S’il y a une chose que les Libanais savent faire, c’est compter! S’il y a une deuxième chose qu’ils savent faire, c’est oser s’exprimer. C’est exactement ce que le député Georges Adwan a fait: Calculer le manque à gagner généré par la Banque du Liban à travers sa politique monétaire, et en faire part. Il semblerait qu’en lieu et place d’un bénéfice de 1 milliard de dollars, seuls 40,5 millions de dollars soient arrivés à bon port! Le banquier central Riad Salamé, s’est empressé d’assurer qu’au cours « des vingt dernières années, la Banque centrale a toujours transmis au ministère des Finances ses bilans arrêtés annuels et versé ce qu’elle devait au Trésor, conformément aux lois en vigueur. » (…) M. Salamé a également indiqué que « les comptes de la BDL sont régulièrement audités
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S’il y a une chose que les Libanais savent faire, c’est compter!
S’il y a une deuxième chose qu’ils savent faire, c’est oser s’exprimer.
C’est exactement ce que le député Georges Adwan a fait: Calculer le manque à gagner généré par la Banque du Liban à travers sa politique monétaire, et en faire part.
Il semblerait qu’en lieu et place d’un bénéfice de 1 milliard de dollars, seuls 40,5 millions de dollars soient arrivés à bon port!
Le banquier central Riad Salamé, s’est empressé d’assurer qu’au cours « des vingt dernières années, la Banque centrale a toujours transmis au ministère des Finances ses bilans arrêtés annuels et versé ce qu’elle devait au Trésor, conformément aux lois en vigueur. » (…) M. Salamé a également indiqué que « les comptes de la BDL sont régulièrement audités par deux cabinets internationaux indépendants ».
Voici un relevé du bilan de la Banque du Liban. On y retrouve l’explosion du compte courant des banques commerciales, qui débordent de liquidités à cause des directives de Bâle 3… Du coup, elles déposent leur argent auprès de leur banque centrale qui le fait fructifier, ou pas, via de possibles opérations d’open market.
Le bilan a doublé. Le compte courant des banques est passé de 59’033’296 en 2009 à 121’079’189 millions de livres libanaises… Le compte a été multiplié par 2 entre décembre 2009 et septembre 2016. Nous n’avons pas trouvé des comptes plus récents…
Et que finance ce compte courant? Vous trouverez les destinataires sous la création d’une rubrique qui porte le nom de « assets from exchange operations of financial instruments » et une autre rubrique qui est « seurities portfolio ».
A leur tour, les Libanais découvrent les affres potentielles de la coûteuse politique monétaire non conventionnelle globalisée. Appelée au Liban « ingénierie financière » , elle pourrait bien un jour ou l’autre engloutir là-bas, comme ici, l’argent des déposants…
Au fait, le Liban détient près de 300 tonnes d’or….
Liliane Held-Khawam
L’intervention, mardi, du député Georges Adwan concernant la BDL ouvre la voie, au sein de l’hémicycle, à une critique de la politique monétaire.
Alors que les députés entamaient mardi l’examen du projet de budget pour l’exercice 2017, une petite phrase du député et vice-président des Forces libanaises, Georges Adwan, a fait basculer le débat sur la politique monétaire menée par la Banque du Liban (BDL).
Lors de sa brève intervention, M. Adwan a affirmé que « les recettes versées annuellement par la BDL au Trésor étaient de 61 milliards de livres (40,5 millions de dollars) seulement », alors que l’institution détenait des bons du Trésor, dont les revenus pourraient théoriquement lui permettre de générer « environ un milliard de dollars par an ».
Pour mieux comprendre le calcul fait par M. Adwan, il faut rappeler que près de 61,4 % de la dette publique brute du Liban était en livres libanaises à fin août 2017, soit environ 47,5 milliards de dollars. Or à cette même période, la BDL détenait 48,5 % de la dette en livres, soit l’équivalent de 22,7 milliards de dollars. Si on prend en compte le plus faible taux d’intérêt sur les bons du Trésor (à très courte maturité), qui est de 4,39 %, les titres détenus par la BDL devraient générer au minimum près d’un milliard de dollars. Et selon le code de la monnaie et du crédit, la Banque centrale est tenue de verser 80 % de ses bénéfices au Trésor. Le député FL s’étonne donc de la faiblesse des bénéfices de la BDL par rapport aux revenus générés par ses bons du Trésor. Il va plus loin en dénonçant l’absence de « contrôle et de reddition des comptes » sur la politique monétaire.
Le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, s’est empressé de réagir en assurant qu’au cours « des vingt dernières années, la Banque centrale a toujours transmis au ministère des Finances ses bilans arrêtés annuels et versé ce qu’elle devait au Trésor, conformément aux lois en vigueur. » Des propos confirmés hier par le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, en session plénière. M. Salamé a également indiqué que « les comptes de la BDL sont régulièrement audités par deux cabinets internationaux indépendants ». « L’analyse du député Georges Adwan n’est pas complète, car la Banque centrale a des revenus mais aussi des dépenses, liées notamment aux intérêts qu’elle verse aux banques sur leurs dépôts à la BDL », a-t-il poursuivi.
Politique monétaire coûteuse
En d’autres termes, une partie des revenus générés par la BDL à travers les bons du Trésor sert à couvrir ses dépenses, « ce qui tend à laisser croire que la politique monétaire menée par Riad Salamé pour maintenir la stabilité de la livre, notamment à travers les opérations dites d’ingénierie financière, est très coûteuse », commente un économiste ayant requis l’anonymat.
Il y a un mois, la BDL avait réagi à un article de l’économiste Toufic Gaspard, dans lequel il reprochait à l’institution de verser « des taux d’intérêt généreux et non nécessaires aux banques locales en échange de leurs dépôts en dollars », en vue d’assurer la stabilité de la livre. Dans sa réponse, la Banque centrale expliquait que « les taux d’intérêt en vigueur dans tout pays doivent refléter sa notation souveraine. Par conséquent, les transactions sur les marchés financiers libanais ne peuvent s’effectuer selon les taux en vigueur dans des pays notés A ». En rappelant que la notation octroyée au Liban par l’agence S&P est B-, la BDL compare les taux en vigueur au Liban à ceux dans d’autres pays ayant la même notation (B-, B), comme l’Égypte, afin de démontrer qu’ils ne sont pas surévalués. « Les taux au Liban varient entre 5,35 % et 7,46 % pour des termes respectifs d’un an et de 10 ans, contre des taux appliqués en Égypte variant entre 18,5 % et 19 % », avait-elle indiqué.
« La question n’est donc pas de savoir si la BDL verse ou non ses recettes au Trésor, mais de comprendre pourquoi elles ne sont pas si importantes », estime Louis Hobeika, professeur d’économie à l’Université Notre-Dame de Louaizé. « La démarche de M. Adwan est une première. C’est un excellent pas en avant que des députés interrogent le gouverneur de la BDL sur sa politique monétaire, car c’est un sujet qui a longtemps était absent des débats au Parlement », se réjouit M. Hobeika.