Image: Système complexe http://www.lens.unifi.it/index.php Fin Janvier Peter Navarro a lancé un pavé dans la mare en déclarant que l’Allemagne utilisait « une monnaie grossièrement sous évaluée » et qu’elle exploitait à la fois les Etats-Unis et ses partenaires commerciaux.. Ceci est indéniable puisque le niveau de l’euro s’établit plutôt en fonction de la situation, négative, des pays du Sud européens qu’en fonction de celle , positive, des pays du Nord. La politique de Draghi, comme l’a reconnu et déploré Merkel est établie pour des pays faibles comme le Portugal, la Slovénie etc . Navarro a expliqué que l »euro était un « Implicit Deutsche Mark » dont la sous évaluation conférait à l’Allemagne un avantage anormal sur ses partenaires commerciaux. Ce point de vue est largement partagé aux USA. Tout comme le reproche fait aux Allemands de mener une politique budgétaire inappropriée . Au cours des semaines qui ont suivi, Trump et Mnuchin ont plutôt eu tendance à calmer le jeu qu’à s’envenimer, mais sans vraiment revenir en arrière. La politique de reconquête commerciale étant largement confirmée. Ce qui a changé c’est le style, la gouvernance, plus diplomatiques.Trump a fait la même chose s’agissant des relations avec la Chine, il a favorisé une sorte de désescalade sans abandonner le fond de sa position.
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Image: Système complexe http://www.lens.unifi.it/index.php
Fin Janvier Peter Navarro a lancé un pavé dans la mare en déclarant que l’Allemagne utilisait « une monnaie grossièrement sous évaluée » et qu’elle exploitait à la fois les Etats-Unis et ses partenaires commerciaux.. Ceci est indéniable puisque le niveau de l’euro s’établit plutôt en fonction de la situation, négative, des pays du Sud européens qu’en fonction de celle , positive, des pays du Nord. La politique de Draghi, comme l’a reconnu et déploré Merkel est établie pour des pays faibles comme le Portugal, la Slovénie etc . Navarro a expliqué que l »euro était un « Implicit Deutsche Mark » dont la sous évaluation conférait à l’Allemagne un avantage anormal sur ses partenaires commerciaux. Ce point de vue est largement partagé aux USA. Tout comme le reproche fait aux Allemands de mener une politique budgétaire inappropriée .
Au cours des semaines qui ont suivi, Trump et Mnuchin ont plutôt eu tendance à calmer le jeu qu’à s’envenimer, mais sans vraiment revenir en arrière. La politique de reconquête commerciale étant largement confirmée. Ce qui a changé c’est le style, la gouvernance, plus diplomatiques.Trump a fait la même chose s’agissant des relations avec la Chine, il a favorisé une sorte de désescalade sans abandonner le fond de sa position.
Navarro vient de publier une opinion, dans le WSJ, dans le Wall Street de ce week end et il n’abandonne rien. On peut s’interroger sur les raisons qui l’ont poussé à publier ce texte. Il explique pourquoi le rééquilibrage des échanges est nécessaire, pourquoi la Maison Blanche s’inquiète des déficits: les déséquilibres mettent en péril la croissance économique et ils pourraient mettre la sécurité des Etats-Unis en danger ».
Ceci est incontestable, car c’est l’évidence. Le déficit réduit la croissance, enfle le sous emploi américain et les excédents des partenaires américains leur donnent de moyens supérieurs pour le combat stratégique mondial. Le plus net est l’exemple de la Chine.
Mais le symétrique du déficit américain, c’est le drainage de l’épargne mondiale car tout déficit étant financé par simple équivalence logique, alors il y a un lien organique entre d’un côté les déficits américains et les excédents, c’est à dire l’épargne des autres pays. Et c’est sur cette situation qu’est fondée notre système monétaire mondial; le pourvoyeur de liquidité mondiale, globale ce sont les USA et ces liquidités ont pour origine les déficits américains.
Ce système est dangereux, voire intenable à long terme, et on n’a pas attendu Navarro pour le critiquer. Le belge Triffin étant le précurseur le plus célèbre. Le problème n’est pas seulement américain il est systémique et nous avons écrit que la nouvelle orientation américaine remettait en cause le système monétaire BWII, système monétaire fondé sur le recyclage des déficits américains au niveau mondial. De la même façon la nouvelle orientation US remet en cause le « business model » des banques mondiales TBTF comme la Deutsche Bank et les grandes banques suisses. . La production de dollars et de réserves est le résultat d’un phénomène vicieux, dangereux à long terme: les déficits, c’est à dire qu’elle produit l’insolvabilité quasi inéluctable.
Le déficit américain:
Dans le cadre d’une vision Trumpienne, « America First », Navarro fait remarquer que le monde extérieur « pille » la demande américaine, rend l’Amérique dépendante, soustrait de l’activité par le biais des excédents structurels de certains pays: « le déficit persistant coûte 2 milliards par jour » . » Ceci soustrait donc de la croissance au GDP américain et pénalise l’emploi » . Navarro écrit « réduire le déficit par des négociations honnêtes est un moyen d’augmenter les exportations, et de doper le rythme de croissance de l’économie » .
Nous sommes dans le domaine de l’évidence quasi populiste mais les choses sont beaucoup plus compliquées à la fois en raison des observations faites ci-dessus sur le système monétaire BWII qui consacre le privilège de seigneuriage américain, mais aussi en raison de la complexité du système mondial. Un système, c’est un ensemble d’interdépendances, assemblées dans un puzzle, on ne peut toucher une pièce, sans perturber tout l’assemblage.
Les USA par exemple oublient de parler de leurs excédents en matière de « services ». Ils oublient aussi les bienfaits de la pression de la concurrence qui force à la discipline et à la productivité. Ils oublient la demande de dollars. Ils oublient le recyclage financier dont bénéficie l’économie US , recyclage qui lui permet de vivre au dessus de ses moyens de sur-consommer, de manger le beurre, l’argent du beurre, de fabriquer les drônes, les canons etc sans limite grâce à la création de crédit infini.
Bref Navarro fait une analyse « spontex », primaire qui passe à côté des subtilités du fonctionnement réel du système mondial. Le système est un tout, un monstre, chacun des participants a ses avantages et ses inconvénients et même si les bénéfices du système sont inégalement répartis, ils existent et pour changer il faut aller bien au delà du simplisme.
Nous avons souligné il y a peu que Trump devait modifier sa gouvernance, il est en train de le faire et sa récente intervention va dans ce sens. Il va devoir aussi revoir beaucoup d’analyses simplistes et c’est là que se pose la question centrale, va-t il être capable d’assimiler la complexité du système, sans se faire piéger et sans renier ce pourquoi il a été élu. Il est possible de conserver les principes de base du Trumpisme , mais il faut être fort, très fort pour en même temps reconnaître la réalité du système et montrer que l’on peut le changer. L’argument de l’establishment, en particulier des élites économiques va être: il n’y a pas d’autre solution,TINA. C’est faux il y a d’autres solutions, même dans le cas d’un système complexe, mais il faut à notre sens , que Trump soit capable de se dépasser lui même sans remettre en question les bases de son élection.