Avril 27, 2018 par LHK Le revenu de base expliqué par un représentant de la haute finance mondialisée. Vincent Held Le revenu de base présenté en BD (madmoizElle.com) Et si au lieu de puiser dans le budget de l’État pour financer les prestations sociales, l’on piochait directement dans l’épargne des citoyens pour la redistribuer? C’est la perspective qui se dessine aujourd’hui de plus en clairement à travers le monde occidental, où les lois de confiscations bancaires se multiplient en même temps que les appels à instaurer un revenu de base. Dans une publication parue à la fin 2017, le Chief Investment Officer de Credit Suisse n’avait pas hésité à afficher sa sympathie pour l’idée d’un « revenu de base ». Or cette prise de position n’était certainement pas guidée par un excès de
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Le revenu de base expliqué par un représentant de la haute finance mondialisée. Vincent Held
Le revenu de base présenté en BD (madmoizElle.com)
Et si au lieu de puiser dans le budget de l’État pour financer les prestations sociales, l’on piochait directement dans l’épargne des citoyens pour la redistribuer? C’est la perspective qui se dessine aujourd’hui de plus en clairement à travers le monde occidental, où les lois de confiscations bancaires se multiplient en même temps que les appels à instaurer un revenu de base.
Dans une publication parue à la fin 2017, le Chief Investment Officer de Credit Suisse n’avait pas hésité à afficher sa sympathie pour l’idée d’un « revenu de base ».
Or cette prise de position n’était certainement pas guidée par un excès de sensibilité sociale!
Un calcul politique parfaitement transparent
Au cours de la même interview, Michael Strobaek avait en effet proposé une hausse potentiellement drastique de l’âge de la retraite… tout en suggérant de se servir des personnes âgées comme main d’œuvre bon marché. Sans fausse pudeur aucune! (1)
Émettant de sombres pronostics sur l’avenir des économies occidentales, M. Strobaek y avait également fait part de certaines inquiétudes personnelles – avec une sincérité presque touchante:
« Le grand thème de l’avenir, c’est que des millions de personnes se retrouveront sans emploi. […] Nous devrons subvenir aux besoins de ces personnes […] sinon les gens se rebelleront comme pendant la Révolution française, lorsqu’ils ont traîné la noblesse jusqu’à la guillotine place de la Concorde. »
Contrairement aux technocrates européens et autres politiciens en quête de popularité, ce représentant de la haute finance mondialisée pouvait livrer le fond de sa pensée sur le revenu de base en toute simplicité. Nul besoin de s’abriter derrière de bons sentiments tels que la volonté de « lutter contre l’exclusion » ou d’offrir aux plus vulnérables la possibilité de « vivre dans la dignité ».
« Mettre fin à la pauvreté », « renforcer la participation à la vie sociale », « une aide sociale émancipatrice » (affiches de promotion du revenu de base, Londres, mars 2013 / photo de R. Shaw Higgs)
Le calcul de ce libéral décomplexé était on ne peut plus transparent: des temps allaient venir où il faudrait bien jeter un peu d’argent à la populace pour éviter de se faire couper la tête!
« Qu’on l’aime ou non, le revenu de base est une nécessité. » (Yanis Varoufakis)
Et ces temps surviendraient, de toute évidence, bien avant le terme de « 25 ans » suggéré au lecteur…
De par leur mode de rémunération, les dirigeants des grandes banques ne cherchent-ils pas, avant tout, à maximiser leurs résultats à court terme? D’où vient alors ce soudain intérêt pour le niveau de l’emploi en l’an 2042?
D’ailleurs, Credit Suisse existera-t-elle encore à cette date? N’a-t-on pas vu récemment le président d’UBS nous indiquer – le plus calmement du monde – que sa banque pourrait bien être démantelée un jour prochain?
Or, le moins que l’on puisse dire, c’est que ces deux grandes banques « suisses » se ressemblent à bien des égards!
« Nous avons préparé des plans d’urgence pour que la banque puisse être séparée en plusieurs parties. […] Ces plans de liquidation […], ils sont aujourd’hui dans nos tiroirs. » (Interview d’Axel Weber à la télévision d’État suisse – SRF, 23 janvier 2018)
En réalité, M. Strobaek est bien placé pour savoir que le revenu de base sera adopté par de nombreux pays occidentaux bien avant cela…
Credit Suisse au cœur d’une bulle spéculative mondiale
De fait, quoique le revenu de base nous soit souvent présenté comme un idéal qui deviendra atteignable dans un avenir éloigné, il semble bien avoir vocation à s’imposer à beaucoup plus brève échéance. Et ce pour faire face à une problématique bien connue: l’éclatement inévitable de la bulle de la dette des pays occidentaux.
« On dirait bien que nous sommes en train de créer une bulle [sur le marché de la dette] qui causera des pertes importantes quand les taux remonteront. On pourrait presque dire que c’est là notre stratégie. » (Jerome Powell, actuel président de la Réserve fédérale américaine, à propos des programmes de rachats de dettes (quantitative easing) de son établissement)
« La bombe de la dette » à la Une de grands magazines anglo-saxons…
Cette gigantesque bulle financière, Credit Suisse la connaît bien. Elle y contribue même activement. Il faut dire qu’elle participe de façon massive aux programmes de rachats de dettes (quantitative easing) de plusieurs banques centrales à travers le monde!
« Au 31 décembre 2017, [Credit suisse disposait de] 96,6 milliards de francs en liquide déposés auprès de banques centrales de premier plan – principalement la Banque nationale suisse, la Réserve fédérale américaine et la BCE. » (Credit Suisse, Rapport annuel 2017, p.112)
Or, le dénouement de cette fuite en avant désespérée est connu d’avance. Il a été dévoilé en septembre 2017 par le grand quotidien suisse Le Temps: du fait du surendettement des pays occidentaux, une partie des capitaux d’épargne sera confisquée lors de la prochaine crise financière.
Une analyse visiblement partagée par Credit Suisse. Son président actuel a en effet participé à l’élaboration des deux « rapports d’experts » qui sont à l’origine des lois de confiscation de l’épargne en Suisse! (2)
Eh oui, on ne le redira jamais assez. UBS et Credit Suisse ont été associées à la rédaction de la « loi too-big-to-fail », qui prévoit de confisquer l’argent des déposants pour sauver les grandes banques…
« Ce n’est pas l’État qui supporte le risque des grandes banques. C’est ce dont nous nous sommes assurés avec cette réglementation ‘too-big-to-fail’. » (Ueli Maurer, Conseiller fédéral en charge des Finances, 29.09.2017)
Les « réductions de créances » permettent de confisquer l’épargne des déposants de manière « partielle ou totale »… (cf. art. 50 de l’Ordonnance sur l’Insolvabilité Bancaire)
Or il apparaît que ces mesures d’expropriation inédites seront suivies – en Suisse comme ailleurs dans le monde – par l’introduction immédiate du revenu de base…
Confisquer l’argent des épargnants pour mieux le redistribuer ensuite?
« La Banque nationale devrait fournir de l’argent sans dette. […] Si l’argent est versé directement à la population […], il en résulte automatiquement une sorte de revenu de base. […] ». (débats du Parlement suisse sur l’Initiative Monnaie Pleine, 14/12/2017)
Comme nous l’avons déjà expliqué plus longuement par ailleurs, diverses banques centrales occidentales (États-Unis, UE, Japon, Suisse, etc.) se préparent aujourd’hui à introduire un revenu de base universel en distribuant directement de l’argent frais à la population. C’est ce que les économistes et autres journalistes appellent « l’hélicoptère monétaire ».
Un bien mauvais présage!
Les mêmes banques centrales expliquent en effet très clairement que « l’hélicoptère monétaire » ne doit être mis en œuvre que dans une situation « anormale et extrême ». Autrement dit, « dans le cas d’une économie complètement bloquée »…
« Vous pouvez créer de la monnaie et la distribuer aux gens. C’est l’hélicoptère monétaire. […] La question est de savoir […] quand il est opportun de recourir à ce type d’instrument de dernier recours. » (Peter Praet, économiste en chef de la BCE, 15.03.2016)
Ces subsides arriveront donc à point nommé pour remplacer les traditionnelles prestations sociales (allocations chômage, famille, retraites…), lorsque l’élastique – toujours plus tendu – de la dette aura fini par lâcher.
Reste à savoir si cela suffira à apaiser la colère d’une population qui se sera vu auparavant délester d’une partie de son épargne. On pourra alors vérifier si le calcul de M. Strobaek s’avère exact!
Évolution des lois de confiscation de l’épargne en Suisse et dans les pays de l’UE : un parallélisme frappant!
UE |
Suisse |
||
2013
2014 2015 |
Directive renflouement interne des banques – BRRD (autorisation des confiscations sur les dépôts bancaires à partir de 100’000 euros)
Refonte du système de garantie des dépôts bancaires (possibilité pour la Commission européenne d’abaisser à tout moment la garantie de dépôt en-dessous de 100’000 euros, cf. art. 6 de la directive) Entrée en activité du Conseil de Résolution Unique (CRU), chargé de l’exécution des éventuelles confiscations bancaires (bail-ins) |
2011-2012
2014 2016 |
Législation « too-big-to-fail » (autorisation des confiscations sur les dépôts bancaires à partir de 100’000 francs)
Ordonnance de la Finma sur l’insolvabilité bancaire (introduction d’une procédure de « réduction de créances » autorisant des confiscations de l’épargne « partielles ou totales », cf. art. 50 du texte) Modification de l’Ordonnance sur les Fonds Propres (OFR) (autorisation explicite par le Conseil fédéral des « réductions de créances », cf. Rapport explicatif, art.126a) |
Par Vincent Held, Master en Finance (HEC Lausanne) et auteur du Crépuscule de la Banque nationale suisse, publié aux Éditions Xenia (synopsis).
Notes et références
1) « Au Japon, par exemple […] l’âge de la retraite effective pour les hommes est déjà de 69 ans. Il y a même des discussions en cours pour savoir si nous devrions fixer l’âge de la retraite à 75 ans. […]
Quand les gens vivent plus longtemps, ils peuvent – et doivent – travailler plus longtemps. Bien évidemment, tous les emplois ne sont pas adaptés aux personnes plus âgées, mais je suis sûr qu’il y aura du travail pour eux, même si c’est pour un salaire plus bas. »
Source : Michael Strobaek: « People will rise up like during the French Revolution », Credit Suisse, Bulletin 4/17
2) En 2010, un premier rapport, qui préconisait ouvertement des « mesures d’expropriation » visant les déposants, avait débouché sur la « loi too-big-to-fail ». Or cet acte législatif était précisément destiné à sauver les grandes banques – dont Credit Suisse ! – en cas de risque de faillite.
En 2014, un second rapport avait quant à lui demandé à ce qu’un organisme paraétatique – la Finma – soit explicitement autorisé à réaliser des confiscations « partielles ou totales » afin de sauver les grandes banques. Là encore, le document portait la signature d’Urs Rohner qui, de vice-président du directoire de Credit Suisse, était entretemps passé à la présidence de son conseil d’administration.