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La Russie à l’heure du Grand Reset : entre ambitions mondiales et effondrement intérieur – Vincent Held

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La Russie a des projets ambitieux pour le monde. Dans une récente (et passionnante) interview publiée par le site MR Online, l’ancien conseiller économique du président russe Sergueï Glaziev affichait son intention d’utiliser l’alliance de son pays avec les BRICS pour renverser l’ordre monétaire international. Sûr de sa force, cet influent économiste russe et actuel ministre de l’économie de l’Union économique eurasiatique y appelait notamment les pays du Tiers monde à répudier leurs dettes en euros et dollars. Et ce, tout en les incitant à nationaliser au passage leurs réserves de matières premières et à mettre celles-ci à la disposition des BRICS, en échange d’abondantes lignes de crédit. Une véritable déclaration de guerre économique à l’Occident ! Et qui a très

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La Russie à l’heure du Grand Reset : entre ambitions mondiales et effondrement intérieur – Vincent Held

La Russie a des projets ambitieux pour le monde. Dans une récente (et passionnante) interview publiée par le site MR Online, l’ancien conseiller économique du président russe Sergueï Glaziev affichait son intention d’utiliser l’alliance de son pays avec les BRICS pour renverser l’ordre monétaire international. Sûr de sa force, cet influent économiste russe et actuel ministre de l’économie de l’Union économique eurasiatique y appelait notamment les pays du Tiers monde à répudier leurs dettes en euros et dollars. Et ce, tout en les incitant à nationaliser au passage leurs réserves de matières premières et à mettre celles-ci à la disposition des BRICS, en échange d’abondantes lignes de crédit.

Une véritable déclaration de guerre économique à l’Occident ! Et qui a très certainement de quoi séduire nombre de pays pauvres, désireux de rentabiliser des ressources naturelles trop souvent sous-valorisées.

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« Or, si la Chine opère dans une opacité assumée, la Russie, elle, affiche ouvertement son ambition d’adosser le rouble à la plus grande quantité d’or possible. […] C’est d’ailleurs à une chaîne d’information internationale notoirement liée à l’État russe, Russia Today, que l’on doit l’explication suivante : les achats d’or effrénés de la Chine et de la Russie viseraient, en réalité, à mettre en place un « étalon-or interne » entre ces pays. Ceci dans le but de se débarrasser de l’hégémonie du dollar. Une clé de lecture parfaitement limpide! » (Après la crise, décembre 2018)

« Par ailleurs – et bien au-delà de sa logique interne – il convient de se rappeler un autre objectif très stratégique pour la Chine, à savoir de perturber le marché mondial des paiements actuellement toujours régi par le roi dollar et son hégémonie insupportable aux ambitions économiques de l’Empire du Milieu. Nul doute qu’une monnaie numérique forte et maîtrisée par son émetteur permettrait alors de proposer une alternative crédible – surtout en tant que numéro un du commerce mondial – notamment pour les pays africains et l’Est de l’Europe comme l’Asie centrale (en couplage avec un e-rouble requinqué et la nouvelle Route de la soie). » (Prof. Philippe Laurent in Asservissement, mars 2021)

Voici donc ni plus ni moins que les prémisses du « nouvel ordre mondial » multipolaire qu’annonçaient déjà en janvier 2022 les organisateurs du « Forum de Valdai », où s’était également exprimé Vladimir Poutine.

Mais si le projet de la Russie (et des BRICS) de renverser des équilibres politiques, économiques et monétaires mondiaux semble promis à un brillant avenir, la situation intérieure de la Russie, elle, est nettement moins reluisante.

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En attendant la Turquie, l’Égypte, le Mexique…

La fameuse « force du rouble » masque en effet d’importantes faiblesses structurelles de l’économie russe, étonnamment mal préparée à des sanctions pourtant largement prévisibles.

Une impréparation lourde de conséquences

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Bien que l’État russe ait cessé de publier de nombreuses statistiques économiques de base depuis le début des sanctions (données du commerce extérieur, des dépenses budgétaires, du trafic aérien, etc.), diverses évolutions macro-économiques significatives peuvent être observées  :

  • Effondrement de la production automobile (-97% en mai 2022 d’après Rosstat) ;
  • Inflation officielle de 15-18% (17,7% pour l’alimentaire en juin) ;
  • Baisse de 10% de la consommation, toujours d’après les statistiques officielles ;
  • Pénuries plus ou moins récurrentes de divers biens de consommation (habits, chaussures, électronique, électroménager, matériaux de construction, pièces de rechange automobiles…) et réduction marquée du pouvoir d’achat (notamment alimentaire) ;
  • Soutien par l’État des compagnies aériennes à coups de dizaines de milliards de roubles et cannibalisation par celles-ci d’une partie de leur parc aérien pour servir de pièces détachées (exemple de la troisième plus grande compagnie du pays, Pobeda, qui a déjà mis hors service 25 de ses 41 Boeing) ;
  • Au mois d’août « les expéditions en provenance de l’étranger sont toujours inférieures de 30% à ce qu’elles étaient avant l’imposition des sanctions » d’après Alfabank, la principale banque privée du pays ;
  • De fait, incapacité à substituer certains produits et équipements en provenance des « pays hostiles » par des importations chinoises (en juillet, celles-ci n’étaient d’ailleurs toujours pas revenues à leur niveau d’avant-guerre, après un effondrement de plus de 50% en mars-avril) ;
  • Explosion de la fuite de capitaux (+266% au 1er trimestre, d’après les données officielles de la Banque de Russie) malgré des mesures contrôles des changes renforcés ;
  • Effondrement des revenus gaziers et recours aux réserves de change pour financer le budget de l’État (-75 milliards de dollars entre février et juillet 2022) ;
  • Suspension du paiement de dividendes par Gazprom, chute de 50% de la valeur boursière de Rosneft malgré l’annonce d’un dividende record…

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De telle sorte que la Banque de Russie elle-même considère que l’économie russe ne retrouvera ses niveaux de production d’avant-guerre « qu’après 2025 » !

« Au quatrième trimestre, la Banque centrale prévoit une contraction de l’économie de 12,5% – une valeur que les statistiques n’ont pas enregistrée depuis les années 1990. A titre de comparaison : durant la crise pandémique, le taux de baisse maximum a été enregistré au 2e trimestre 2020 (7,4 %). » (Moscow Times, 03.08.22)

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« Les entreprises russes ont massivement cessé de payer des impôts : les dettes envers le budget ont doublé depuis le début de l’année. En juillet, le budget fédéral a reçu 26% de moins qu’au même mois il y a un an : les recettes des taxes sur les matières premières ont chuté de 22%, la TVA – de 40%, les accises – de 26%, l’impôt sur le revenu – de 32%. » (Moscow Times, 15.08.22)

De fait, des pans entiers de l’économie russe semblent aujourd’hui condamnés à un marasme durable :

« Coupées par les sanctions des marchés étrangers, ayant perdu jusqu’à la moitié de la production et un tiers des exportations, les usines métallurgiques russes glissent dans une crise technologique de longue durée. Cette industrie qui emploie 200 000 personnes et qui, avant la crise, générait 10% des recettes en devises étrangères de l’économie [russe], s’est avérée extrêmement dépendante des équipements importés, pour lesquels il n’y a pas de remplacement en Russie. Presque toutes les technologies métallurgiques proviennent de pays hostiles. » (Moscow Times, 09.08.22)

Or, ces douloureuses pénuries d’équipements industriels sont bel et bien vouées à durer encore « des années », à en croire le quotidien économique de référence Kommersant… Et il aura fallu attendre l’arrivée des sanctions occidentales pour s’en apercevoir !

« Une vague de licenciements [nous] attend à l’automne. Des coupes doivent être effectuées dans la métallurgie, la construction, le commerce de gros et la logistique, a averti la semaine dernière le chef du ministère du Développement économique, Maxim Reshetnikov. » (Moscow Times, 08.08.22)

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Qui plus est, la Russie continue d’importer à ce jour pour plus d’un milliard d’euros d’équipements industriels de l’Union européenne chaque mois (sans parler des médicaments), seul un tiers des exportations de l’UE étant actuellement sanctionné ! Que se passerait-il alors si les sanctions étaient encore étendues ? Ou si le commerce avec l’Europe cessait complètement, pour cause de guerre avec l’OTAN ?

Il ne faut sans doute pas le demander au président russe, qui paraît complètement désorienté :

« Le plan ambitieux de Vladimir Poutine d’exporter 50 millions de tonnes de céréales, qu’il avait annoncé [au mois de juin !] en promettant de débarrasser le monde de la menace de la faim, risque bien de passer à la trappe. […] Les agriculteurs russes dépendent à 30-40% de l’équipement étranger, dont la fourniture à la Russie s’est soit arrêtée, soit a considérablement augmenté en prix. […] Les agriculteurs sont confrontés à une grave pénurie de pièces détachées, dont les prix ont grimpé en flèche de 50 à 100 %. […] Au 1er semestre, les ventes de moissonneuses-batteuses ont chuté de 37 %, selon les estimations de Rosspetsmash. » (Moscow Times, 05.08.22)

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Cette gabegie économique quelque peu surréaliste n’est sans doute pas étrangère à la récente vague d’émigration hors du pays et au calamiteux effondrement de la natalité russe qui, en avril 2022, était officiellement « au plus bas depuis la Seconde guerre mondiale » !

« Maintenant que nous sommes économiquement sous sanctions et que la situation est assez turbulente, nous voyons comment le marché du travail est en train de changer – et cela n’a pas non plus un effet positif sur le taux de natalité. » (Tatyana Butskaya, vice-présidente du comité de la Douma d’État sur la famille, les femmes et les enfants, 08.07.22)

« Les mesures de soutien de l’État n’ont aucun effet sur la démographie. Au mieux, un soutien social à court terme. Avec une fécondité d’un enfant et demi par femme […] d’ici la fin du siècle, nous aurons 70 à 80 millions d’habitants. Il n’y a qu’une seule mesure – le nombre de familles nombreuses devrait être multiplié par sept. Cela peut être assuré si l’État s’appuie sur la politique du culte de la famille nombreuse. Sinon, nous attendons l’extinction et la disparition de l’histoire« , a déclaré Yuri Krupnov, président du conseil de surveillance de l’Institut de la démographie, de la migration et du développement régional. » (« Le culte des familles nombreuses et des migrants d’Afrique »: ce qui sauvera la Russie de l’extinction, Service national d’information – NSN, 26.07.22)

De fait, la Russie aura perdu pas moins d’un million et demi d’habitants en 18 mois, d’après les données officielles de Rosstat ! (Le rapport intermédiaire en question, qui indique une accélération de cette dynamique de dépopulation en 2022, a entretemps disparu du site web de l’agence. Vous pouvez toutefois le télécharger ici.)

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Avec 16,7 décès / 1’000 habitants (données Rosstat), la mortalité russe aura atteint en 2021 son plus haut niveau depuis la Seconde Guerre mondiale, au-dessus même des chiffres atteints suite à l’effondrement économique des années 1990 ! A croire que le Sputnik V ne fonctionne pas aussi bien que prévu… ou peut-être que si, justement ?

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On peut ainsi s’étonner que les médias occidentaux, avec leurs postures si hostiles à « la Russie de Vladimir Poutine », s’intéressent si peu au bilan concret de celui-ci. Les médias dominants semblent même commencer à s’enthousiasmer pour une politique que l’on pourrait qualifier, à bien des égards, de proprement calamiteuse.

(Intuition : lorsque l’on maîtrise la technologie des missiles hypersoniques, on devrait également être en mesure de fabriquer des airbags, voire même des boîtiers ABS.)

Pour la bonne bouche, nous livrerons encore au lecteur ce compte-rendu quelque peu folklorique de La Tribune, qui attribue des bons points à Vladimir Poutine… sur la base des chiffres officiels de l’inflation russe !

« En juin, la Russie avait enregistré une inflation de 15,09% sur un an. La promesse qu’avait faite le président Vladimir Poutine fin mai est donc en passe d’être tenue, puisqu’il avait assuré que l’inflation ne dépasserait pas 15% d’ici fin 2022. »

Un touchant témoignage de confiance envers les instituts statistiques russes…

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En résumé, l’absence d’anticipation par les autorités russes des conséquences pourtant prévisibles de leur intervention militaire en Ukraine s’apparente à un authentique sabotage le leur économie nationale – ainsi que d’une démographie déjà bien mal en point. Une réalité sur laquelle les médias occidentaux, étonnamment complaisants envers le leadership poutinien, se gardent bien d’attirer l’attention… et qui pourrait être le signe annonciateur de nouvelles avanies à venir pour la population de ce pays.

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En route vers la dystopie numérique… et l’effondrement monétaire ?

Il est de fait que, si l’économie russe chancelle, les projets de surveillance numérique, eux, se portent à merveille. En témoigne la généralisation des systèmes de reconnaissance faciale dans le métro de Moscou, qui trouveront assurément une utilité toute particulière lors de la prochaine « vague » de covid (tout comme chez nous, accessoirement).

« Les autorités ont décidé d’autoriser la collecte des données biométriques des Russes sans leur consentement » (Moscow Times, 09.08.22)

Or, cette approche de la surveillance numérique rapprochée a, comme on s’en doute, vocation à s’étendre au domaine financier.

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Au cours de l’édition 2021 de « l’événement de cybersécurité » Cyber Polygon, qui réunissait notamment le premier ministre russe (Mikhail Mishustin) et le président du World Economic Forum (Klaus Schwab), le vice-président de la Banque de Russie (Alexeï Zabotkin) avait déroulé le programme :

« Le rouble numérique sera plus pratique que l’argent liquide dans son utilisation. Le rouble numérique existera sous la forme d’unités identifiables de manière unique – vous pouvez les considérer comme une sorte de billets de banque électroniques. Avec ces billets de banque électroniques, les utilisateurs pourront fixer des limites sur les types d’achats pouvant être effectués.

Imaginez que vous puissiez simplement donner de l’argent à vos enfants en roubles numériques, puis restreindre leur utilisation pour l’achat de junk food, par exemple. Ce serait une fonctionnalité utile pour un client, et bien sûr, vous pouvez proposer des centaines d’autres possibilités d’utilisation similaires.

Ce [rouble numérique] permettra une meilleure traçabilité des paiements et des flux monétaires, et explorera également la possibilité de fixer des conditions sur les conditions d’utilisation autorisées d’une unité monétaire donnée.

C’est la Banque de Russie qui tiendra le registre centralisé des transactions sur sa plateforme technologique, et toutes les transactions seront enregistrées sur ce registre. » (Alexeï Zabotkin, Cyber Polygon 2021, 09.07.21)

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La logique est ici bien simple : supprimer l’argent liquide à des fins fiscales (taxation en temps réel de toutes les transactions financières, y c. les simples paiements) et de surveillance des comportements d’achat (avec des applications en particulier dans le domaine de l’assurance maladie). Ou encore : interdiction pure et simple de certaines transactions… ou de certains utilisateurs.

(Inutile de préciser qu’une telle logique implique l’interdiction totale des véritables cryptomonnaies, comme c’est déjà le cas dans un certain nombre de pays.)

« Quand on parle des monnaies numériques de banques centrales (MNBC), on tend à faire une équivalence avec le cash. Mais il y a une grande différence. On ne sait pas par exemple qui utilise un billet de 100 dollars, ou un billet de 1000 pesos. Une des grandes différences avec [les monnaies digitales], c’est que les banques centrales auront le contrôle absolu sur les règles et limitations qui détermineront l’emploi de ces [moyens de paiement] – et ça, ça fait une immense différence par rapport à l’argent liquide. » (Agustin Carstens, directeur de la Banque des règlements internationaux, janvier 2022)

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Russes et Chinois ne sont pas les seuls à être concernés par ce projet d’une grande actualité.

Or, un moyen bien pratique d’atteindre ce but (la suppression du liquide), consiste à organiser une hyperinflation. Dans ce cas de figure en effet, tous les billets de banque se retrouvent strictement sans valeur. En outre, l’effondrement de la monnaie permet « des réformes fiscales drastiques » ou encore « l’introduction de nouvelles monnaies », comme nous en informe aimablement le World Economic Forum dans un document qu’il vient de publier sur son site à ce propos.

La Russie à l’heure du Grand Reset : entre ambitions mondiales et effondrement intérieur – Vincent Held

A cet égard, la dégradation du niveau de vie d’une grande partie de la population russe, notamment en lien avec l’augmentation générale des prix, est une véritable aubaine. L’occasion de créer sans cesse plus d’argent pour distribuer un revenu universel, qui pourra être augmenté au fur et à mesure de la hausse des prix liée à l’effet conjugué des pénuries et de l’accroissement de la masse monétaire.

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Une idée qui revient chez nous aussi sur le devant de la scène…

Mais un autre effet positif de l’hyperinflation – comme nous l’avons déjà mentionné plus haut en citant le World Economic Forum, c’est de favoriser « l’introduction de nouvelles monnaies ». Dans la situation présente, l’on peut en effet s’attendre à voir s’étendre l’emploi des stablecoins, ces monnaies numériques adossées en particulier à des métaux précieux – et qui restent donc stables (voire réévaluées à la hausse) même lorsque la valeur de la monnaie officielle s’effondre. On notera que ce basculement du public vers les stablecoins pourrait même se généraliser si l’on devait subitement se retrouver confronté à des pénuries d’or et d’argent physique, comme ce fut par exemple le cas aux États-Unis en début d’année 2021

La Russie à l’heure du Grand Reset : entre ambitions mondiales et effondrement intérieur – Vincent Held
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Chiffres officiels à l’appui, des sites spécialisés pointent aujourd’hui du doigt une chute rapide des stocks d’argent physique actuellement disponibles sur les marchés…

En effet, comme le relève Sergueï Glaziev (le stratège économique russe déjà mentionné au début de cette publication), ces instruments financiers inédits (paiements par carte bancaire, sur Internet, etc., à partir d’un compte libellé p.ex. en or, en argent…) connaissent actuellement un très fort développement un peu partout dans le monde :

« Beaucoup d’efforts sont déployés pour développer […] les paiements en monnaie nationale. En parallèle, il y a un effort continu pour développer un système de paiement numérique non bancaire, qui serait lié à l’or et à d’autres matières premières négociées en bourse – les « stablecoins« . » (MR Online, 16.04.22)

Dans le cas russe, il semblerait que ce soit la banque Sber qui ait pris la tête du mouvement, avec l’annonce au mois de janvier du lancement prochain d’un stablecoin basé sur l’échange de « biens matériels » et fonctionnant avec « la blockchain Hyperledger Fabric ».

Or, il se trouve qu’au-delà du rêve idyllique d’une « finance décentralisée » (DeFi) basée sur des « monnaies communautaires » et autres Bitcoin tenus hors de portée de l’État, la grande qualité d’une blockchain est de permettre la traçabilité intégrale des biens de valeur. Dès 2018, le World Gold Council avait déjà annoncé son intention de tracer ses lingots d’or grâce à la blockchain. Aujourd’hui, force est de constater que cette logique a vocation à s’étendre à d’autres éléments de fortune, tels que les montres de luxe ou les œuvres d’art.

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Dans le « monde sans argent liquide » que nous promet le World Economic Forum, l’acquisition de métaux précieux pourra difficilement échapper à la surveillance de l’autorité fiscale. Celle-ci pourra, de surcroît, exiger l’inscription de tout lingot échangé dans un registre centralisé, à la façon du nouveau « registre européen des actifs », dont la mise en place prochaine vient de nous être notifiée par l’UE il y a quelques mois de cela.

A ce moment-là, il y a fort à parier que les stablecoins – russes ou non – se verront reconvertir en systèmes de traçage de l’ensemble des métaux précieux légalement détenus par leur propriétaire.

Il faut encore souligner le fait que le CEO de Sber, German Gref, avait lui aussi participé à l’événement « Cyber Polygon 2021 » en compagnie de Klaus Schwab et du vice-président de la Banque de Russie. Et qu’il conseille par ailleurs le Kremlin sur les questions d’intelligence artificielle et de Big Data.

Or, il est de notoriété publique que l’intelligence artificielle est d’ores et déjà employée pour détecter la fraude fiscale en s’appuyant sur des données Big Data. Une approche qui, avec le temps – et la suppression de l’argent liquide ! – pourrait bien devenir de plus en plus envahissante, au fur et à mesure de l’amélioration de sa capacité à recouper nos données personnelles avec notre situation financière officielle. (Détection de l’emploi de cryptomonnaies, acquisition de biens meubles et immobiliers significativement en-dessous de leur valeur de marché, etc.)

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On commence en tout cas à voir que Mikhail Mishustin, ancien directeur du fisc russe – et qui est lui aussi lié au World Economic Forum via les exercices « Cyber Polygon », n’a certainement pas été nommé au poste de premier ministre par hasard !

Et pour conclure

En résumé, nous avons vu que la force actuelle (et peut-être quelque peu artificielle) du rouble masquait un manque de résilience inattendu de l’économie russe face aux sanctions occidentales. L’invraisemblable imprévoyance du pouvoir politique face à une situation pourtant courue d’avance tendant ainsi à accréditer l’hypothèse d’une véritable trahison des élites russes.

On est dès lors fondé à se demander si la destruction du système monétaire russe – en vue d’en créer un nouveau, plus efficace en matière de surveillance numérique des populations et de répression fiscale – ne serait pas le véritable objectif poursuivi par l’establishment poutinien. La même question se pose évidemment au sujet des dirigeants européens qui immolent leurs propres économies sur l’autel des « sanctions contre la Russie » – au risque de faire sombrer des millions de leurs compatriotes dans la pauvreté (cf. le fameux dilemme anglais du ‘heat or eat’…).

Et pour en terminer là, on notera enfin que l’exercice Cyber Polygon 2021, auquel auront participé tant de personnalités-clés de l’establishment russe en compagnie du président du World Economic Forum, simulait « une cyberattaque globale ». Dès l’année 2020, Klaus Schwab aura en effet entrepris d’avertir le monde du « scénario effrayant » que représentait à ses yeux l’éventualité d’une « pandémie de cyberattaques » à venir (et qui présenterait « des caractéristiques similaires à celles du covid », soit dit en passant). C’est donc en vue de se préparer à ce scénario-catastrophe que le Prof. Schwab collabore depuis lors avec le chef du gouvernement et autres hauts responsables russes dans le cadre dudit Cyber Polygon.

Quant à savoir quel rôle un tel événement pourrait jouer dans la mise en œuvre des projets de réinitialisation monétaire russes ou occidentaux (qui après tout peut-être, ne font qu’un), nous laisserons à tout un chacun le soin de formuler ses propres pronostics.

Vincent Held

Liliane HeldKhawam
Bienvenue sur le blog personnel de Liliane Held-Khawam! Vous trouverez ici plusieurs publications parues dans la presse ou dans des revues spécialisées. Liliane Held-Khawam est née à Héliopolis (Egypte) et a vécu au Liban, en France, Suisse, Etats-Unis.

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