Kenneth Roth est un procureur général américain et le directeur exécutif de Human Rights Watch depuis 1993. Wikipédia Publié jeudi 2 avril 2020 à 18:53 Les restrictions imposées pour combattre la crise sanitaire due au coronavirus inquiètent les défenseurs des droits fondamentaux. Elles pourraient durer bien au-delà de la fin de la pandémie. Directeur exécutif de Human Rights Watch, Kenneth Roth rappelle les effets encore durables de telles mesures aux Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 Le Covid-19 est-il l’occasion rêvée pour les autocrates en puissance de renforcer leur pouvoir? Certains scientifiques voient une corrélation entre une plus forte prévalence de maladies au sein d’une population et un surcroît de politiques autoritaires. Guantanamo toujours
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Publié jeudi 2 avril 2020 à 18:53
Les restrictions imposées pour combattre la crise sanitaire due au coronavirus inquiètent les défenseurs des droits fondamentaux. Elles pourraient durer bien au-delà de la fin de la pandémie. Directeur exécutif de Human Rights Watch, Kenneth Roth rappelle les effets encore durables de telles mesures aux Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001
Le Covid-19 est-il l’occasion rêvée pour les autocrates en puissance de renforcer leur pouvoir? Certains scientifiques voient une corrélation entre une plus forte prévalence de maladies au sein d’une population et un surcroît de politiques autoritaires.
Guantanamo toujours ouverte
Le prolongement des confinements, l’engagement de l’armée et de la police pour les faire respecter, la suspension apparemment temporaire des parlements au profit du pouvoir exécutif sont des mesures sans doute nécessaires. Mais leurs effets à long terme inquiètent. Des mesures d’exception sont nécessaires face à l’urgence sanitaire de la pandémie de SARS-CoV-2. Montesquieu ne disait-il pas: «Il y a des cas où il faut mettre, pour un moment, un voile sur la liberté comme on cache les statues des dieux.» Selon les défenseurs des droits fondamentaux toutefois, nombre de libertés qui sont au cœur des démocraties, liberté d’expression, d’association, de manifestation, de la presse, etc. sont en danger. Ils tirent la sonnette d’alarme.
Directeur exécutif de Human Rights Watch (HRW), Kenneth Roth le dit sans ambages:
Le New-Yorkais a pu observer ce phénomène:
Le Patriot Act américain a laissé des traces.
Dans le contexte du Printemps arabe, en 2011, les peuples ont pu s’exprimer l’espace de quelques mois, mais lorsque la répression s’est mise en route, il a été écrasé. «Or aujourd’hui, le Printemps arabe a vécu. Mais, poursuit Kenneth Roth, les mesures d’exception sont toujours là. L’Egypte est un Etat policier, la Syrie mène une guerre désastreuse.»
Abus de l’état d’urgence en France
Les organisations de défense des droits humains ont dénoncé à l’époque les abus de l’état d’urgence en France au lendemain des attentats terroristes de novembre 2015. Les dispositions d’exception prises à cette période appartiennent désormais au droit commun. Quand le président Emmanuel Macron déclare que «nous sommes en guerre» contre le coronavirus, la métaphore est forte et susceptible de sensibiliser un public au vrai danger de la pandémie. Mais un tel vocabulaire guerrier pourrait justifier des mesures répressives «et transformer une crise sanitaire en crise sécuritaire», prévient Florian Bieber dans Foreign Policy.
Face au Covid-19, la Chine a limité comme peu d’autres les libertés individuelles en usant du bâton autoritaire. Les démocraties limitent elles aussi ces libertés au nom du combat justifié contre la pandémie. Tout est question de proportionnalité. Ces jours-ci, la Corée du Sud est montrée en exemple pour son dépistage systématique qui a permis de contenir la propagation du Covid-19.
Séoul «a transmis des informations détaillées et très claires sur le mouvement de personnes à tout individu qui aurait pu avoir des contacts avec eux», nuance toutefois le directeur de HRW.
L’une des libertés qui préoccupent les tenants de la démocratie, ce sont les élections. A commencer par les Etats-Unis. Donald Trump laisse planer le doute bien que la Constitution soit claire à ce sujet, obligeant le président sortant, s’il n’est pas réélu, à quitter la Maison-Blanche en janvier 2021. En Serbie et en Macédoine du Nord, les élections d’avril sont repoussées, comme les élections locales de mai au Royaume-Uni. Florian Bieber est catégorique: «Renvoyer des élections pendant des mois est susceptible de priver lesdits gouvernements de leur légitimité et de permettre à des autocrates d’exploiter ces retards pour renforcer leur pouvoir.»
Stéphane Bussard