produit des compromis » en son sein.