(AFP/ Zakaria Abdelfaki) Avant-propos: Je reprends cette publication pour rendre hommage à nos forces de l’ordre, devenues les victimes expiatoires de l’effondrement des États et du management de leurs équipes dirigeantes frappé d’impuissance, voire d’obsolescence… Maintenir l’ordre par des représentants de la force publique est un attribut d’un Etat sain. Quand ledit Etat flanche, ses forces de police ne peuvent que plier avec. Le syndrome dépasse le simple cas de la France. Globalisation oblige… Il est par ailleurs touchant de voir qu’une victime de l’interminable guerre syrienne nous relaie le spectacle consternant de personnes qui ne sont là que pour assurer ce qu’il reste d’ordre et de sécurité. Du coup, les images de Zakaria en tant que photographe alépin rescapé de la guerre nous touchent doublement. Les victimes se rejoignent au bout de la lentille. Les photos de Zakaria deviennent le point de rencontre de l’histoire de deux peuples qui plient sous la sauvagerie de la mondialisation et… de ses dirigeants. Merci à ce courageux photographe. LHK La torche humaine. AFP (Extraits) Zakaria Abdelkafi Mardi 2 mai 2017 Paris — La photo que j’ai faite de ce policier m’a vraiment touché. Parce que j’avais sous les yeux un homme pris dans les flammes. A Paris. Sans avoir rien fait pour mériter ça.
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Avant-propos:
Je reprends cette publication pour rendre hommage à nos forces de l’ordre, devenues les victimes expiatoires de l’effondrement des États et du management de leurs équipes dirigeantes frappé d’impuissance, voire d’obsolescence…
Maintenir l’ordre par des représentants de la force publique est un attribut d’un Etat sain. Quand ledit Etat flanche, ses forces de police ne peuvent que plier avec.
Le syndrome dépasse le simple cas de la France.
Globalisation oblige…
Il est par ailleurs touchant de voir qu’une victime de l’interminable guerre syrienne nous relaie le spectacle consternant de personnes qui ne sont là que pour assurer ce qu’il reste d’ordre et de sécurité.
Du coup, les images de Zakaria en tant que photographe alépin rescapé de la guerre nous touchent doublement. Les victimes se rejoignent au bout de la lentille.
Les photos de Zakaria deviennent le point de rencontre de l’histoire de deux peuples qui plient sous la sauvagerie de la mondialisation et… de ses dirigeants.
Merci à ce courageux photographe.
LHK
La torche humaine. AFP (Extraits)
Paris — La photo que j’ai faite de ce policier m’a vraiment touché. Parce que j’avais sous les yeux un homme pris dans les flammes. A Paris. Sans avoir rien fait pour mériter ça. Je suis originaire de Syrie, un pays où la police n’est pas là pour te protéger mais tire à balles réelles sur les manifestants. Alors qu’ici, tout ce qu’elle faisait était d’envoyer des gaz lacrymogènes vers ceux qui l’attaquaient.
J’ai pris cette photo pendant les manifestations de la fête du travail, le 1er mai, à Paris. J’y habite depuis un peu plus d’un an maintenant. J’ai dû quitter ma ville natale d’Alep, en Syrie, après y avoir perdu un œil, en couvrant des combats.
Je travaille comme photographe pigiste depuis mon arrivée en France. Je couvre beaucoup de manifestations. C’est comme ça que je me suis retrouvé lundi, vers midi, entre les places de la République et de la Bastille.
J’ai vite repéré les types qui sont toujours en noir, et cachent leurs visages avec des foulards, les Black Bloc. Je les suis à toutes les manifestations parce que je sais par expérience qu’ils causent toujours des problèmes.
Ils sont très violents. Ils m’ont pris à partie plusieurs fois, poussé par terre et même frappé. Ce lundi, je les prenais en photos pendant qu’ils étaient en train de détruire des choses, quand l’un d’eux m’a collé une cigarette sur l’objectif. En ce qui me concerne, ils sont juste gênants. Je suis syrien. Et leurs petites bagarres ne sont rien par rapport à ce à quoi j’ai assisté dans mon pays.
Je me trouvais entre eux et la police, sur un côté. Et en prenant des photos, je me suis dit que l’histoire était celle de l’agression contre la police. Parce que les types en noir leur lançaient des pierres, des bouteilles en verre, tout ce qui leur tombait sous la main. Et la police se contentait de répliquer par des tirs de lacrymogène. Autant dire rien.
(…)
Je suis arrivé à Paris en décembre 2015. J’ai perdu mon œil à Alep. J’essayais de faire des images de rebelles, qui tentaient de briser le siège de la ville. Je me trouvais dans l’encadrement d’une porte. J’ai mis un genou à terre, et c’est à ce moment que la balle d’un sniper m’a frappé. Elle a ricoché sur la porte contre moi avant de me percer l’œil.
Heureusement, le sniper se trouvait en hauteur, et la balle allait vers le bas. Sinon, elle entrait dans la tête. Et heureusement, c’était mon œil droit. Parce que, voyez-vous, je photographie depuis toujours avec le gauche.
Depuis, on m’a tellement demandé si je continuerai à être photographe que j’ai une réponse toute prête : « bien sûr, un photographe n’a besoin que d’un œil ».
Je ne suis pas amer. En Syrie, mes amis et moi nous disions toujours que nous finirions soit mort soit blessé. Et ainsi je suis devenu le photographe qui a perdu un œil. Je l’accepte et je continue de vivre.
Les trois premiers mois à Paris n’ont pas été faciles. J’étais déprimé. Je faisais des allers-retours à l’hôpital pour mon œil. Maintenant ? J’ai des amis. J’aime Paris. Ca me rappelle Alep. Et quand je voyage en France, je rêve de revenir dans la capitale. Après avoir participé à une émission de télévision, on m’a même reconnu dans le métro : « Oh, c’est vous Zakaria ». Ça fait du bien. J’ai l’impression d’être chez moi.
J’ai commencé une nouvelle vie. Mon dossier de réfugié a été accepté. J’ai fait une demande pour que ma femme, et mes enfants, une fille de six ans et un garçon de trois, me rejoignent avec ma mère. Ils sont en Turquie pour l’instant. La Syrie me manque bien sûr. C’est mon pays, mais il n’existe plus. Ma Syrie est morte. C’est pourquoi je commence une nouvelle vie. La France m’a aidé, et je veux le lui rendre.
Ce billet de blog a été écrit avec Acil Tabbara et Yana Dlugy à Paris.