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Panama papers: Manquent le goudron les plumes. Dossier

Summary:
Lynchage. L’affaire de Panama papers a tout d’une affaire sordide de Far West qui finit dans la boue, le goudron et les plumes sur une place publique! Le lynchage est communément compris comme étant une mise à mort  de quelqu’un sans jugement régulier. Le Panama Papers est une mise à mort de la réputation de quelqu’un hors de tout procès. Les journalistes qui ont publié les noms devraient dorénavant communiquer les noms de tout suspect cité dans n’importe quelle affaire! La cohérence l’exige…. L’affaire Panama Papers est avant tout un déni de Justice, de droits citoyens et donc de démocratie.Pourtant le collectif des journalistes ICIJ qui a diffusé les noms précise bien qu’ il existe des raisons légitimes de créer des compagnies offshore et nombreuses personnes les déclarent à leurs autorités fiscales, comme le veut la loi». Une petite phrase censée s’offrir une déontologie… Mais qui va la lire? Qui va faire la part des choses? Trop tard! Les populations esquintées par les coûts de la mondialisation et l’iniquité du nouveau Système qui s’installe n’ont cure de bavardages de salon. Ces noms représentent aux yeux des peuples autant de coupable. Les responsables de leur malheur habituellement anonymes deviennent d’un coup identifiables.

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Panama papers: Manquent le goudron les plumes. Dossier

Lynchage. L’affaire de Panama papers a tout d’une affaire sordide de Far West qui finit dans la boue, le goudron et les plumes sur une place publique!

Le lynchage est communément compris comme étant une mise à mort  de quelqu’un sans jugement régulier.

Le Panama Papers est une mise à mort de la réputation de quelqu’un hors de tout procès. Les journalistes qui ont publié les noms devraient dorénavant communiquer les noms de tout suspect cité dans n’importe quelle affaire! La cohérence l’exige….

L’affaire Panama Papers est avant tout un déni de Justice, de droits citoyens et donc de démocratie.Pourtant le collectif des journalistes ICIJ qui a diffusé les noms précise bien qu’ il existe des raisons légitimes de créer des compagnies offshore et nombreuses personnes les déclarent à leurs autorités fiscales, comme le veut la loi». Une petite phrase censée s’offrir une déontologie… Mais qui va la lire? Qui va faire la part des choses? Trop tard! Les populations esquintées par les coûts de la mondialisation et l’iniquité du nouveau Système qui s’installe n’ont cure de bavardages de salon.

Ces noms représentent aux yeux des peuples autant de coupable. Les responsables de leur malheur habituellement anonymes deviennent d’un coup identifiables.

Même si il y a certes des évadés fiscaux, nous ne pouvons douter que la nouvelle élite inconnue et pour l’instant invisible n’apparaît encore nulle part. Cette élite qui a monté, piloté, financé tout le système technologique qui permet la restructuration du monde n’est certainement pas très loin de ce « scoop ».

Cette liste a un avantage extraordinaire qui est de divertir les populations en attendant la finalisation du nouveau système.

A côté du déni de justice et  du divertissement des populations, cette fuite d’informations appelle plusieurs remarques:

Ce scandale est un formidable coup de projecteur sur le Panama en tant que paradis fiscal au moment même où nous découvrions que Reno était devenu l’étendard des Etats-Unis en tant que premier paradis fiscal de la planète. Il n’a pas fallu pour cela voler quoi que ce soit!

Le timing  entre Panama Papers  et la publicité autour des Etats-Unis en tant que premier -et bientôt unique?-paradis fiscal de la planète est troublant. La crédibilité de l’administration actuelle qui n’a eu de cesse de nous parler d’argent propre ne pouvait qu’être malmenée par cette publicité inattendue.

Le contexte dans lequel cette affaire éclate est lui aussi fondamental. Nous finissons avec l’ère capitaliste basée sur les Etats et l’économie réelle pour entrer dans une ère techno-mondialiste post-humaniste où une petite élite est supposée dirigée le monde grâce à la technologie de pointe détentrice du big data.

Nous ne croyons pas pour autant que les Etats-Unis en tant qu’Etat sont les pilotes du Nouveau Système. La nouvelle élite ne peut être qu’apatride sans identification claire possible. Elle sera transnationale, transculturelle, transreligieuse…

Le fait de balancer des milliers d’informations de manière aussi coordonner permet à cette nouvelle élite encore inconnue d’étaler son pouvoir mondial réel et de narguer les Etats qui ont encore l’illusion d’être souverains. Cet argument est corroboré par le fait qu’un hacking d’ampleur a eu lieu récemment en Turquie.

Les données de 50 millions de turcs ont été étalées dans la presse.

Panama papers: Manquent le goudron les plumes. Dossier

Les données personnelles de 50 millions de Turcs publiées sur internet

Panama Papers montre la massification des médias et leur globalisation. Les médias appelés mainstream, ceux qui sont considérés comme « officiels » et sérieux appartiennent généralement aux partenaires du Casino mondial de la Finance.  Ils se sont donc tout naturellement emparés d’un même mouvement du scandale.

Il est toutefois à craindre qu’ils aient servi de simples traits d’union entre le hacker inconnu plus ou moins fiable, plus ou moins bien intentionné. Ils ont dû retranscrire sans investigation ce que l’on a bien voulu leur donner comme information hors de tout contrôle d’un tribunal dont le nouveau Système n’a que faire.

 Panama papers couplés à la fuite des données turques constituent avant tout la pose d’un acte. Le nouveau Système basé sur la technologie y étale sa puissance, sa connaissance des individus personnellement et partant sa capacité de nuisance sur la place publique. Les politiques, gouvernants et autres top managers feraient bien de ne pas l’oublier.

Ainsi le secret bancaire  devient un lointain souvenir, le secret professionnel est impossible à garantir, la vie privé est violée inlassablement, quant aux droits fondamentaux de l’individu ils sont relégués aux oubliettes.

Adieu la démocratie et autres droits de l’homme théoriques ou réels et bienvenue dans le monde déshumanisé de la cybernétique.

Liliane Held-Khawam

Textes ci-dessous:

Panama Papers : comment a eu lieu le vol massif de données ?  Le monde informatique

Le piratage du serveur de messagerie du cabinet panaméen Mossack Fonseca a permis à des hackers inconnus d’extraire 2,6 To de données, dont 4,8 millions de messages électroniques et 2,2 millions de fichiers PDF.

Selon certains, en termes de volume d’informations volées, la fuite massive dont a été victime le cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca atteint un record. Les documents divulgués comporteraient de nombreux détails sur l’usage, par des dizaines de politiciens de haut rang, leurs proches ou leurs proches collaborateurs de plus de 40 pays, dont le Royaume-Uni, la France, la Russie, la Chine et l’Inde, de sociétés offshore à des fins d’évasion fiscale, autrement dit pour cacher leurs revenus et éviter de payer des impôts. Depuis dimanche, plus d’une centaine de journaux dans le monde publient des articles basés sur ces documents. Les chiffres : 11,5 millions de documents confidentiels couvrant une période qui s’étale des années 1970 jusqu’à la fin de l’année 2015 ont été volés. Dans ces 2,6 To de données, on trouve 4,8 millions de courriels, 3 millions de pages de tableurs, 2,2 millions de fichiers PDF, 1,1 million d’images (scans de passeports par exemple), et 320 000 documents au format texte (*).

Panama papers: Manquent le goudron les plumes. DossierQue s’est-il passé ? Les détails sont sommaires, mais un représentant de Mossack Fonseca a confirmé les informations selon lesquelles le piratage a été mené à partir de la messagerie. On ne sait pas comment il s’est produit, mais les tests réalisés par des chercheurs en sécurité externes suggèrent que le cabinet Mossack Fonseca n’a pas activé les protocoles de sécurité TLS pour chiffrer ses e-mails. « Il y a plusieurs façons de mener une attaque sur un serveur de mail », a expliqué Zak Maples, consultant en sécurité pour le cabinet-conseil en cybersécurité MWR InfoSecurité. D’après le consultant, il semble que le serveur lui-même a été compromis, et non les boîtes mail individuelles.

Pas d’attaque en force brute

« Compte tenu du volume de données volées, les pirates n’ont pas essayé d’entrer dans les boîtes mail du cabinet d’avocats panaméen en menant des attaques par force brute », a-t-il déclaré par courriel. « Pour parvenir à compromettre autant de ressources, ils ont probablement réussi à s’introduire plus largement dans les systèmes de l’entreprise », a ajouté le consultant en sécurité. « Par exemple, ils ont peut-être réussi à entrer dans le réseau de Mossack Fonseca et à s’octroyer des privilèges élevés d’administrateur de domaine ou d’administrateur de messagerie. Ensuite, ils ont utilisé ces privilèges pour accéder et télécharger toutes les données conservées sur le serveur de messagerie ».

Qui est le pirate ? La source est inconnue. Et les journaux qui publient des articles sur les documents fuités ne connaissent probablement pas son identité. La source aurait communiqué par tchat crypté et par email. Le cabinet Mossack Fonseca nie toutes malversations. Il se défend en disant qu’il a seulement conseillé des clients pour créer des entreprises légales. Selon Mossack Fonseca, « même si notre cabinet a été victime d’un vol de données, rien ne permet de dire, dans ces documents obtenus illégalement, que nous avons fait quelque chose de mal ou d’illégal. Notre réputation mondiale construite au cours des 40 dernières années témoigne que nous faisons des affaires en respectant les règles, », a indiqué le cabinet panaméen dans un communiqué. « De toute évidence, personne n’est très heureux de subir un vol, et nous avons l’intention de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les coupables soient traduits en justice ».

(*) Par la suite, pour organiser et pouvoir accéder à cette énorme base, récupérée par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung et partagée avec le consortium de journalistes ICIJ, une technologie open source a été mise à profit, celle de la base de données orientée graphe Neo4j, utilisée ici avec la plateforme de visualisation Linkurious. Ce type de base s’appuie sur la théorie des graphes pour stocker et représenter les structures et les interconnexions entre les données, ce qui permet de répondre à des requêtes complexes.

Panama Papers : Wikileaks attaque la crédibilité de l’ICIJ. Par Bruno Bertez

« Avant, de mon temps comme l’on dit, quand des articles et des dossiers de journalistes étaient payés ou sponsorisés, on avait l’honnêteté et l’obligation, de bien indiquer en haut des pages la mention « publireportage » et les pages étaient encadrées afin de bien faire ressortir le caractère spécial de ce qui était écrit.  » Bruno Bertez

Wilileaks, le grand site de révélations mondial s’étonne des pratiques de l’ICIJ et dénonce une opération de manipulation orientée.

La question centrale est de savoir qui s’arroge le droit de trier et de sélectionner ce qui doit être révélé au public. Bref qui a un comportement responsable ou ne l’a pas, et quels sont les critères de cette responsabilité.

C’est un débat crucial comme nous l’avons expliqué : le secret et la rétention donnent du pouvoir , du pouvoir de contrôle et de chantage.

Donc Wikileaks n’admet pas cette pratique et la soi-disant responsabilité à laquelle elle se réfère. Ceci le conduit à expliciter ses critiques.

Sur  Twitter, Wikileaks accuse ICIJ d’être une créature de Soros « Washington DC based Ford, Soros funded soft-power tax-dodge » which « has a WikiLeaks problem. »

Quand on publie une information il y a au moins deux aspects :

  • -Le premier c’est le contenu
  • -Le second c’est pourquoi on la publie

Toute publication correspond à une intention, à un désir : on veut quelque chose

Et c’est bien souvent le second point, le désir qui se cache derrière la publication qui est le point le plus important à élucider. Nul doute que la balle est lancée, non seulement il y a un travail d’investigation à faire sur le contenu des Panama papers, mais il y a un travail de vraie investigation, pas un travail de « passe plat », à faire sur l’origine de l’initiative, sur ses tenants et aboutissants et c’est cela qui est passionnant. Cela c’est de la vraie recherche.

La recherche journalistique ne consiste pas à rester assis sur son siège en attendant que des « balances » ou des services secrets viennent vous déposer des dossiers. Non, elle consiste à tirer sur les fils que l’on vous cache pour remonter à ceux qui veulent manipuler par le biais de la presse. Ici, les informations publiées sont payées, financées par un consortium de capitalistes Fabiens, c’est à dire partisans de la Troisième Voie , celle qui maintient l’exploitation des salariés, bien sûr, mais en atténue les effets par la répartition, les grands principes, bref, la vaseline.

Le capitalisme Fabien c’est le monde à deux vitesses, c’est la prolétarisation des classes moyennes, la fin de la souveraineté des peuples., c’est le Nouvel Ordre Mondial, le gouvernement mondial par l’oligarchie dont Soros est le phare, la vedette apparente.  Nous affirmons : le prête nom.

La lutte est entre le capitalisme « hard », le capitalisme de production, identitaire, et le capitalisme « soft », le capitalisme de marché financier, le capitalisme sublimé, sans frontière. Celui qui pressure mais le fait en utilisant les techniques du « soft power ».

La lutte est entre le capitalisme d’entreprise qui ose montrer son vrai visage et affirmer sa légitimité et ce capitalisme honteux, hypocrite qui se cache derrière les concepts d’ouverture, de modernité, de droit de l’homme etc

C’est maintenant très clair, nous sommes dans une lutte politique et géopolitique, les choses doivent être prises comme telles.

«Panama Papers»: les vraies questions restent sans réponse. Marie-Hélène Miauton

Depuis ce lundi, c’est la curée! Des noms célèbres sont livrés en pâture sans preuve de délit, alors qu’il faudrait se demander pourquoi des paradis fiscaux comme le Panama, mais tout autant le Delaware, peuvent encore exister. Alors, de quelle sorte de journalisme s’agit-il, se demande Marie-Hélène Miauton?

Dans l’affaire des «Panama Papers», il y a plus de questions sans réponses que de réponses à de vraies questions. Un personnage (dont le nom n’est pas révélé) livre (dans quel but et pour quelle contrepartie?) à la Süddeutsche Zeitung (pourquoi lui?) des fichiers volés (comment?) à un cabinet d’avocats panaméen spécialisé dans les sociétés offshore (pourquoi celui-ci?), voilà tout ce que les lecteurs ignorent.

Ils savent seulement que le journal allemand a confié à l’ICIJ, un réseau indépendant de journalistes basé à Washington, le soin de traiter cette masse de données. L’origine étasunienne de cette ONG explique-t-elle pourquoi il n’y a pas de leaders américains dénoncés? Certains s’aventurent à le penser, mais l’important est ailleurs.

Au moment ou Obama fait mine de s’attaquer au Delaware

Cette histoire éclate et vise Panama exactement au moment où Obama annonce sa volonté de mettre fin au régime fiscal opaque du Delaware (ce qu’on attend de voir, tant ces effets d’annonce sont rarement suivis d’effets chez l’Oncle Sam). Mais comment se fait-il que les USA, grands pourfendeurs de paradis fiscaux, la Suisse en sait quelque chose, n’aient pas fait le ménage chez eux plus tôt? Et pourquoi l’OCDE, dans sa grande remise en ordre des pratiques fiscales mondiales, a-t-elle fermé les yeux sur les paradis américains? Voilà ce qui serait important d’investiguer et non pas si M. ou Mme untel possède une société au Panama.

En somme, est-il plus grave que la femme d’un élu islandais ouvre un compte offshore, ou que le président démocrate de la première puissance mondiale tolère, depuis huit ans qu’il est au pouvoir, des paradis fiscaux hyperactifs sur son propre territoire, couvrant ainsi une véritable industrie de la fraude et du blanchiment, dans le même temps qu’il la dénonçait âprement ailleurs?

Poser la question c’est y répondre.

On fait peu de cas de la présomption d’innocence

Toujours est-il que des noms prestigieux ont été livrés en vrac au public, sans qu’un délit précis leur soit associé outre d’être détenteur d’une société offshore, chose qui n’est en soi pas illégale. Alors, de quoi ces gens sont-ils coupables? Rien n’en est dit mais les soupçons inhérents à ces montages parlent d’eux-mêmes. Alors que le mal est fait pour toutes les personnalités citées et salies, l’ICIJ prévient hypocritement qu’«il existe des raisons légitimes de créer des compagnies offshore et nombreuses personnes les déclarent à leurs autorités fiscales, comme le veut la loi». Le moins qu’on puisse dire, c’est que les journalistes qui respectent à la lettre la présomption d’innocence concernant les malfaiteurs et autres criminels, en font peu de cas lorsqu’il s’agit des puissants de ce monde. Les droits élémentaires des accusés que sont la confidentialité, l’assistance d’un avocat et la tenue d’un procès équitable sont ici bafoués. Les médias avaient pourtant une solution pour respecter ces principes: après avoir traité les données, ils pouvaient les remettre à leur Justice respective, la forçant ainsi à agir au risque de révélations ultérieures.

De quand datent les faits?

Autre grande question dans cette affaire: de quand datent les faits car, en statistique, cumuler des chiffres de 1977 à 2015, cela s’appelle du pipeau? Des graphiques synthétisant les données volées ont été diffusés, illustrant les établissements bancaires fournisseurs de clients au Panama. Bien entendu, la Suisse est aux premières loges. C’est grave et il est utile de le savoir si les faits sont postérieurs au grand nettoyage entrepris depuis 2010. S’ils sont antérieurs, c’est de la désinformation. Le saurons-nous?

Enfin, ne jouons pas les étonnés. Même si l’ICIJ affirme sur son site: «Ces histoires et d’autres que nous poursuivons servent l’intérêt public en démontrant la responsabilité de l’industrie offshore – une industrie qui a longtemps fonctionné dans l’ombre», il n’y a pas d’ombre du tout et ce qui est dévoilé sur les pratiques du Panama est archiconnu depuis longtemps et l’on peut citer par cœur les autres juridictions douteuses à travers le monde, de même que le rôle très actif de la Grande-Bretagne (encore dans l’UE jusqu’à nouvel avis) dans la mise en place de sociétés offshore et de trusts. En définitive, les révélations de cette semaine ne portent que sur les personnalités jetées en pâture au public qui s’en délecte, mais nullement sur les raisons expliquant pourquoi de tels paradis fiscaux existent encore, ni sur la duplicité des chefs d’Etats internationaux qui les permettent. Vu sous cet angle, «Panama Papers» relève plus d’un job de paparazzi que du journalisme d’investigation.

« Panama papers » : comment « Le Monde » a travaillé sur plus de 11 millions de fichiers

Le Monde et 108 médias internationaux ont commencé dimanche 3 avril la publication des « Panama papers », série de révélations sur les paradis fiscaux. Pendant près d’un an, nous avons travaillé sur une gigantesque base de données interne du cabinet panaméen Mossack Fonseca, l’un des leaders mondiaux de la domiciliation de sociétés offshore.

Lire aussi :   « Panama papers »  : une plongée inédite dans la « boîte noire » des paradis fiscaux

A quels documents « Le Monde » a-t-il eu accès ?

Comme tous les médias partenaires du Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ), Le Monde a eu accès à un peu plus de 11,4 millions de documents, pour un total de plus de 2,6 téraoctets de données. Soit plusieurs décennies de lecture jour et nuit si l’on veut aller d’un bout à l’autre de la base de données – sans compter la complexité de certains dossiers.

La première partie des documents constitue un registre des 214 488 structures offshore créées ou administrées par le groupe Mossack Fonseca entre sa création en 1977 et la fin de l’année 2015. Un registre qui pourrait être public, si le cabinet d’affaires n’était pas abrité dans des paradis fiscaux. Comme dans un document issu du registre du commerce en France, on y retrouve les dates importantes de la structure (création, dissolution), l’identité de l’intermédiaire financier qui est intervenu (banque, avocat fiscaliste) et les noms des actionnaires et administrateurs de la société – qui sont souvent des prête-noms.

A chaque société est également attachée une série de documents sous divers formats (PDF, images, documents Word, présentations Powerpoint, tableurs et même fichiers audio) qui renseignent parfois sur son activité et ses bénéficiaires réels.

Mais l’essentiel de la richesse de la base de données vient d’e-mails et de courriers scannés qui retracent le fonctionnement quotidien du groupe Mossack Fonseca. On y retrouve aussi bien des correspondances internes entre les employés du groupe que les communications avec leurs clients, qui en disent souvent bien plus que les documents administratifs.

Si l’immense majorité des documents sont en anglais (mondialisation des paradis fiscaux oblige), certains sont en français, en espagnol, en chinois et en russe.

La technologie a rendu possible l’exploration de cette masse immense de données. L’ICIJ a mis à notre disposition des outils performants pour effectuer des recherches dans les « Panama papers » (y compris les documents scannés, grâce à un système de reconnaissance textuelle). Un moteur de recherche nous a permis de naviguer plus facilement au sein des données, en partant d’un nom, d’une société ou d’une expression.

Pour faire face à une telle base de données, il existe deux types d’approche. La première est lancer une recherche à partir de termes qui peuvent permettre de tirer un premier fil. Par exemple, on regarde ce que met au jour le terme « passeport français », en espérant que la recherche pointe vers un nom connu, vers une société, vers une piste potentielle. On peut aussi rechercher des termes du jargon de Mossack Fonseca, comme « PEP » (« personne politiquement exposée »), « UBO » (« bénéficiaire économique ultime ») ou encore « Due Diligence » (vérification de l’identité du client).

La seconde approche, plus méthodique, requiert de créer des listes en amont. Plutôt que de rechercher « parlementaire français », il s’agit de récupérer la liste complète des parlementaires français, sur les sites de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Parlement européen, et de lancer une recherche systématique grâce aux outils mis en place par l’ICIJ.

Ainsi, outre une recherche méthodique sur les parlementaires français et européens, nous avons épluché la liste Challenges des 500 Français les plus riches (et son corollaire à l’international, la liste Forbes), les organigrammes des principaux partis politiques français, la liste des ministres français depuis les années 1980, les administrateurs du CAC 40, les personnalités préférées des Français, les personnes citées dans des affaires politico-judiciaires depuis 2000, les chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier ou encore les joueurs de l’équipe de France de football. Sans oublier les noms des actionnaires du Monde, qui ont été inclus dans ces recherches.

Quand un nom ou un thème présentait de l’intérêt en apparaissant dans la base de données, il a encore fallu s’atteler à décrypter toute la correspondance afférente à la coquille offshore visée. Quand une même personne détient cinq sociétés différentes dans autant de juridictions pour créer des montages financiers complexes, le temps de recherche et d’analyse pour comprendre les tenants et les aboutissants est exponentiel.

Si « Le Monde » ne cite pas un nom, cela signifie-t-il qu’il n’est pas dans la base ?

Pas forcément. Tout d’abord, parce que, malgré près d’un an de travail, nous n’avons pas eu le temps de fouiller l’intégralité des « Panama papers ». Très loin de là. Nous nous sommes surtout concentrés sur les périodes récentes, celles qui font tout l’intérêt de ces données par rapport à celles auxquelles nous avions eu accès dans les leaks précédents. De nombreuses recherches restent à effectuer, sur des listes de noms, ou des périodes plus anciennes.

Ensuite, parce que les outils à disposition, si performants soient-ils, ne sont pas infaillibles. Si une personne n’est citée que dans un document manuscrit scanné, il est possible que le moteur de recherche ne l’ait pas repérée, la rendant invisible pour nous, sauf par un heureux hasard. De même, certaines fautes d’orthographe ou certaines variantes dans la graphie des noms nous ont peut-être fait passer à côté de documents intéressants.

Entretien réalisé par 
Véronique Valentino Vendredi, 14 Juin, 2013 L’Humanité

Le nom de Denis Robert évoque immanquablement l’affaire Clearstream. Dans l’entretien qu’il a accordé à l’Humanité, il revient sur cette enquête qui lui a valu une soixantaine de procès et expose sa vision de la presse, des affaires. Il nous explique son rapport –pas simple– au journalisme et à la fiction, une composante essentielle de son œuvre.

Vous avez commencé en couvrant les faits divers, notamment l’affaire Villemin. Comment vous êtes-vous spécialisé dans les affaires politico-financières ?

Denis Robert. J’ai rencontré, je crois, en 1985, un journaliste de l’Est républicain, qui habitait Toul, et qui avait beaucoup de mal à sortir des magouilles de la municipalité de cette ville proche de Nancy. J’ai commencé à m’y intéresser et j’ai rapidement pensé que c’était l’essence même du travail de journaliste. Il y avait un intérêt supérieur à révéler ce genre d’affaires. C’était difficile, puisque je me heurtais au pouvoir local et que cela mettait en cause notamment des hypermarchés et un président de chambre de commerce. Après la publication du papier, il y a eu une plainte en diffamation et j’ai perdu. Mais cela a été extrêmement formateur, puisqu’une instruction a ensuite été ouverte et la justice m’a donné raison deux ans plus tard. Ce premier papier m’a ouvert un champ, celui des affaires politico-financières, qui n’était pas du tout traité par Libération. D’ailleurs, à l’époque, on parlait plutôt de fausses factures.

C’est l’affaire Clearstream qui vous a vraiment rendu célèbre. Comment vous êtes-vous engagé dans cette enquête titanesque ?

Denis Robert. Par une rencontre, encore une fois. J’étais arrivé à un moment de ma vie où j’étais résolu à arrêter les documentaires et les films sur l’argent et la politique. Mon chant du cygne, c’est Journal intime des affaires en cours, un film que j’ai écrit avec Philippe Harrel. À la fin, sur des images de Metz la nuit, avec des parkings déserts, je fais une métaphore, en voix off, sur les lapins, les chiens et les dingos. Quand les dingos sont arrivés en Australie, ils ont fait un carnage chez les lapins. Indirectement, les chiens en ont pâti car ils ne pouvaient plus se nourrir. Ils ont disparu. En revanche, les lapins ont été assez malins pour développer leurs pattes arrière et s’adapter à un nouvel écosystème. L’analogie était pour moi troublante avec la vie politique et démocratique. C’était ma vision, très noire, de la situation à la fin des années 1990. Les traders et les prédateurs financiers apatrides se jouant des frontières avaient gagné la partie. Les tenants du pouvoir – la bourgeoisie installée, les rentiers, les hommes politiques des grands partis – n’avaient rien vu venir, même s’ils continuaient à faire illusion dans un monde qui avait bougé. En revanche, je considérais que le peuple, lui, s’en sortirait, quitte à faire une révolution ou à vivre dans les caves. Le film se terminait donc sur l’idée que les prédateurs, ces voleurs de démocratie, avaient gagné la partie avec leurs modems puissants et que les plus forts des juges ne pouvaient rien contre cela. J’avais une vision parcellaire de ce qu’était l’univers financier, le problème des paradis fiscaux, etc. Et là, je rencontre Ernest Bakes au Luxembourg (un ex-responsable de haut niveau de Clearstream – NDLR)…

Qu’est-ce que ça change à ce moment-là ?

Denis Robert. Je découvre que les prédateurs, ces « dingos de la finance », sont piégés par l’informatique. Contrairement à ce que j’avais imaginé auparavant – c’est-à-dire que lorsque l’argent passe une frontière, il disparaît –, il y a une traçabilité des échanges financiers. Je découvre que les valeurs entrent dans une sorte d’immense ordinateur, qu’il y a des lieux centralisés où se dénouent les échanges financiers internationaux. C’est ma découverte de Clearstream. Je comprends à ce moment-là que le problème des paradis fiscaux est un leurre, l’enjeu étant le contrôle des chambres de compensation (1). Or, à l’époque, peu de gens savaient ce que c’était, même pas les juges. Plus grave, je découvre qu’une des deux chambres de compensation (Clearstream, l’autre étant Euroclear – NDLR) triche. Elle a mis en place une double comptabilité avec, à l’échelle internationale, un système industriel d’effacement des traces de transactions.(…)

Après cette enquête, vous sentez-vous plus pessimiste encore qu’en 1996 ?

Denis Robert. Non, j’ai vieilli de dix ans et parfois la vie réserve de belles surprises qui peuvent changer la donne. L’affaire Cahuzac en est une. Elle montre l’absolue légèreté de la classe politique et du Parti socialiste, qui est au pouvoir en ce moment. Il a fallu que ce ministre fasse ces aveux incroyables pour que, soudain, on redécouvre un certain nombre d’évidences et qu’on parle de travailler sur l’évasion fiscale. Cela dit, ce n’est pas fait de manière intelligente, surtout quand on sait que le lobby bancaire est le plus puissant du monde.

Il y a des tas d’affaires qui sortent, mais rien ne bouge. Croyez-vous encore au journalisme ?

Denis Robert. Ça dépend des jours. Et cette question est complexe car on ne peut y répondre qu’en pensant le journalisme comme une activité sociale en interaction avec d’autres champs sociétaux… Le journalisme va mal car la démocratie va mal. Le journalisme n’est pas le responsable de ce malaise. Il en est le symptôme. La raison principale pour laquelle j’ai quitté Libé, c’est parce que je ne me supportais plus en auxiliaire de justice. Ça peut paraître gratifiant de faire tomber un ministre, mais ce n’est pas le but du jeu. On l’a bien vu avec Cahuzac. Mediapart fait le boulot mais ensuite Plenel joue les procureurs en demandant l’ouverture d’une information. Et le proc s’exécute. On marche sur la tête. La France n’est pas le pire pays où le journalisme est en perte de crédit et de repère. Aux États-Unis, malgré les whistleblower (lanceurs d’alerte – NDLR) et Edward Snowden (2), je trouve la situation encore plus dramatique. Ce pays envoie quand même Bradley Manning (3) en cour martiale alors qu’il mériterait le prix Nobel du journalisme. Partout où la crise est la plus forte, le journalisme agonise. Regardez la Grèce, l’Espagne… Partout où la justice dysfonctionne, où les politiques sont trop aux ordres des magnats ou des lobbys, le journalisme doit se bagarrer, prendre des risques… Il y a une sorte de devoir supérieur d’informer surtout quand ça va mal… Le fait que Guéant ou Tapie et sa clique d’avocats soient au cœur de nouveaux scandales, c’est un double signal. Ça montre que la justice fonctionne un peu mieux aujourd’hui. Ça montre aussi que les journalistes, comme les juges, ont été en dessous de tout sous Sarkozy. Ce sont souvent les mêmes d’ailleurs dans les médias grand public. Je crois au journalisme, je crois aux livres, sinon je ne ferais pas ce que je fais.

Vous êtes en train de travailler sur la création d’un site d’information national avec une base régionale. Quel regard portez-vous sur la presse aujourd’hui ?

Denis Robert. Tous les modèles économiques de la presse sont en voie d’effondrement. S’il n’y avait pas les aides de l’État, tous les journaux disparaîtraient. Il est donc difficile de pratiquer un journalisme d’investigation ou de faire du journalisme, tout simplement. Le public est rétif à l’idée de payer une information. Mais les gens ne peuvent pas se plaindre d’être sous-informés et mettre en cause les journalistes s’ils ne paient pas. Une démocratie a besoin d’une presse indépendante, sinon elle meurt. Après, presse papier ou Internet, peu importe. Et le rôle d’un journaliste sera toujours de faire le tri entre ce qui est vrai ou faux. C’est un vrai métier. Personne ne croit vraiment à l’émergence d’un journalisme citoyen, bénévole, même si certaines informations viennent de là. À un moment donné, un travail de vérification est indispensable, et tout travail mérite salaire. Les journaux sont en train de mourir. Les vieux journalistes qui étaient des notables sont partis, et les jeunes qui les ont remplacés deviennent des « media workers », des petites mains qui travaillent soixante heures par semaine, sous-payées, pour produire une information de qualité médiocre. Mais je pense que de nouveaux modèles de journalisme vont émerger.

Qu’il s’agisse de vos livres, de vos films et même de vos toiles, il est souvent question du pouvoir et de l’argent. Quels rapports entretenez-vous avec la politique ?

Denis Robert. Je ne me sens pas militant. J’ai beaucoup de mal à aller manifester dans les rues. Chacun fait des choix dans sa vie, le mien n’est pas celui-là. On m’a proposé d’être tête de liste à des élections, au PS ou au Front de gauche. Peut-être qu’un jour j’aurai rendez-vous avec cela mais, pour l’instant, je côtoie un certain nombre de politiques et ils ne me font pas envie. Ils sont prisonniers de tas d’accords et n’ont plus cette liberté que j’ai aujourd’hui. Si je dois me lancer un jour en politique, ce qui m’intéresserait, surtout après Clearstream, c’est d’être député européen. Le Parlement européen est un vrai lieu de pouvoir où les lobbys sont surpuissants et où il faut se battre. Mais, pour l’instant, je n’ai qu’une vie et elle est déjà suffisamment occupée.

(…)

Un touche-à-tout ancré dans la Lorraine ouvrière  Denis Robert est né en 1958 en Moselle, d’un père électricien et d’une mère couturière. Son grand-père était mineur. Cet héritage ouvrier n’a cessé d’irriguer son travail, comme ce documentaire sur la lutte des sidérurgistes de Munch, dans les années 1980, réalisé en 2012. Fidèle à sa région, ce Lorrain qui voyage beaucoup vit toujours en Moselle. C’est d’ailleurs comme correspondant dans l’Est qu’il a débuté à Libération en 1983, après des études de psychologie. Il devient ensuite chargé des affaires politico-financières avant de claquer la porte de Libération en 1995.

Il publie, en 1996, Pendant les affaires, les affaires continuent et lance la même année l’Appel de Genève avec sept magistrats anticorruption. Outre l’écriture de nombreux essais et romans, il a réalisé des films comme le Cahier ou l’Affaire Clearstream racontée à un ouvrier de chez Daewoo, il a tâté du roman d’anticipation et de la BD. Ce touche-à-tout prépare un film sur Cavanna et s’apprête à sortir un nouveau livre à la rentrée. Une exposition de ses toiles est prévue à Paris en novembre.

(1) Une chambre de compensation sert au transfert international des valeurs inscrites sur les comptes 
des banques, à l’enregistrement des transactions 
et à leur archivage.

(2) Ancien agent de la CIA qui a révélé le système d’espionnage Prism mis en place par l’Agence nationale 
de sécurité américaine (NSA).

(3) Bradley Manning est le soldat américain accusé d’avoir transmis à WikiLeaks des documents militaires américains confidentiels classés secret-défense.

Liliane HeldKhawam
Bienvenue sur le blog personnel de Liliane Held-Khawam! Vous trouverez ici plusieurs publications parues dans la presse ou dans des revues spécialisées. Liliane Held-Khawam est née à Héliopolis (Egypte) et a vécu au Liban, en France, Suisse, Etats-Unis.

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