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Les personnes âgées dérangent le système. Témoignage

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Dans une organisation sociétale qui mute sur la base d’un business model, ou modèle d’affaires, les personnes  » non productives » n’y sont pas les bienvenues. Par soumission au marché de la haute finance, nos dirigeants politiques ne croient plus que dans la compétitivité et autre rentabilité. Voici pour rappel les catégories des variables du business model qui servent à calculer  la valeur ajoutée brute (VAB) par canton. Il nous est fourni par la Confédération: La présence de la rubrique « ménages en tant que producteurs » est un défi à la démocratie, et à la dignité humaine. Cette logique qui ne peut que pénaliser les personnes insuffisamment productives devrait être combattue avec fermeté. Ci-dessous le témoignage fort d’une assistante en soins sur les établissement

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Les personnes âgées dérangent le système. Témoignage

Dans une organisation sociétale qui mute sur la base d’un business model, ou modèle d’affaires, les personnes  » non productives » n’y sont pas les bienvenues.

Par soumission au marché de la haute finance, nos dirigeants politiques ne croient plus que dans la compétitivité et autre rentabilité.

Voici pour rappel les catégories des variables du business model qui servent à calculer  la valeur ajoutée brute (VAB) par canton. Il nous est fourni par la Confédération:

Les personnes âgées dérangent le système. Témoignage

La présence de la rubrique « ménages en tant que producteurs » est un défi à la démocratie, et à la dignité humaine.

Cette logique qui ne peut que pénaliser les personnes insuffisamment productives devrait être combattue avec fermeté.

Ci-dessous le témoignage fort d’une assistante en soins sur les établissement médico-sociaux vaudois

Liliane Held-Khawam

A lire: Votre foyer est un centre de production.

«Pourquoi je cesse de travailler en EMS». Le Temps

Le traitement «révoltant» des personnes âgées dans les établissements médico-sociaux vaudois a poussé une assistante en soins à démissionner. Elle dénonce aujourd’hui le manque d’égards et la maltraitance que vivent les pensionnaires de ces institutions

Amandine De Dea est assistante en soins. Cette jeune femme de 30 ans a travaillé dans sept différents EMS vaudois au cours des dix dernières années. Lorsqu’elle a rendu son tablier il y a quelques semaines, c’est parce que quelque chose s’était brisé. Cette fois, elle a renoncé à retenter l’expérience en espérant qu’ailleurs, ce serait mieux.

L’article qui suit est issu d’un témoignage individuel, basé sur une expérience personnelle. A ce titre, il nous a paru suffisamment fort pour être publié.

«Lors de ma formation en école de soins et santé communautaire, nous étions toutes tellement motivées à travailler avec les personnes âgées et, aujourd’hui, la majorité d’entre nous a changé de voie. Pas que nous ne les aimions plus, bien au contraire, mais il existe un réel problème avec le traitement de cette population», commence Amandine.

Le problème, connu de tous, tient à l’insuffisance d’effectif. De là découlent le manque de temps pour effectuer les soins et autres tâches, l’épuisement des équipes soignantes et la rancœur qu’elles en retirent. Amandine De Dea dénonce les attitudes «négligentes, brusques et amères» envers les résidents des EMS, «le manque d’égards général et la manière dont se déroulent l’habillement, la toilette et les repas, dans l’empressement». «Il me semble impossible de garder l’amour de son métier dans ces conditions», regrette-t-elle.

Pas même bonjour

Amandine est traumatisée par la «déshumanisation» des personnes âgées. «Comme tout est une question de temps, mieux vaut faire à leur place que de les stimuler», regrette-t-elle. Amandine a vu des soignants réveiller des personnes âgées en allumant la lumière et en tirant leur duvet, sans dire un mot, pas même bonjour.

Les personnes s’excusent d’avoir besoin d’aller aux toilettes, elles ont l’impression de déranger en restant en vie

Amandine De Dea

Face au refus de prendre leurs médicaments, certains résidents se sont vu boucher le nez afin d’être obligés d’ouvrir la bouche. Elle a aussi assisté à des cas de contention médicamenteuse: les pensionnaires trop actifs se faisaient administrer des calmants pour soulager l’équipe, qui n’avait pas le temps de prendre soin d’eux. Dans chaque service, à chaque étage, les pensionnaires qui demandent le plus de soins sont couchés dès 16h jusqu’à 9h ou 10h le lendemain matin, et «oubliés» durant dix-sept heures.

Le soir, Amandine avait dix minutes pour coucher un patient. Combien de fois a-t-elle vu ses collègues «jeter le résident sur son lit et le déshabiller en retirant d’un seul geste pull, chemise et dessous d’une manière brusque», les mettre au lit sans prendre soin de leur laver les dents, ni même de changer leur couche? Elle ne compte plus. «Un jour, on s’est moqué de moi car j’ai voulu rincer la bouche d’une personne qui n’avait plus de dents.»

Maltraitance orale

La maltraitance orale fait partie des choses qui l’ont le plus marquée. «Face aux remarques dégradantes et insécurisantes, les personnes âgées se font toutes petites. Elles s’excusent d’avoir besoin d’aller aux toilettes, elles ont l’impression de déranger en restant en vie. Lorsque j’ai pris vingt minutes pour faire manger une résidente, on m’a reproché de passer trop de temps avec elle et on m’a fait cette remarque: «Tu penses que tu vas la ressusciter?»

Ces institutions ne sont pas pensées pour mettre les pensionnaires au centre, affirme Amandine, leurs structures écrasent la personne âgée. Tout est fait pour que le bon déroulement du planning ne soit pas entravé.

Amandine ne cherche pas à dénoncer un établissement en particulier, «même si certains sont particulièrement choquants». «Je préfère dénoncer les dérives générales que j’ai rencontrées dans les lieux où j’ai travaillé, et je peux assurer que chacun d’entre eux manquait d’humanité.»

La jeune femme pense que l’avenir pour les personnes âgées se fera dans de petites structures, de 5 à 10 lits. Aujourd’hui elle part, déçue, mais continue à le dire: «J’aime le sens de mon métier.»

Lire la réaction du secrétaire général de l’Association vaudoise d’établissements médico-sociaux, François Sénéchaud, ici: https://www.letemps.ch/suisse/cesse-travailler-ems?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=le-temps

ANNEXES

Explication de la méthodologie des statistiques dans ce document de Eurostat:  Eurostat- Production des ménages

Quelques statistiques de cantons:   Valeur ajoutée brute VAB par canton et par activités (source avec l’ensemble des cantons)

Valeur ajoutée du canton de Vaud

Les personnes âgées dérangent le système. Témoignage

Valeur ajoutée canton Genève

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Valeur ajoutée canton Valais

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Liliane HeldKhawam
Bienvenue sur le blog personnel de Liliane Held-Khawam! Vous trouverez ici plusieurs publications parues dans la presse ou dans des revues spécialisées. Liliane Held-Khawam est née à Héliopolis (Egypte) et a vécu au Liban, en France, Suisse, Etats-Unis.

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