Le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, le barrage de la Renaissance est en cours de construction en Éthiopie, et plus précisément dans le Benishangul-Gumuz sur le Nil bleu. En 2022, sa capacité de production électrique devrait atteindre les 6000 MW. Convoitises et conflits en perspective. Très bonne vidéo introductive sur les enjeux du moment de cette zone de l’Afrique. [embedded content] L’eau, ressource d’une valeur inestimable… Peu importe les conséquences environnementales de cette construction pharaonique. Avoir sous la main un volume de 10 000 000 m3, avec un réservoir de stockage de 79 km3 pour une surface d’eau de 1 561 km2, représente une richesse qu’aucun PIB ne peut rivaliser! Nous avons là une richesse inestimable. Cette ressource devenue rare est doublée d’une
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Très bonne vidéo introductive sur les enjeux du moment de cette zone de l’Afrique.
L’eau, ressource d’une valeur inestimable…
Peu importe les conséquences environnementales de cette construction pharaonique. Avoir sous la main un volume de 10 000 000 m3, avec un réservoir de stockage de 79 km3 pour une surface d’eau de 1 561 km2, représente une richesse qu’aucun PIB ne peut rivaliser! Nous avons là une richesse inestimable.
Cette ressource devenue rare est doublée d’une deuxième richesse, celle issue de la production d’énergie propre estimée à 6’000MW! A l’heure d’une connectivité omniprésente, et de la promotion de mobilité électrique, toutes les deux hautement énergivores, le projet peut être qualifié de stratégique et même essentiel.
Alors, non l’impact environnemental ne pèse pas lourd dans la balance, pas plus que le déplacement de 20’000 personnes, ou les sacrifices demandés au peuple pour le financement du projet.
Les coûts étaient devisés depuis le début à hauteur de 4 milliards de dollars, soit 15% du PIB de l’Ethiopie. On y découvre dès le départ des multinationales européennes comme parties prenantes, dont les inusables conglomérats italiens, ou français (turbines Alstom), mais aussi les banques chinoises. Celles-ci avaient avancé1,2 milliards de $ pour le financement du projet, et le solde des coûts restant à la charge de l’Etat. Entre émission de bons et baisse des salaires des fonctionnaires, l’effort qui a pesé sur les épaules du peuple éthiopien a été, est, et sera considérable.
https://www.straitstimes.com/business/china-lends-ethiopia-s12b-for-mega-dam-power-lines
Avec l’arrivée au pouvoir du premier ministre Abiy Ahmed Ali, après trois ans de manifestations, de répression et d’état d’urgence, le projet qui semblait exalter la Nation éthiopienne semble voué à la privatisation.
https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2018-2-page-161.htm
Le nouveau premier ministre ne cache pas son idéologie pro-business et pro-marché, reléguant ainsi les slogans « L’Ethiopie d’abord » de son prédécesseur au vestiaire. Ainsi un train de mesures de privatisation est annoncé, dont l’ouverture du capital-actions d’Ethiopian Airlines, d’Ethiotelecom, de nombreux hôtels, … et de METEC.
METEC, pour Metals and Engineering Corporation, est une société éthiopienne dirigée par l’armée. Elle fut créée en 2010 et avait pour mission de gérer le fameux barrage. Et le nouveau gouvernement a l’intention d’en ouvrir le capital au… marché.
En début d’année 2019, le gouvernement a confié des contrats pour exécuter les travaux de METEC à un groupe de sociétés étrangères, notamment l’Italien Salini Impregilo SpA SALI.MI, GE Hydro France (transfert de Alstom est aussi passé passé par là), la Chine Gezhouba Group Corp, Voith Hydro Shanghai et la Chinoise Sinohydro CorpSINOH.UL. Nous pouvons donc supposer que le malheureux peuple éthiopien qui a été lesté d’une dette et qui a payé de son salaire va voir le fruit de ses efforts privatisé.
D’ailleurs, ce projet qui semblait au départ boudé par la communauté internationale est chapeauté actuellement par une pointure issue de la Communauté internationale. Il s’agit d’un spécialiste de premier plan des questions hautement stratégiques de gestion de l’eau, de Développement durable, le tout sur fond de changement climatique. En effet, le ministre de l’eau, le Dr. Seleshi Bekele détient un CV impressionnant dans les domaines que couvrent le barrage. Il est surtout imprégné par le Développement durable qui prône la collectivisation des ressources naturelles et leur transfert aux mains des multinationales globalisées (Nous sommes là dans les concepts décrits dans Dépossession et Coup d’Etat planétaire).
Dr. Seleshi Bekele Awulachew, Ethiopia’s Minister of Water, Irrigation and Energy, has 30 years of experience in leadership, research, teaching, and advisory work in the areas water, energy, land, climate change, capacity development, and policy. The Ministry has a significant portfolio in advancing water and energy development in one of the most rapidly growing developing countries in Africa. Ethiopia is putting in place the unique development partnership models for achieving rapid water supply and sanitation targets, as well as water for advancing rapid irrigation development to ensure national food security. Ethiopia is currently developing the biggest hydropower dams in Africa, which will generate 6,000 megawatts. Early in his career, Dr. Bekele Awulachew was Dean and CEO of the Arba Minch University in Ethiopia, where he established graduate programs in dams and hydropower, irrigation and drainage, water resources and hydrology. He taught courses in hydropower, water resources, watershed management, and environmental impact assessment in Ethiopia and Germany. Subsequently, for seven years, Dr. Bekele led the regional office of the International Water Management for the Nile Basin and East Africa, where he also served as a Senior Researcher, based in Addis Ababa. He developed this office from a small group into a major regional research hub, which still flourishes today. He also acted as a lead editor of the first comprehensive book on the Nile Basin, Nile River Basin: Water, Agriculture, Livelihood and Governance, coordinating the efforts of over 45 scientists from Africa and other regions. He then joined the United Nations System, where he first worked for the Economic Commission for Africa (UNECA) as a Senior Water and Climate Change Specialist and then at the UN headquarters in New York as Interregional Advisor in the Division of Sustainable Development in the Department of Economic and Social Affairs (DESA). At the United Nations, he contributed to mainstreaming sustainable development in national development plans of the member states in Africa, Asia, Latin America, and the Caribbean. He was educated as a civil engineer at Addis Ababa University and received his master’s degree in hydraulic engineering and hydrology at the University of Newcastle upon Tyne, United Kingdom. He holds a Ph.D. in water resources and hydraulic engineering from Dresden University of Technology, Germany.
Très dynamique le ministre Bekele initie aussi des constructions de pipelines avec le pays voisin qu’est le Soudan. En effet, nous découvrons que le Soudan et l’Éthiopie ont convenu « de mettre en place un oléoduc commun pour desservir les deux pays.
Cela s’est produit lors d’une réunion tenue par le ministre soudanais de l’Énergie et des Mines, Adel Mohamed Ibrahim, avec son homologue éthiopien, Seleshi Bekele, à Addis-Abeba, (…) .
Selon l’agence officielle de presse soudanaise (SUNA), Ibrahim a expliqué que Khartoum et Addis-Abeba inviteraient Juba à «co-établir une autre branche du pipeline pour le prolonger jusqu’à l’État du Sud-Soudan, au profit des populations de la région». . « (…)
Il a poursuivi: «La partie éthiopienne a également présenté un deuxième projet, un partenariat avec la Soudanaise Nile Petroleum Co. Ltd., et l’Éthiopie présentera une proposition écrite concernant ce partenariat.»
Ibrahim a également souligné que « la réunion a également discuté du projet d’expansion de Port-Soudan (Est du Soudan) afin de pouvoir accueillir un certain nombre de navires et de pétroliers. »
La réunion a également abordé «la coopération technique entre le Soudan et l’Éthiopie dans les domaines de l’exploration, de la mise en valeur, de l’information et de la formation pétrolières».
L’Ethiopie semble représenter subitement un intérêt, et peut-être un enjeu, international. A savoir que le premier ministre Abiy Ahmed Ali qui est est au pouvoir depuis 2018 a reçu ce novembre le prix Nobel de la paix 2019. Nous pouvons supposer donc que la Communauté internationale semble contente des changements pro-marché qui se profilent en Ethiopie, sur fond de promesses de prospérité…
Gageons qu’une autoroute est en train de se construire pour ramener la gestion de l’eau du Nil bleu, ainsi que toute thématique liée à l’énergie, à un niveau supranational… corporatisé bien sûr.
Liliane Held-Khawam
Mise-à-jour