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Que penser des éoliennes? Le point de vue de René Longet

Summary:
Avant que l’humanité s’engage dans une consommation croissante d’énergies fossiles puis fissiles, qui aujourd’hui forment environ 80% du bilan énergétique des pays industrialisés, on avait recours à des énergies plus proches de nous. A savoir le bois, d’ailleurs en surexploitant gravement les forêts, l’eau (pratiquement tous les cours d’eau étaient parsemés de moulins pour actionner les machines les plus diverses http://www.musees-des-techniques.org/Doubs_25_/Les_musees/taillanderie-AACA.html?langue=FRA), et l’air. Dans certaines régions venteuses, notamment au bord des mers, on trouve encore de magnifiques moulins à vent : îles de la Méditerranée, nord de l’Europe. Il y en avait des milliers, nées de la nécessité, aujourd’hui joyaux du patrimoine touristique. Jusqu’au 19e siècle, on

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Que penser des éoliennes? Le point de vue de René Longet

Avant que l’humanité s’engage dans une consommation croissante d’énergies fossiles puis fissiles, qui aujourd’hui forment environ 80% du bilan énergétique des pays industrialisés, on avait recours à des énergies plus proches de nous.

A savoir le bois, d’ailleurs en surexploitant gravement les forêts, l’eau (pratiquement tous les cours d’eau étaient parsemés de moulins pour actionner les machines les plus diverses http://www.musees-des-techniques.org/Doubs_25_/Les_musees/taillanderie-AACA.html?langue=FRA), et l’air.

Dans certaines régions venteuses, notamment au bord des mers, on trouve encore de magnifiques moulins à vent : îles de la Méditerranée, nord de l’Europe. Il y en avait des milliers, nées de la nécessité, aujourd’hui joyaux du patrimoine touristique. Jusqu’au 19e siècle, on ne connaissait que les bateaux à voile et … à rame. Une source importante d’énergie de l’ancien temps était la force physique des humains et des animaux de trait.

La face cachée du fossile et du fissile

Après deux siècles d’emploi des énergies fossiles et fissiles, les risques majeurs qu’elles comportent apparaissent au grand jour.

Pour le nucléaire, si on sait faire partir une réaction radioactive, on ne sait toujours pas comment l’arrêter. C’est ainsi que les quelque 450 réacteurs nucléaires du monde produisent chaque jour leur lot de déchets qu’il faut isoler hermétiquement, tout comme eux-mêmes auront tôt ou tard atteint le stade de déchets.

Quant aux énergies fossiles, leur transport pollue gravement les eaux, est en train de modifier par l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère (+ 33% depuis le début de l’ère industrielle) le climat planétaire, et comporte aussi son lot de pollutions atmosphériques.

Ces énergies dangereuses pour l’environnement sont de plus non-renouvelables à échelle humaine et très peu disponibles dans les régions de consommation, et comportent donc une importante dépendance. Il est urgent d’en sortir, et c’est ce qu’on appelle la transition énergétique.

Sortir des dépendances et des pollutions

Cela commence par un important effort de réduction de la consommation, à travers une meilleure façon de bâtir (il existe d’ores et déjà des maisons positives, c’est-à-dire qui produisent plus d’énergie qu’elles n’en consomment), une autre organisation de la mobilité (en Suisse le plus gros poste de la facture pétrolière) et une revisitation des processus et des produits (réparables plutôt que jetables, correspondant à de vraies utilités, une agriculture moins dépendante des énergies fossiles, etc.).

Dans ce contexte, l’on retrouve l’importance des énergies renouvelables pour produire de l’électricité ou de la chaleur: géothermie, chaleur de l’environnement, biomasse, énergie solaire. Mais aussi, précisément, les énergies utilisées depuis des millénaires, la force hydraulique, le bois, le vent.

On sait le faire

Grâce aux efforts déjà accomplis, en Suisse, depuis 1990, les émissions de CO2 et la consommation d’énergie plafonnent, alors que le PIB a crû dans l’intervalle de quelque 45% et la population d’un quart. Ce qui correspond à une augmentation de l’efficacité énergétique d’un bon tiers ! Quant à la part des énergies renouvelables, elle a progressé durant ces mêmes années de 50%, passant de 15 à 22% du bilan énergétique.

Mais on est encore bien loin de l’objectif qui est la «Société à 2000 watts». Elle reflète la volonté d’une justice globale, affirmant le droit de chaque humain à la même quantité d’énergie, qu’il vive aujourd’hui ou demain. Cela demande de diviser par trois notre consommation et d’assurer les ¾ de celle subsistante par des énergies renouvelables. Donc de passer d’un petit 25% à 75% d’ici 2050 http://www.2000watt.ch/fr/societe-a-2000-watts/.

Se passer de l’éolien ?

Dans ce combat pour la durabilité de notre base énergétique, sommes-nous en mesure de nous passer de l’éolien ? Pourquoi devrions-nous le faire ? Quels risques comporte-t-il ?

On invoque généralement trois arguments : le paysage, les émissions d’infrasons, le risque pour l’avifaune. Le paysage est une notion éminemment subjective. Les Parisiens ont fait de la tour Eiffel, de 300 m de haut, vécue lors de sa construction comme une intrusion massive, un formidable atout touristique.

Elle était pourtant destinée à être démolie: https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_tour_Eiffel#La_tour_promise_.C3.A0_la_destruction_est_sauv.C3.A9e_pour_son_int.C3.A9r.C3.AAt_scientifique Le magnifique vignoble du Lavaux inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, a été fait au moyen âge de toutes pièces. Il en va de même de beaucoup de nos monuments, au début ça choque puis on s’y attache. Comme aux éoliennes de l’ancien temps, les moulins à vent !

Les émissions d’infrasons, le bruit des pales et des turbines ? Oui ça peut gêner.

Et l’avifaune ? Certes il ne faudrait pas mettre les éoliennes au milieu d’un biotope à chauve-souris ou de passage de migration d’oiseaux.

Eolien fiche d’identité

il ne faut pas prendre la valeur nominale de la machine multiplié par le nombre d’heures de l’année pour estimer le productible. Même si l’hélice tourne environ 75% du temps, en raison de la variation de la force du vent, le rendement effectif sera autour de 20% de la puissance nominale. La Stratégie énergétique 2050 approuvée en votation populaire le 21 mai dernier prévoit 4300 GWh d’ici à 2050 (environ 700 à 800 machines, selon la taille et l’évolution technique), soit 7% de la consommation d’électricité du pays ou 1 million de ménages ; un scénario moins optimiste évoque 2000 GWh d’ici à 2050, soit 3.3% de la consommation du pays (entre 300 à moins de 400 machines).

La hauteur des éoliennes est de 160 jusqu’à 230 mètres.

Leur durée de vie est, pour le génie civil et les fondations, de 50 ans et plus, le mât d’environ 40 ans, le générateur entre 30-40 ans et pour les pales de quelque 25 ans (elles peuvent être changées relativement facilement).

Face à ces durées de vie techniques, il faut relever 20 à 25 ans durée d’amortissement pour les investissements.

En Suisse ces derniers sont entre 2,5 et 3 MCHF par MW installé, soit entre 7,5 et 9 MCHF pour chaque éolienne de 3 MW installée (y compris raccordement électrique, accès, etc.). Pour les coûts d’entretien, il faut compter 90’000 CHF par machine de 3,3 MW par an.

C’est bien pour cela que des cartes de zones d’exclusion, ou du moins de pesée stricte des intérêts, ont été définies. Il y a encore d’autres points à considérer, les radars de l’armée, l’aviation… On ne mettra pas des éoliennes dans des sites protégés, ni trop proches des habitations. Mais ces zones d’exclusion doivent ensuite être superposées aux zones où souffle le plus le vent, aux hauteurs atteintes par les éoliennes. http://www.atlasdesvents.ch

Alors que dans les pays qui nous entourent, l’énergie éolienne progresse fortement, et que les éoliennes commencent à faire partie du paysage, signalant la sortie progressive de notre dépendance énergétique, en Suisse, c’est le désert ou presque.

Que penser des éoliennes? Le point de vue de René Longet

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La Suisse à la traîne

Les éoliennes y sont au nombre de 37 ( !), dont près de la moitié sur un seul site, le Mont-Crosin dans le Jura Bernois, installées voici… 20 ans et devenues depuis un des atouts touristiques de la région : http://www.jurabernois.ch/fr/decouvertes/les-insolites/centrale-eolienne-mt-crosin.1049.html. En 2016, nos 37 turbines ont produit 110 millions de kilowattheures, soit la consommation électrique de 36’600 ménages. Les éoliennes devraient être le symbole de la maîtrise de l’énergie, tout autant que le derrick pétrolier ou le panache de vapeur d’une centrale nucléaire était le symbole de notre dépendance d’énergies fossiles et fissiles qui n’étaient qu’en apparence aussi faciles.

Elles sont devenues le symbole du refus d’un apport précieux à notre autonomie énergétique. Pourtant, elles ne sont pas réalisées par des multinationales américaines ou chinoises avides de profit rapide, mais par des sociétés de production et de vente d’électricité en mains publiques, et dans de plus en plus de pays, cofinancées par les habitants eux-mêmes. De nombreux exemples en Bretagne, en forêt Noire, illustrent que la population locale peut en tirer fierté, autonomie et revenus. www.eolien-citoyen.fr/accueil-begawatts.html

Dommage, car… pendant ce temps nous continuons à polluer en consommant surtout du fossile et du fissile, à raison de quelque 40% pour notre électricité !

Alors cessons de nous braquer contre cette forme d’énergie renouvelable qui peut apporter beaucoup à la nécessaire transition énergétique et ouvrons le débat sur les conditions de son utilisation. Not in my Backyard ne peut pas être le dernier mot des opposants.

René Longet

Auteur de « Planète sauvetage en cours, une responsabilité collective », Expert en développement durable, Genève, , membre de conseils d’administration de plusieurs sociétés publiques de production et de distribution d’énergie, ambassadeur des Cités de l’énergie

Liliane HeldKhawam
Bienvenue sur le blog personnel de Liliane Held-Khawam! Vous trouverez ici plusieurs publications parues dans la presse ou dans des revues spécialisées. Liliane Held-Khawam est née à Héliopolis (Egypte) et a vécu au Liban, en France, Suisse, Etats-Unis.

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