Daphne Caruana Galizia, une blogueuse maltaise à l’origine d’accusations qui avaient provoqué des élections anticipées en juin, a été assassinée lundi. (image non datée) Image: Malta/Independent/AP Publié le 20/05/2017 à 17:10 , mis à jour à 19:0 L’enquête des « Malta Files » a mobilisé 49 journalistes basés dans 16 pays pendant quatre mois. Photo d’illustration de Malte. iStock Il existe une armée « d’émigrés du fisc à Malte », dénonce un consortium de journalistes. Bouygues et Total figurent parmi les entreprises épinglées. Mediapart et le réseau European Investigative Collaborations (EIC) ont publié, vendredi, une longue enquête sur Malte et « les coulisses d’un paradis fiscal« . Pendant quatre mois, 49 journalistes ont décortiqué les noms des personnes et des
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Il existe une armée « d’émigrés du fisc à Malte », dénonce un consortium de journalistes. Bouygues et Total figurent parmi les entreprises épinglées.
Mediapart et le réseau European Investigative Collaborations (EIC) ont publié, vendredi, une longue enquête sur Malte et « les coulisses d’un paradis fiscal« . Pendant quatre mois, 49 journalistes ont décortiqué les noms des personnes et des entreprises directrices ou actionnaires de sociétés maltaises, raconte Mediapart.
L’enquête, dont la publication s’étalera sur deux semaines, porte sur de « l’optimisation et de l’évasion fiscales, du blanchiment et de la corruption », et se base sur « la liste complète des personnes et entités impliquées dans les 53 247 sociétés immatriculées à Malte », poursuit le pure player.
Deux milliards d’euros de fraude
Au total, treize journaux européens dont le quotidien italien L’Espresso, le journal allemand Der Spiegel ou encore Mediapart pour la France ont enquêté sur cette île qui préside l’Union européenne jusqu’au 30 juin. Ils révèlent ainsi que la fraude priverait « les autres pays de deux milliards d’euros de recettes fiscales par an ».
Le pays le plus représenté dans les « Malta Files » est de « très loin » l’Italie, rapporte le quotidien italien L’Espresso. Près de 8000 sociétés maltaises sont ainsi contrôlées par des actionnaires italiens.
« A côté d’entrepreneurs qui ont créé ou transféré des activités bien réelles, il existe aussi une armée d’émigrés du fisc. Des émigrés de luxe. Il y a des politiques, des managers, des industriels, des financiers, des gens du spectacle et aussi un grand nombre de personnes liées à des clans mafieux », précise L’Espresso.
Xavier Niel, JC Decaux épinglés
En France, Mediapart a évoqué « de grands chefs d’entreprise », des multinationales telles que les groupes « Bouygues, Total, BASF, Ikea », des banques comme « Reyl et JP Morgan » ou encore Olivier Bertrand, patron et fondateur du groupe de restauration du même nom.
Autre entrepreneur français cité: Xavier Niel. En 2010, le patron et fondateur de Free a racheté 50% d’un voilier mythique, le Phocéa, en passant par une entreprise maltaise baptisée Phocea Limited. Depuis, les ennuis se sont succédé. Le pure player souligne le paradoxe entre son discours « qui vante ses réalisations dans l’Hexagone (aide aux start-up, École 42) et l’attractivité du pays » et le fait d’avoir « logé le Phocéa dans une structure maltaise ».
Autre nom cité, Jean-François Decaux, copatron du leader mondial des abribus et des affiches publicitaires JC Decaux. Résident fiscal à Londres où il vit depuis 25 ans, il aurait logé son yacht d’une valeur de cinq millions d’euros dans une société maltaise, Alhoel.
Les deux patrons mais aussi Stéphane Courbit (Lov Group) auraient placé leur yacht sous pavillon maltais dans l’optique de bénéficier d’une fiscalité attractive, et de charges sociales très basses, ce qui réduit le coût de l’équipage. A cela s’ajoute une économie de TVA considérable, note Mediapart.
Lufthansa possède « 18 filiales à Malte »
En Allemagne, le Spiegel a cité BMW, BASF, Deutsche Bank, Puma, Merck, Bosch ou encore Rheinmetall. Le géant aérien Lufthansa possède lui « 18 filiales à Malte ». L’entreprise y aurait même installé sa « caisse de retraite ». Contactées par le quotidien, les entreprises concernées ont assuré que leur présence à Malte était « légale » et déclarée au fisc maltais.
Le ministre des Finances de l’Etat régional de Rhénanie du Nord-Westphalie, Norbert Walter-Borjans, avait évoqué le 10 mai une enquête sur quelque 2000 sociétés fantômes enregistrées dans l’île, parfois liées à de grands groupes allemands et suspectées de fraude.
En pleine campagne électorale, le gouvernement de La Valette a aussitôt rejeté en bloc ces accusations. « Trouvez autre chose », avait rétorqué sur Twitter le ministre maltais des Finances, Edward Scicluna. « Depuis quand l’ensemble du registre des sociétés de Malte est-il devenu étranger, offshore et allemand? ». « Nous n’avons rien à cacher », s’est-il défendu cette semaine.
Rien de « secret » dans les Malta Files
A Malte, souvent accusée d’être un paradis fiscal, beaucoup voient dans ces révélations une campagne de dénigrement pilotée par l’Allemagne et le Luxembourg. En cause: une « compétition » pour récupérer les entreprises britanniques cherchant un point de chute européen après le Brexit.
En fin de journée, samedi, le Premier ministre de Malte, Joseph Muscat a affirmé devant la presse: « Rien dans les Malta Files n’est secret. Affirmer qu’il existe des sociétés offshore à Malte n’est pas correct du point de vue des faits ».
Ces pays qui se plaignent, l’Allemagne en premier lieu mais qui n’a pas été nommée, « voudraient encaisser les impôts que ces sociétés payent » à Malte, a estimé M. Muscat.
Election à Malte
Le Premier ministre maltais, Joseph Muscat (gauche), s’est résolu à remettre son mandat en jeu le 3 juin prochain, un an avant son terme, en raison de soupçons pesant sur plusieurs de ses proches dans l’affaire des Panama Papers. Après son ministre de l’Energie et son chef de cabinet, c’est désormais son épouse qui est accusée de détenir un compte offshore au Panama.
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