[embedded content] Invité par TV Finance, une chaîne 100% web spécialiste des marchés financiers, le Dr. Martin Blachier parle de l’entreprise qu’il a cofondée et de ses potentialités en matière de santé publique. Il est aussi expert auprès des médias français en matière de santé publique. « Martin Blachier, co-fondateur de PH Expertise (Public Health Expertise) présente la société lancée par des médecins et qui est spécialisée dans les prévisions économiques des dépenses de santé. Un modèle intelligent de simulation mathématique qui permet de calculer à l’avance, l’impact économique d’un nouveau traitement, d’une campagne de vaccination, du remboursement d’un médicament pour des industriels du secteur santé. Une activité profitable et qui devrait dégager cette année 1 million d’euros
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Je suis tombée sur cette vidéo où un grand spécialiste très précis dans son argumentaire se retrouve confronté par la grâce des médias financiarisés à un interlocuteur très agité et à court d’arguments.
Comment pareille situation est-elle possible? Pourquoi ce jeune homme est-il convié pour débattre avec des professionnels de la santé de premier plan? Mon instinct m’a poussée à gratter un peu. Voici ce que j’ai découvert.
Le CV de Martin Blachier
Le nom de cette coqueluche des plateaux-télés est Martin Blachier, et il affiche les données qui suivent sur son compte Linkedin.
Formation
2009-2013: Obtention d’un diplôme Medical Doctor de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, avec un Domaine d’études specialized public health. (Phrase affichée: Années de fréquentation ou date prévue d’obtention du diplôme 2009 – 2013)
2011 – 2012: diplôme Master’s degree, domaine d’études epidemiologie & statistiques, University Paris XI.
2010 – 2011: Mastère Strategy and Managment of Health Industies, Domaine d’études Market Access, ESSEC – ESSEC Business School. Thesis: Risk Management in Health Industries: Coopetitive approach
Expérience professionnelle
- nov. 2009 – mai 2010 (7 mois) Sanofi-Aventis, RMP officer junior, Lieu Global Pharmacovigilance and Epidemiology: Participated in Risk Managment Plan redaction//Litterature review on drug-drug interactions
- mai 2010 – mai 2011 (13 mois): INSERM, Lieu HEGP and Hospital Pitiè Salpétrière: Research in cardio-vascular epidemiology at U970 //Research in neuro-epidemiology at U708
- mai 2011 – nov. 2011 (7 mois) Assistance publique- hôpitaux de paris, lieu Henri Mondor – Créteil, Charged of analyzing data from DESIR cohort (sondyloarthritis), Charged of analyzing data from a cohort of dement elderly (neuropsychiatric syndromes), Clinical research protocols redaction, Methodological staff
- nov. 2011 – mai 2012 (7 mois): Merck, Lieu Région de Paris, France, Medico-economics models and post inscription studies in medical affairs and market access units
- mai 2012 – oct. 2012 (6mois): Project leader, Haute Autorité de Santé, lieu Saint Denis, In charge of post-authorization studies evaluation within ISPEP group, Redaction of methodological guidelines
- nov. 2012 – juin 2013 (8 mois): Medical advisor, Ministère des solidarités et de la santé, Princing (Pricing?) at CEPS*, Managed entry agreements negociation, Medico-economic evaluation, HTA, « Liste en sus » management, Lieu Paris
- mai 2013 – nov. 2013 (7 mois): HTA officer at CEDIT, AP-HP, Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, Lieu Région de Paris, France , HTA evaluation under supervision of Pr Loïc Guillevin and Dr Alexandre Barna
- mai 2012 – Aujourd’hui (8 ans et demie) : Associé et Managing partner, Public health expertise/ PHE, Medico-economic evaluation, Market access consulting, Original scientific production in relation with academic experts
*Le Comité économique des produits de santé (CEPS), organisme interministériel placé sous l’autorité conjointe des ministres chargés de la santé, de la sécurité sociale et de l’économie, est principalement chargé par la loi de fixer les prix des médicaments et les tarifs des dispositifs médicaux à usage individuel pris en charge par l’assurance maladie obligatoire.
** A relever les mois qui se retrouvent dans 2 périodes correspondant à des activités différentes. (note LHK)
Le CV du professeur Jean-François Toussaint
Il a publié plus d’une centaine d’articles de recherche, portant notamment sur la physiologie vasculaire et la détection des pathologies du cœur et des vaisseaux par les techniques d’imagerie non invasives les plus récentes.
Extrait de son parcours (Wikipédia)
« il obtient un DEA de biologie moléculaire en 1990 dans le laboratoire de Ketty Schwartz et un doctorat de sciences en 1995. Celui-ci porte sur le développement de l’IRM fonctionnelle dans le diagnostic des maladies cardiovasculaires, travaux menés au Massachusetts General Hospital de Boston, et soutenus par la première bourse Harold M. English de l’université Harvard. Après sa thèse de science, il devient cardiologue et professeur de physiologie à l’université Paris Descartes2.
Il a organisé les États généraux de la prévention en 2006 pour le compte du ministère de la santé, rédigé plusieurs rapports et plan nationaux de prévention dans les domaines sanitaire et sportif (nouvelles stratégies de prévention 3, PNAPS 4) et présidé le Groupe Expert « Sport, santé et participation » de la Commission Européenne 5.
Fondateur du Groupe Adaptation et Prospective du Haut Conseil de la santé publique, il participe aux travaux de nombreuses commissions de prospective sur la santé en France (HCSP, INPES, Académie Nationale de Médecine) au regard des pathologies émergentes et des adaptations à prévoir. Il a été porte-parole de la Fédération Française de Cardiologie pour l’organisation des États Généraux du Cœur et participé au conseil d’orientation du Musée de l’Homme durant toute sa rénovation. »
Comparaison des 2 parcours Blachier-Toussaint
Alors que la télé veut nous faire croire que les intervenants se valent, les 2 CV montrent qu’il n’en est rien n’est-ce pas?
La lecture du CV de M Blachier ressemblerait à une liste de stages/projets/CDD dans le domaine de l’épidémiologie. Les dates concordent d’ailleurs avec la période correspondant à l’obtention de son titre médical (cf 1er point de sa formation.) De plus, durant cette période, il suit 2 masters coup sur coup dont un à l’ESSEC- Business school.
M Blachier, Managing Partner de Public Health expertise?
En plus de ces activités et formations multiples, M Blachier a trouvé le temps à 28 ans de cofonder, avec M Henri Leleu, une société qui porte le nom de Public Health expertise, PHE, dont il devient le managing partner. Jusque-là la chose est envisageable.
Cette entreprise PHE gère un portefeuille de clients globalisés (organisations systémiques, mondialisés, et financiarisés). Cela est aussi envisageable.
Ce qui est moins évident à vendre à un esprit normalement sain, c’est sa place de relai influent entre les autorités sanitaires et le marché de la haute industrie pharmaceutique. Son influence à la fois sanitaire et politique semble même impressionner la journaliste de TV Finance.
Nous voilà donc avec une société fondée en 2012 par un médecin junior, qui représente un poids déterminant auprès du pouvoir public. Au vu du CV du managing partner, la question de la raison d’être de la chose est posée? Une autre question au moins aussi importante existe. HPE bénéficie d’une base de données importante. Or, rien dans le CV de cette jeune et très petite société privée ne peut justifier une collecte de données. Qui les lui a fournies?
La réponse se trouve peut-être dans la version de leur site de 2013. PHE explique ceci: » La santé publique, c’est aussi l’évaluation et le suivi de la santé. Avec Internet et les réseaux sociaux, une multitude de données à peine exploitées sont aujourd’hui disponibles. Il en va de même pour les grandes données produites par les assurances maladie, les pouvoirs publics, les dossiers médicaux électroniques… Avec les outils de données de grande taille appropriés, de précieuses informations qualitatives et quantitatives peuvent être extraites pour l’évaluation et la prise de décision. C’est pourquoi nous développons continuellement de nouvelles solutions technologiques pour rendre cette richesse de données exploitable. Nous pensons que ces solutions peuvent améliorer considérablement nos connaissances.
Nous pensons également que les nouvelles technologies telles que les téléphones intelligents peuvent révolutionner l’accès à la promotion de la santé et à la prévention des maladies. C’est pourquoi nous avons fortement investi dans le développement d’applications de santé plus intelligentes, meilleures et accessibles. Nous, les centaines de millions d’utilisateurs, et d’autres à venir, les smart phones seront les futurs supports de promotion de la santé et de prévention personnalisés et accessibles.«
7 ans plus tard le site présente sa vision dont voici un extrait: « Public Health Expertise possède une vaste expérience dans le développement de modèles de simulation dans divers domaines thérapeutiques et est reconnue comme une équipe d’experts, capable d’interpréter et de mettre en œuvre des données réelles, des preuves basées sur des essais cliniques et des avis d’experts cliniques dans des modèles mathématiques de pointe.
La modélisation mathématique et la simulation sont une approche qui vise à imiter des systèmes réels. La conceptualisation et la traduction en algorithmes de simulation des processus étudiés permettent de prédire l’évolution et d’explorer leur réaction aux changements in silico.«
Exemple de leur modélisation
Et si HPE était une boîte de lobbyistes au service de la Big Pharma?
Au vu des données en dur qui précèdent, la question qui se pose serait de savoir si cette entreprise privée, placée au bon endroit entre l’autorité sanitaire et le marché de la Big pharma n’est pas qu’au final une simple boîte de lobbying. Des facilitateurs revêtus de modèles et d’un jargon technique qui ne sont que des traits d’union publics-privés ?
Financiarisation de la santé publique
Nous posons la question de la financiarisation de la santé publique sur la table. Elle est centrale à toute gouvernance « publique » ainsi qu’à l’avenir des soins publics qui seront réservés aux plus défavorisés d’entre nous.
Quelques extraits du livre Dépossession qui traitent de financiarisation
- La financiarisation est la: « Tendance à faire des marchés des dispositifs d’évaluation et d’échange de tous les actifs : non seulement ceux des entreprises mais aussi ceux qui constituent le patrimoine des particuliers, des entreprises ou encore celui de l’État. Les marchés deviennent ainsi les évaluateurs directs ou indirects de toutes les « valeurs », bien au-delà de ce que l’on appelait naguère des valeurs « économiques ». L’éthique par exemple, intervient désormais dans l’évaluation des entreprises et autres investissements dits « socialement responsables ». Et de même pour le talent, le génie, l’originalité, la compétence, etc. »Définition IREPP
- L’affaiblissement de la démocratie et la mise en place d’un nouveau profil de dirigeants, souvent technocrates et de forte proximité avec la haute finance, ont induit une mutation du management du secteur public. Ce pas fut essentiel pour favoriser une révolution culturelle du management du secteur public qui autorise le favoritisme et la différenciation entre acteurs économiques et financiers. Ce changement de mentalité a permis à ses dirigeants de rendre les ressources nationales publiques -y compris dans le domaine monétaire- accessibles, à des conditions plus qu’attractives, à certaines entités privées aussi bien locales qu’internationales, via le marché de la haute finance internationale (financiarisation).
- Fascinés par le mode de fonctionnement de l’entreprise, les dirigeants politiques ont progressivement « corporatisé » l’administration de l’État et de l’espace public en général, toujours sous l’égide du marché de la finance globale. Ce faisant, les populations et l’intérêt général qui leur est associé, ont été soumis aux intérêts de l’entreprise privée, et à ses critères de performance financière. Or, le plus participatif et réussi des managements d’entreprise est un système totalitaire, dès lors qu’il est transposé à la sphère publique. Et pour cause, un homme libre ne peut être traité comme un collaborateur salarié soumis aux impératifs économiques et financiers de son employeur.
Et voici ce que nous en dit le site de Public Health expertise: « Depuis 10 ans, les industriels et les pouvoirs publics nous font confiance pour déterminer la valeur réelle de toute intervention sur la santé des personnes.
Toute discussion de la valeur se prépare par une modélisation des alternatives et le calcul de l’ensemble des impacts associés. »
Qui finance Public Health Expertise?
C’est Nexus qui nous livre l’info sur un plateau: « Depuis sa création en 2012, Public Health Expertise a reçu 882 205 € de Big Pharma dont 120 600 € de Gilead, le fameux promoteur du Remdesivir. Le tableau ci-dessous vous présente la fine fleur des big pharma.
Qui dirige légalement Public Health expertise?
Le docteur Martin Blachier n’est pas présenté dans Société.com en tant que managing partner de la société Public Health Expertise. C’est son associé, Henri Leleu, qui représente légalement la société.
Une entreprise Relations Publiques et Com de la galaxie Blachier-Leleu
Puisque M Blachier n’est pas inscrit sous PHE, Nous avons recherché M Blachier lui-même dans le moteur de Société.com. Et là, nous l’avons trouvé inscrit pour 2 entreprises.
Mais il aurait pu y avoir 2 Martin Blachier à Paris. Alors voici quelques informations pour lever le doute.
DIGIMED
Digimed est une société constituée en décembre 2019. Nous retrouvons simultanément les noms Leleu et Blachier dans une activité compatible avec celle de PHE.
Dès le mois d’août, cette entreprise va annoncer de manière anticipée une cessation d’activité et la dissolution de la société. La rubrique Mandataires sociaux affiche: Président partant : Leleu, Henri ; modification du Liquidateur Blachier, Martin. Plus de détail sur la mise en liquidation anticipée de Digimed ici
http://entreprises.lefigaro.fr/digimed-75/entreprise-882005788
Une Clinique du Visage
La Clinique du Visage est un des établissements appartenant à BLV Group. Et voici qu’un M Martin Blachier en est le dirigeant.
PHE, La Clinique du Visage, et Martin Blachier possèdent une adresse commune: 25 RUE COQUILLIERE à PARIS 1 (75001)
Voilà donc un petit topo sur le profil d’une des personnes qui chuchote à l’oreille du gouvernement pour nous mettre sous confinement. Pendant ce temps, nombre de véritables experts sont décrédibilisés publiquement!
Dernière question, si l’on ajoute la présence intense sur les plateaux de télés, on est en droit de se demander où un expert tel que M Blachier trouve le temps d’élaborer ses modèles? La tentation serait grande de supposer que les modèles soient importés d’Oxford ou de l’Université Johns Hopkins. Et si cela devait s’avérer juste, pourquoi paie-t-on des intermédiaires privés? A chacun de se faire son opinion.
Liliane Held-Khawam