Ils sont près de 5 millions d’Italiens touchés. Chez les enfants, 1 sur 10 est concerné.

L’économie italienne se redresse lentement après trois ans de récession, mais ses stigmates se font encore sentir. L’Istat a enregistré un nombre record depuis dix ans d’Italiens en situation de pauvreté absolue, l’impossibilité de se procurer des biens de première nécessité et de se loger décemment. En 2015, plus de 4,5 millions de personnes et 1,5 million de familles (7,6 % de la population) étaient concernées, mais pas toutes de la même manière. Le seuil de pauvreté absolue est ainsi fixé à 552 euros par mois pour un célibataire vivant dans une zone rurale du Mezzogiorno, tandis qu’il est de 1.910 euros pour une famille de 4 personnes résidant dans le centre-ville de Milan.

Ce sont d’ailleurs ces dernières qui ont le plus souffert de la crise, avec un taux passant de 5,9 % en 2014 à 8,6 % en 2015, mais aussi les familles d’étrangers (de 23,4 % en 2014 à 28,3 % en 2015). Les jeunes sont également les plus affectés. Le nombre de ceux vivant dans l’indigence a triplé par rapport à celui des personnes âgées et 1 enfant mineur sur 10 vit dans la pauvreté absolue en Italie, alors que 3,9 % d’entre eux étaient affectés en 2005. La pauvreté relative, elle, ne recule pas et demeure stable avec 2,67 millions de familles concernées, soit 10,4 % de celles résidant dans le pays et 13,7 % de sa population.

La Codacons, qui rassemble les associations de consommateurs, parle d’une « honte nationale qui humilie l’Italie et les Italiens » et appelle Matteo Renzi « à adopter d’urgence un plan antipauvreté »... Le pays ne dispose pas de prestation sociale équivalente au revenu de solidarité active (RSA) français. C’est d’ailleurs le cheval de bataille du Mouvement cinq étoiles qui promet d’instaurer un revenu citoyen mensuel de 780 euros au minimum pour une personne seule, à 1.950 au maximum pour un foyer avec enfants.

Le gouvernement lui préfère le SIA (« sostegno per l’inclusione attiva ») pensé en 2013 et mis en place ce mois-ci par l’actuel ministre du Travail, Giuliano Poletti. Il prévoit une indemnité de 320 euros par mois destinée à 180.000-220.000 familles en difficulté, soit près de 1 million de personnes dont la moitié sont des enfants. Les bénéficiaires s’engagent à participer à des programmes de formation professionnelle et à trouver un emploi mais aussi à scolariser les mineurs. 750 millions d’euros ont déjà été dégagés dans le budget 2016, ressources qui passeront à 1 milliard d’euros l’an prochain. Le gouvernement espère ainsi pouvoir venir en aide rapidement à la totalité des enfants vivant sous le seuil de pauvreté.

Olivier Tosseri, Les Echos

4 banques italiennes en faillite, les épargnants échappent de justesse à la ponction de leurs comptes…, décembre 2015 businessbourse.com