Favoritisme délibéré ou perte de contrôle ? La politique d’investissement chaotique de la Banque nationale suisse « Je peux vous assurer que nos spécialistes en investissement connaissent parfaitement leur métier » (Fritz Zurbrügg) « La BNS n’a aucun spécialiste qui peut dire ‘il faut prendre le titre A plutôt que le titre B’ » (Jean-Pierre Danthine) « Nous décidons de nos placements avec le concours d’un prestataire externe » (Thomas Jordan) Valeur du Portfeuille Actions US de la BNS, Dec 2014 - Sep 2017 - Click to enlarge Le portefeuille actions de la Banque nationale suisse (BNS) – investi pour plus de moitié aux États-Unis (1) – dépasse aujourd’hui les 150 milliards de francs. Or ces fonds gigantesques
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Favoritisme délibéré ou perte de contrôle ? La politique d’investissement chaotique de la Banque nationale suisse« Je peux vous assurer que nos spécialistes en investissement connaissent parfaitement leur métier » (Fritz Zurbrügg) « La BNS n’a aucun spécialiste qui peut dire ‘il faut prendre le titre A plutôt que le titre B’ » (Jean-Pierre Danthine) « Nous décidons de nos placements avec le concours d’un prestataire externe » (Thomas Jordan) |
Valeur du Portfeuille Actions US de la BNS, Dec 2014 - Sep 2017 |
Le portefeuille actions de la Banque nationale suisse (BNS) – investi pour plus de moitié aux États-Unis (1) – dépasse aujourd’hui les 150 milliards de francs. Or ces fonds gigantesques favorisent bel et bien certaines entreprises par rapport à d’autres, contrairement à ce que la BNS ne cesse d’affirmer depuis des années… Le mystérieux « prestataire externe » de la Banque nationale prendrait-il des libertés avec l’argent public des Suisses ? Noyautée par des politiciens aux compétences douteuses, la BNS serait-elle incapable de maîtriser sa propre politique d’investissement ?
« La BNS est un investisseur passif », elle « ne fait pas de sélection de titres », elle ne choisit pas un secteur par rapport à d’autres secteurs », « elle réplique le marché » en investissant dans « toutes les actions ». Voilà le mantra qu’auront entonné, des années durant, les porte-parole médiatiques de la Banque nationale suisse. Pour expliquer son refus de défendre les intérêts stratégiques de la Suisse et pour justifier ses investissements dans le nucléaire militaire américain, notamment…
Vérifier que la BNS se trompe ? Rien de plus facile !Pourtant, démontrer le fait que la BNS ne se contente pas de « reproduire le marché » en investissant de manière équilibrée dans l’intégralité des entreprises concernées n’a rien de sorcier. En témoigne un récent article du blog financier zurichois InsideParadeplatz qui, en un seul tableau, prouve que la BNS peut privilégier certaines actions par rapport à d’autres dans les investissements qu’elle réalise en continu sur le marché américain : |
U.S. Securities & Exchange Commission |
Contrairement à InsideParadeplatz toutefois, nous ne nous préoccuperons pas trop de savoir quels « algorithmes » régissent ces décisions d’investissement… Ce qui nous intéresse en revanche au plus haut point, c’est le fait que la Banque nationale ne sait visiblement pas comment est géré son gigantesque portefeuille actions !
Ce constat choquant pose évidemment la question de la surveillance des transactions effectuées par le – ou les – sous-traitant(s) financier(s) de la Banque nationale. Comment la BNS peut-elle en effet s’assurer que son portefeuille actions est bien géré si les processus de sélection de ses titres ne sont pas maîtrisés ? Le conseil de banque de la BNS sur la corde raideEn vertu de la Loi sur la Banque nationale, c’est au conseil de banque de la BNS qu’il appartient de contrôler la manière dont la politique de placement de l’établissement est mise en œuvre :
Les affirmations erronées de la BNS concernant sa politique de placement sont donc à imputer à cet organe discret – d’ailleurs très largement composé d’élus politiques issus des partis les plus divers (PS, PDC, PLR, PBD, UDC). Or les compétences de ces politiciens tant en matière de politique monétaire que de finance des marchés sont rarement évidentes (leurs CV peuvent être consultés en ligne sur le site de la BNS)… On remarquera par ailleurs qu’au sein du conseil de banque, le « comité des risques » n’est composé que de trois membres… Et ce alors même que les réserves de change de la BNS frôlent aujourd’hui les 800 milliards de francs ! Il n’est dès lors pas difficile d’imaginer que certaines décisions d’investissement soient prises à l’insu de ce petit groupe composé de deux économistes et un avocat d’affaires… Voilà qui pourrait donc expliquer le fait que l’organe de contrôle suprême de la BNS (2) est visiblement en train de faillir à son mandat de contrôle des placements. Le favoritisme dont fait actuellement preuve la BNS vis-à-vis de certaines entreprises appelle dans tous les cas une clarification sur la manière dont sont prises ses décisions d’investissement. On rappellera au passage le soutien apporté aux actions Apple et Valeant au moment même où ces titres vacillaient… Le timing parfait des interventions de la BNS avait suscité des questions bien au-delà des frontières nationales ! Après avoir diffusé tant d’années durant des informations erronées, la BNS peut-elle encore faire l’économie d’une communication transparente en matière d’investissements ? Peut-elle continuer à éluder indéfiniment la question de la marge de manœuvre laissée à ses sous-traitants ? Et pourquoi entretenir tant de mystère autour de leur identité ? |
Top 20 des Investissements US de la BNS au 3e Trimestre 2017 |
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