Les médias représentent une puissance politique dont les effets sont connus, redoutables et redoutés. C’est si vrai qu’ils sont représentés par l’appellation de 4ème pouvoir. Cela signifie que des médias sains, libres et professionnels peuvent représenter à eux seuls un véritable contre-pouvoir face à l’Etat doté lui-même des 3 pouvoirs classiques: législatif, exécutif et judiciaire. Mais voilà que pour remplir ce rôle de 4 ème pouvoir, les médias doivent être libres! Libres d’investiguer. Libres de penser. Libres de s’exprimer. Libres de critiquer. Libres de dénoncer les corruptions, les accointances, les abus de gestion de l’argent public, les dérives du lobbyisme,… Bref, les médias doivent être libres de l’oligarchie qui ces dernières années tente de mettre la main sur tout ce que compte la planète de finances, d’économie, d’emplois, de ressources naturelles,… Mais cette même oligarchie est aussi consciente du rôle-clé du pouvoir des médias. Capter ce 4ème pouvoir, revient à renforcer l’oligarchie d’autant tout en neutralisant ce contre-pouvoir qui aurait pu par exemple dénoncer la financiarisation de l’Etat, la menace qui plane sur le système social et les incertitudes quant à l’avenir de la citoyenneté… Voici sommairement le système de phagocytage qui a été déployé.
Topics:
Liliane HeldKhawam considers the following as important: Autres articles
This could be interesting, too:
Liliane HeldKhawam writes L’Humanité vampirisée disponible.
Liliane HeldKhawam writes L’Humanité vampirisée disponible.
Liliane HeldKhawam writes Les enfants dans le collimateur du Nouveau Monde. Enfants volés de GB (Vidéo)
Liliane HeldKhawam writes Les enfants dans le collimateur du Nouveau Monde. Enfants volés de GB (Vidéo)
Les médias représentent une puissance politique dont les effets sont connus, redoutables et redoutés. C’est si vrai qu’ils sont représentés par l’appellation de 4ème pouvoir.
Cela signifie que des médias sains, libres et professionnels peuvent représenter à eux seuls un véritable contre-pouvoir face à l’Etat doté lui-même des 3 pouvoirs classiques: législatif, exécutif et judiciaire.
Mais voilà que pour remplir ce rôle de 4 ème pouvoir, les médias doivent être libres!
Libres d’investiguer.
Libres de penser.
Libres de s’exprimer.
Libres de critiquer.
Libres de dénoncer les corruptions, les accointances, les abus de gestion de l’argent public, les dérives du lobbyisme,…
Bref, les médias doivent être libres de l’oligarchie qui ces dernières années tente de mettre la main sur tout ce que compte la planète de finances, d’économie, d’emplois, de ressources naturelles,…
Mais cette même oligarchie est aussi consciente du rôle-clé du pouvoir des médias. Capter ce 4ème pouvoir, revient à renforcer l’oligarchie d’autant tout en neutralisant ce contre-pouvoir qui aurait pu par exemple dénoncer la financiarisation de l’Etat, la menace qui plane sur le système social et les incertitudes quant à l’avenir de la citoyenneté… Voici sommairement le système de phagocytage qui a été déployé.
Etape 1: Concentration des titres
Nous avons vu tout d’abord des médias de renom se faire racheter à tour de bras par des financiers de haut vol, non par amour du journalisme, mais plutôt pour le contrôler. Des groupes se sont formés indépendamment de toute identification à l’historique des titres repris. Des exemples d’acquisition de journaux réputés de gauche par des milliardaires, prouvent que le processus relève plus d’une action stratégique de prise de pouvoir que d’un investissement entrepreneurial ou un mécénat.
Nous nous retrouvons dans le cas de la France avec ce joli graphique qui montre l’accaparement par une poignée du 4 ème pouvoir de ce pays:
Etape2: L’homogénéisation de l’information
Dans un monde où l’oligarchie planétaire veut mettre en place une gouvernance globale, il est indispensable que l’information soit lissée et homogénéisée. Prenons l’exemple de la Suisse qui un temps fut riche en médias -et surtout en liberté d’expression- est aujourd’hui livrée principalement à deux grands groupes qui détiennent les différents titres. Ces deux entités se retrouvent dotées de puissance politique considérable et finalement… malsaine.
Plus grave encore est que l’un d’eux a une importante présence dans l’actionnariat de l’unique source d’informations qu’est l’ATS.
Ce n’est pas tout.
Un des deux groupes a été phagocyté par le mammouth allemand de l’information Axel Springer. Cela donne un pouvoir considérable à cette entreprise qui pourrait influencer fortement l’opinion publique et politique non pas dans un intérêt démocratique, mais dans celui de l’Allemagne ou de l’Union européenne par exemple.
Etape 3: Gestion orientée vers le rendement
Quand un financier gère une entreprise, il cherche avant tout la profitabilité. Ce qui est non seulement normal mais obligatoire quand vous baignez dans les chiffres du matin au soir et du soir au matin.
Un financier n’est pas un entrepreneur. Il pilote par les chiffres et pour les chiffres. Pire que cela, dans ces grands groupes cotés en bourse, les chiffres à présenter sont à tout court terme. Il n’y a donc pas beaucoup de place pour élaborer des stratégies qui s’inquiètent du métier, de l’excellence, de l’avenir des collaborateurs, de la responsabilité sociale, etc.
Par conséquent, le financier va considérer ces journaux, sites internet et autres hebdomadaires en tant que labels à rendre rentables. Comment faire?
Il y a toujours deux possibilités pour maximiser les profits. Soit on maximise les ventes, ce qui devient toujours plus compliquer avec une population qui boude ces médias, voire qui les décrie. Internet -où il y a bien évidemment à boire et à manger- offre tout de même quelques sites très sérieux vers lesquels de plus en plus de lecteurs vont puiser leur information avec la possibilité d’en débattre. Ces sites sont souvent gratuits et ne se limitent pas au « politiquement correct » décrit par quelques prosélytes qui se situent eux-mêmes au-dessus des foules. Certains de ces sites sont gérés par des journalistes professionnels qui croient dans la noblesse de leur métier. Nous n’en citerons pas ici, mais tout un chacun peut se renseigner et se faire son opinion.
Bref, dans ce contexte, il est difficile de développer les ventes…Restent les rentrées liées à la pub. C’est ainsi que le chiffre d’affaires généré par les annonceurs va prendre toujours plus de place dans la vie financière des médias. Ceci va déstabilisant d’autant la liberté d’expression des journaux. Le cercle vicieux va alors s’installer et rendre les journaux toujours plus dépendants de leurs clients souvent liés à la haute finance.
Le summum est atteint lorsque vous tombez sur un article financé par une compagnie quelconque et que vous êtes obligés de visionner une publicité pour avoir accès à l’article. Le journalisme vire alors au publireportage et décourage le lecteur…
En parallèle de la quête du chiffre d’affaires, la compression des coûts est l’autre levier sur lequel on peut jouer pour augmenter la rentabilité. C’est ainsi qu’une mode faite sur mesure pour ces groupes multi-titres a été lancée. Il s’agit de la fusion des salles de rédaction. Les groupes de médias y concentrent la « production »au-delà des titres eux-mêmes. Le journaliste X qui produit pour le titre A va se mettre à produire pour B. Le support administratif et technique va par exemple être mutualisé avec de substantielles économies à la clé. S’ensuit une suppression massive d’emplois…
Etape 4: Fin des journaux de qualité
Ce genre de gestion met un stop brutal au métier de journaliste. Pris entre une ligne éditoriale imprégnée de certaines attentes politiques, culturelles, ou idéologiques d’un côté et de l’autre d’un nombre de postes qui rétrécit tous les jours un peu plus, le journaliste peut se sentir bridé. Un risque d’auto-censure et d’auto-limitation peut s’installer qui finalement va être sanctionné par le lectorat qui va s’en détourner.
Le cas des journaux mainstreams gratuits
Alors que les journaux souffrent au niveau financier de manière chronique, les propriétaires de ces méga groupes diffusent des titres gratuits! Curieusement, ils ont mis en place ce qui progressivement va tuer les journaux payants.
Par conséquent, les journaux payants disparaissent mais les gratuits prospèrent… Informations formatées, qualité réduite, la presse gratuite est un outil redoutable pour déployer le 4 ème pouvoir.
On la lit uniquement parce que gratuite, mais il ne faut pas sous-estimer son effet sur l’inconscient du lecteur…
Le management buyout
Tout citoyen gagnerait à bénéficier d’une palette de titres étendue et de qualité. Il est important de ne pas se réjouir de la fermeture des journaux, mais d’encourager les journalistes à reprendre éventuellement le titre en question.
Il existe une possibilité qui s’appelle le management buyout (MBO), qui permet aux collaborateurs de racheter les actions de l’entreprise qui les emploie.
Mais voilà, ces groupes ont la fâcheuse tendance à ne pas vouloir transmettre ces titres et préfèrent tout simplement les supprimer. Les laisser refleurir ramènerait le marché à la situation qui a précédé la globalisation de la planète….
Nous avons besoin de médias de qualité ET indépendants
Mais alors que faire? Baisser les bras ne devrait pas être une option. L’enjeu est gigantesque. Le marché a soif d’informations vérifiées, non formatées et d’analyses objectives et libres de tout dogmatisme! (Cf le succès de Elise Lucet ci-dessous)
Le succès de Wikileaks qui a été un incroyable contrepoids aux gigantesques médias américains durant les dernières élections américaines montrent à quel point le public est enquête d’informations libres et vérifiées.
Par conséquent, il serait souhaitable de soutenir et d’encourager les journalistes professionnels à se regrouper pour monter de nouveaux titres un peu partout dans le monde. Quant au financement, des outils financiers existent aujourd’hui tels que le crowdfunding ou à un système de souscription et de dons. (Wikileaks, Humanité, …)
Enfin, la formation de journaliste devrait intégrer si cela n’est pas encore le cas une formation pour préparer le journaliste à acquérir les outils nécessaires à tout entrepreneur afin qu’il puisse monter un journal ou un site et ainsi se rémunérer …
Liliane Held-Khawam
On la craint et on la respecte. Elle a imposé son style, franc et direct, dans “Cash Investigation” et “Envoyé spécial” sur France 2. Elle veut redonner au journalisme d’investigation ses droits naturels. Interview sans langue de bois.
Avec vous, on a l’impression qu’on est revenu à une forme de journalisme plus incisif. Un sursaut nécessaire ?
Je ne vais pas me présenter comme une donneuse de leçons car c’est un très mauvais positionnement, mais ce qui est sûr, c’est que j’ai vécu dans les magazines d’investigation que je présentais avant une évolution extrêmement forte et perceptible, à savoir une prise de pouvoir des spécialistes de la communication. Ils arrivaient avec des discours bien huilés qu’on nous demandait de relayer bien gentiment. Et quand on menait des enquêtes plus poussées, on se heurtait à un refus poli de répondre en jouant la politique de la chaise vide. J’ai vu ce changement se mettre en place quand je faisais “Pièces à conviction”. Les autres ont lâché du terrain en acceptant ces “règles” qui nous étaient imposées par les services de communication. Il fallait reprendre le terrain perdu au fil du temps et ce dans tous nos magazines, “Cash Investigation”, “Envoyé spécial” et “Complément d’enquête”.
On se serait laissé chloroformer ?
Chloroformer, embobiner avec des beaux dossiers clés en main, la personne à interviewer, la belle histoire, tout ! Par hasard, on vous donnait tous les contacts qu’il fallait appeler. Cette dérive fut très progressive et on ne s’en est pas rendu compte… jusqu’à ce qu’elle nous saute aux yeux ! On ne peut interviewer les politiques ou les patrons que quand ils en ont envie !
Vous êtes un peu devenue la femme qu’on redoute, qui “coince” sa proie micro et caméra à l’appui : un mal nécessaire ?
Ce n’est pas du tout ce que je souhaite. Quand on en arrive à aller dans un lieu public pour arracher un morceau d’interview à un responsable, quel qu’il soit, on lui a auparavant adressé une multitude de demandes en bonne et due forme. Quand un journaliste et un interlocuteur se retrouvent face à face, argument contre argument, nous avec nos questions, eux avec leurs réponses, on veut alors obtenir une véritable explication. On mène parfois des enquêtes d’un an et, au final, on en arrive à cette solution extrême, ce n’est pas notre souhait de départ. Mais c’est un peu trop facile de dire « Non »…
“ Notre but n’est pas de faire du sensationnel”
Il n’y a donc aucun côté justicier ou pitbull ?
Pas du tout ! Vérifiez nos interviews diffusées dans “Cash Investigation”. On se fixe pour règle de toujours garder notre calme, de rester professionnel. Parfois, en face, on s’énerve. Nous, on préfère nettement une interview claire à une date donnée, à une heure précise, mais si, après quinze mails et autant de coups de téléphone, on n’y parvient pas, on va chercher les gens là où ils sont. Notre but n’est pas de faire du sensationnel mais d’obtenir des réponses.
Vous vous attaquez à de gros morceaux : l’État, la finance, l’industrie, le business, n’est-ce pas trop difficile de partir à l’assaut de citadelles comme celles-là ?
Oui et non. Dans toutes les citadelles, certaines personnes en interne sont choquées de ce qui s’y passe. Ce sont des lanceurs d’alerte et ils sont devenus déterminants pour notre métier. Ils sortent des données, des documents. D’autres sont écœurés et veulent témoigner de ce qu’ils ont vu. Ils ont une conscience et veulent dénoncer certaines dérives auxquelles ils ont assisté. Donc ce n’est pas facile d’enquêter mais ce n’est pas infaisable. Heureusement, nous avons imposé notre légitimité. Beaucoup de gens nous appellent en se disant qu’il y a du travail sérieux derrière et qu’ils préfèrent s’adresser à nous. On est devenu une porte d’entrée à pas mal de gens qui veulent nous confier des affaires.
Préférez-vous ce job-là à vos quinze ans de “19-20” sur France 3 et vos 10 ans du “13 Heures” sur France 2 ?
Préférer n’est pas le mot. J’ai adoré mes années de présentation de JT durant 25 ans à France Télévisions et ce n’est pas du pipeau. Mais j’ai aussi ressenti un très fort attrait pour l’investigation. C’était le moment pour moi de changer d’orientation, de quitter le quotidien. J’étais arrivée au bout de cette expérience. En fait, il faut savoir tourner la page, prendre des risques et aller vers de nouvelles aventures. J’ai toujours fonctionné ainsi et je crois que je suis exactement en ce moment là où j’ai envie d’être.
N’y a-t-il pas un risque d’un jour braquer le public, de mettre systématiquement en évidence le négatif ? Comment éviter la déformation, l’excès ? La vérité avant tout ?
Je pense que la vérité n’est jamais un risque. C’est très important pour les téléspectateurs de la connaître. Car il y a beaucoup de faits qu’on tente de leur cacher ! Il ne faut pas entrer pour autant dans un “complotisme” délirant mais il faut parler cash, fournir les infos aux gens qui sont aussi des citoyens. On n’est pas des justiciers de l’info. Les gens s’empareront de ces vérités et se feront leur propre avis. Ils ont toute liberté pour réagir ! « Toute vérité n’est pas bonne à dire » ? Je ne le pense pas. À notre époque, dans nos démocraties où tout va très rapidement avec les réseaux sociaux, je pense que travailler sur le long terme, sortir des dossiers étayés sur des sujets brûlants, c’est très important. Pour le coup, on ne fait pas de l’information spectacle. J’entends certains dire « Attention au populisme, au “Tous pourris” » mais grâce à ces émissions, on peut demander des comptes. Pour une démocratie, il n’y a pas mieux que la vérité.
Les lanceurs d’alerte n’ont-ils pas toujours existé ? Zola, Hugo étaient des lanceurs d’alerte !
C’est tout à fait vrai. Ils faisaient front. Aujourd’hui, différence notable, les lanceurs d’alerte font face à des mastodontes économiques. Ça change la donne. Ils prennent un risque pour leur vie entière : ils sont souvent virés, au chômage pour longtemps et parfois condamnés. On a plusieurs exemples vécus de lanceurs d’alerte ruinés ! Je les trouve très courageux ; franchement, mettre sa vie en jeu pour de grands principes, chapeau ! On travaille parfois avec eux mais nous ne sommes pas des lanceurs d’alerte. On est journaliste et rien que journaliste et pas du tout partisan. Le seul syndicat dans lequel on pourrait se reconnaître serait celui des téléspectateurs.
Les politiques agressent souvent les journalistes et ripostent quand on les met en cause dans un reportage ou sur un plateau. Comment gérer cette hostilité ?
À nous de tenir notre rôle. Ils sont de fait parfois agressifs vis-à-vis de nous, et notamment avec moi. Je pense que ce n’est pas la bonne réponse car un politique qui répond ainsi donne le sentiment de ne pas vouloir répondre, donc qu’il aurait quelque chose à cacher. On sent très fort la demande de transparence actuellement, qui va de pair avec la condamnation des élites. S’attaquer aux journalistes n’est pas un bon calcul.
“Cette liberté-là, c’est grâce au service public”
Un monde encore plus opaque est celui de l’entreprise : l’avez-vous constaté dans vos enquêtes ?
Pendant des années, on nous a mis en garde contre la volonté de censure du monde politique sur les journalistes. Mais, en réalité, la volonté de contrôle du monde économique est bien plus importante. Les grandes entreprises disposent d’infiniment plus de moyens pour nous intimider : elles ont des armées d’avocats et sont toujours promptes à nous menacer d’un procès, avec des amendes très lourdes, menant au pire, la mort économique. On doit faire très attention au contenu. En ce qui nous concerne, nous travaillons avec nos propres conseillers juridiques. Chaque émission est visionnée plusieurs fois. On doit être irréprochable. Pour l’instant, heureusement, on n’a encouru aucune condamnation. On nous menace mais trois mois après, il n’y a toujours pas de plainte… On pèse chaque mot.
L’intimidation, ça marche parfois ?
Non, non. Je suis peut-être le porte-drapeau médiatique d’un mouvement plus global. J’ai mes rédacteurs en chef, les équipes de journalistes, qui sont aussi costauds que moi. Et puis, je suis soutenue par France Télévisions. Si j’ai cette liberté-là, c’est grâce au service public. Je sais que certaines enquêtes ont été interdites sur d’autres chaînes où l’on est en liberté surveillée. C’est précieux et je remercie la direction. Pour moi, c’est un marqueur. Pour “Envoyé spécial” et “Complément d’enquête”, on compte une quarantaine de journalistes. Il y en a une dizaine à “Cash Investigation”. Et nous défendons tous ensemble une certaine forme de journalisme. Et croyez-moi, on n’a pas envie de laisser tomber ! Mais, en contrepartie, on doit observer la bonne mesure, ne pas s’acharner sur une personne ou un groupe, ce qui donnerait l’impression qu’on s’obstine. Ce n’est pas notre but de “se payer quelqu’un”. Notre but, c’est d’aller au fond des sujets et de faire émerger une vérité cachée pour de mauvaises raisons. Ces vérités sont parfois dangereuses, sur l’environnement, la santé. Mais à force d’enfoncer le clou, les entreprises sont obligées d’évoluer.
Quels sont vos modèles en journalisme ?
Je vais citer Pierre Desgraupes, un grand intervieweur. Et Joseph Kessel, qui n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pensait à ses rédacteurs en chef et qui fut une formidable figure du journalisme. Il y a aussi beaucoup de grands magazines étrangers. Et puis, certains de mes jeunes journalistes car je vois la relève arriver, cela va dans les deux sens. Ils me bluffent !
Vous pourriez enquêter sur votre propre entreprise ? Les salaires ? Les contrats…
On s’y est attelé avec l’affaire Bygmalion dans ses rapports avec France Télévisions. Mais je suis loyale avec ma hiérarchie : je dis ce que je fais et je fais ce que je dis. En fait, c’est toujours intéressant de se poser des questions sur sa propre boîte. Maintenant, ce ne serait pas simple. On aurait sans doute de gros débats à l’intérieur. Mais à la fin, c’est toujours le téléspectateur qui en sort gagnant.
(… Lire la suite sur le site lesoir.be)