L’économie américaine crée plus de deux millions d’emplois par an. À ce rythme, le vivier de main-d’œuvre sera bientôt insuffisant pour satisfaire les besoins des entreprises. Si la croissance ne décélère pas, les salaires pourraient monter en flèche et faire déraper l’inflation. C’est pourquoi la Fed cherche à freiner l’économie, au grand dam de Donald Trump qui rêve de réélection. Aux États-Unis, l’économie tourne toujours à plein régime. Boostée par les baisses d’impôt décidées par Donald Trump, la croissance devrait avoisiner les 3% cette année. Les effets de cette réforme fiscale vont progressivement se dissiper en 2019 et la croissance devrait ralentir mais rester au-dessus de 2,5%. L’été prochain, le pays devrait fêter ses dix ans sans récession. Une première dans son
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L’économie américaine crée plus de deux millions d’emplois par an. À ce rythme, le vivier de main-d’œuvre sera bientôt insuffisant pour satisfaire les besoins des entreprises. Si la croissance ne décélère pas, les salaires pourraient monter en flèche et faire déraper l’inflation. C’est pourquoi la Fed cherche à freiner l’économie, au grand dam de Donald Trump qui rêve de réélection.
Aux États-Unis, l’économie tourne toujours à plein régime. Boostée par les baisses d’impôt décidées par Donald Trump, la croissance devrait avoisiner les 3% cette année. Les effets de cette réforme fiscale vont progressivement se dissiper en 2019 et la croissance devrait ralentir mais rester au-dessus de 2,5%. L’été prochain, le pays devrait fêter ses dix ans sans récession. Une première dans son histoire.
Avec un tel rythme, l’économie crée beaucoup d’emplois: environ 220.000 par mois cette année, faisant chuter le chômage à 3,7% depuis septembre, soit son plus bas niveau depuis 1969. « Le taux de chômage peut continuer à baisser » en 2019, souligne le chef économiste de Candriam Anton Brender, avant d’atteindre son plancher. Si les créations d’emplois gardent leur dynamisme, le risque est de voir la progression des salaires accélérer et l’inflation avec. C’est pourquoi la banque centrale américaine, la Fed, cherche à décélérer l’économie, au grand dam de Donald Trump qui prépare sa campagne pour sa réélection en 2020. Explications.
Certaines personnes ne sont plus en état de travailler
Cette année comme l’année prochaine, l’économie américaine devrait créer plus de deux millions d’emplois. Mais la population en âge de travailler (les 16-64 ans), n’augmente pas aussi rapidement pour pourvoir les absorber.
Certes, sur l’ensemble des Américains âgés de 16 à 64 ans 70% ont un emploi. En théorie, il y a donc de la marge pour absorber les créations de postes. Le problème est qu’une « partie des hommes en âge de travailler ne sont plus en état de travailler », pointe le chef économiste de Candriam. La crise des opioïdes, qui a tué près de 200 personnes par jour outre-Atlantique en 2017, est l’un des facteurs expliquant cette situation. « Elle a plongé des millions d’Américains, en particulier des hommes blancs, dans une situation d’addiction et de fait ils ne peuvent plus occuper un emploi », explique Anton Brender.
Parmi les 25-54 ans (soit environ la moitié de la population active) environ 78,5% ont un emploi en 2017. Ce taux peut monter jusqu’à 80,5% fin 2019 et plafonner à ce niveau, selon les calculs du chef économiste de Candriam.
Ainsi, jusqu’à la fin de l’année prochaine, la population active peut encore apporter suffisamment de main-d’œuvre pour répondre aux besoins des entreprises. Mais dès 2020, la marge se sera refermée. Le chômage aura atteint son plancher, autrement dit les États-Unis seront au plein emploi. La population en âge de travailler ne pourra absorber que 950.000 créations d’emplois dans l’année, et si l’économie américaine continue d’en créer plus de deux millions, « il n’y aura plus assez de population active pour les pourvoir », prévoit Anton Brender. À moins de compenser par l’immigration, comme l’a fait l’Allemagne, mais avec Donald Trump au pouvoir l’éventualité paraît inenvisageable.
Bras de fer entre Donald Trump et la banque centrale
S’il n’y a plus assez de personnes pour occuper les postes, les employeurs vont devoir proposer des conditions de travail toujours plus avantageuses pour attirer des salariés. Le risque est alors que les salaires bondissent et que l’inflation dérape.
La Fed, dont la mission est d’assurer la stabilité des prix (soit une inflation proche de 2%) cherche donc à décélérer progressivement l’économie pour que les créations d’emplois ralentissent. Pour ce faire, elle a augmenté ses taux d’intérêt quatre fois en 2018 et prévoit de le faire deux fois l’année prochaine. Ces mesures ont pour effet de contracter l’offre de crédit. Des premiers effets se font déjà ressentir. Pour les particuliers, le coût du crédit immobilier s’est renchéri les décourageant d’investir, ce qui entraîne déjà une baisse de l’activité dans le secteur. Au global, la croissance économique des États-Unis devrait s’afficher en-dessous de 2% en 2020.
Cette politique monétaire menée par la Réserve fédérale n’est pas du goût de Donald Trump. Le président américain n’a cessé de critiquer ces derniers mois Jerome Powell, le patron de la banque centrale, qu’il a pourtant lui-même nommé. Il aurait même demandé à ses conseillers si la loi l’autorisait à le limoger, a dévoilé CNN samedi. Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a démenti cette information, tout en rapportant que Donald Trump lui a fait part de son « désaccord complet avec la politique de la Fed ».
Le seul moyen d’éviter de voir l’inflation déraper tout en maintenant la croissance à un niveau élevé serait de gagner en productivité. C’est justement en partie sur cette promesse que Donald Trump s’est fait élire.
« Les baisses d’impôt promises et la dérégulation devaient encourager les entreprises à investir fortement et faire accélérer les gains de productivité », rappelle Anton Brender. « Ce n’est pas le cas », observe-t-il, les entreprises ayant préféré racheter leurs propres actions ou reverser des dividendes.
Une croissance qui ralentit est un signe de l’échec de la politique du président américain, un mauvais signal pour lui à l’approche de l’élection présidentielle de 2020.