[embedded content] L’argent sale de la mafia au service de la planète finance. Extraits de Dépossession « Nous avons dû lutter contre les vieux ennemis de la paix – le monopole industriel et financier, la spéculation, la banque véreuse, l’antagonisme de classe, l’esprit de clan, le profiteur de guerre. Ils avaient commencé à considérer le gouvernement des États-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé. »[1]. Ces mots du président Roosevelt sont plus que jamais d’actualité. Le marché de la haute finance est gangréné par toutes sortes de pratiques délictueuses qui vont de la corruption de représentants publics à la présence de la mafia mondialisée.
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L’argent sale de la mafia au service de la planète finance. Extraits de Dépossession
« Nous avons dû lutter contre les vieux ennemis de la paix – le monopole industriel et financier, la spéculation, la banque véreuse, l’antagonisme de classe, l’esprit de clan, le profiteur de guerre. Ils avaient commencé à considérer le gouvernement des États-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé. »[1]. Ces mots du président Roosevelt sont plus que jamais d’actualité.
Le marché de la haute finance est gangréné par toutes sortes de pratiques délictueuses qui vont de la corruption de représentants publics à la présence de la mafia mondialisée. L’argent de la mafia serait même devenu indispensable à la stabilité des marchés économiques et financiers. On l’estime à un montant annuel de l’ordre de 600 à 700 milliards d’euros. De fait, diverses études montrent que la haute finance globalisée souffre d’addiction à cet argent facile et pléthorique. Du coup, non seulement, le marché de la finance et ses capitaux sont gangrénés par l’argent sale, mais les grands chefs mafieux savent qu’ils sont en position de force.
Les activités mafieuses[2] génèrent des sommes colossales qui seraient en forte croissance[3]. Les quatre mafias italiennes réaliseraient ainsi à elles seules un chiffre d’affaires annuel de 130 à 180 milliards d’euros! Au plan mondial, on peut compter sur 300 à 500 milliards d’euros pour le narcotrafic, 150 à 250 milliards pour celui des contrefaçons, 40 à 80 milliards pour la prostitution et la migration clandestine, et enfin 25 à 50 milliards pour les trafics divers tels que celui des déchets ou d’espèces rares.
La haute finance internationale a besoin des liquidités de la mafia, qui elle a un besoin vital des réseaux financiers mondiaux en mains de la haute finance internationale pour faire circuler les revenus de ses activités criminelles. Que reçoit-elle en échange des « services » rendus aux grands financiers ? Quelle est sa place dans le trinôme banques commerciales-banques centrales-asset managers ? Jusqu’où va leur proximité… ?
Le système mondial du blanchiment de l’argent sale bénéficie – volontairement ou pas – d’atouts législatifs indéniables. La dérégulation des marchés économiques et financiers, légalisée dès les années 80. Les acteurs économiques et financiers seront dès lors soumis à toujours moins de contrôle et de surveillance.
La curiosité de la chose vient du fait que les partis de droite comme de gauche (démocrates et républicains, par exemple) vont promouvoir de concert la mise à disposition au marché de la haute finance de cette espèce de souveraineté. Si la politique ultra-accommodante de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan n’étonne personne, il en va autrement de celle de la France socialiste de François Mitterrand.
https://lilianeheldkhawam.com/2018/04/30/la-gauche-francaise-pionniere-de-la-deregulation-financiere-lobs-2011/
Grâce aux travaux de Rawi Abdelal, nous apprenons que « « Le « régionalisme ouvert » de l’Union a été et reste une grande force de libéralisation de la finance mondiale », nous allons découvrir à quel point cette ouverture du marché mondial des capitaux va permettre la mise en place d’un système de blanchiment massif de l’argent sale. Des comptoirs de la finance criminelle ont pu ainsi se développer partout dans le monde et drainer une bonne partie des flux de la planète finance.
A l’heure actuelle, la technologie aidant, le système permet à « un euro de circuler en une journée entre 70 banques de 70 pays »[6]. Au final, l’euro est inidentifiable, et devient aussi propre que celui gagné dans l’économie réelle. Ce n’est donc pas un phénomène marginal propre à une mafia de l’ombre. Nous ne pouvons même pas parler d’une nébuleuse tant les lieux concernés sont connus et sollicités par ce que la planète compte comme agents de la haute finance. C’est la face criminogène parfaitement assumée de la mondialisation. Elle encourage le blanchiment d’argent, la corruption et l’évasion fiscale[7].Elle fut rendue possible par les constructions en cascade de structures juridiques-écran propres à favoriser l’opacité des transactions : trusts, fondations, sociétés anonymes, etc. Cette opacité du marché des capitaux – avec ses myriades de flux et de produits financiers et technologiques – rend le système excessivement difficile à saisir et cerner… sauf pour ceux qui en détiennent les clés.
A ce qui précède, il faut ajouter que les principes organisationnels du marché économique et financier sont ceux des systèmes, des réseaux et des processus. Ils sont en réalité compatibles avec l’organisation mafieuse, et répondent curieusement aux caractéristiques de la « pieuvre » mafieuse. Cette parfaite adéquation organisationnelle va optimiser les activités mafieuses et faciliter la circulation de leurs flux financiers.
Résultat ? L’argent circule tellement vite et à tellement d’endroits différents que toute trace de la provenance des fonds est excessivement compliquée à identifier. De cet argent, qui circule massivement et toujours plus vite, on estime que la moitié transiterait par des paradis fiscaux ou bancaires, sans même s’y arrêter[8].
Les particularités des paradis fiscaux sont connues et largement exploitées par les multinationales et autres politiciens corrompus. Les dirigeants politiques n’ont donc aucun intérêt à orienter les projecteurs sur les bases de données qui y sont hébergées. Une journaliste d’investigation et blogueuse, Daphné Caruana Galizia, s’est intéressée de trop près aux Panama papers et aux Malta files. Elle a ainsi notamment révélé l’apparition du nom de l’épouse du premier ministre maltais dans la liste des Panama papers.
https://lilianeheldkhawam.com/2017/10/17/apres-les-panama-papers-enquete-sur-malte-paradis-fiscal-meconnu-lexpress/
Il faut dire que la discrète petite île brille par la présence massive de fraudeurs du fisc qui priveraient les autres pays de deux milliards d’euros. Le pays qui y est le plus représenté est l’Italie, avec 8’000 sociétés maltaises contrôlées par des capitaux italiens. Tout ou partie pourrait aussi bien appartenir à la mafia. De fait, le processus qu’emprunte le circuit de l’argent mafieux se confond toujours plus avec celui de l’argent propre. ». Malgré de nombreux actes d’intimidation, Daphné Caruana Galizia a poursuivi ses enquêtes sur la corruption de diverses personnalités politiques de l’île, avant d’être victime, en octobre 2017, de l’explosion de sa voiture. Exécutée à la manière mafieuse en pleine île de Malte, pays membre de l’Union européenne.
Véritable face cachée de la mondialisation, l’argent du crime organisé a, non seulement, gangréné la planète finance, mais s’est lui-même globalisé en se diluant dans l’ensemble du système étatique, politique, financier et économique. C’est ce que révèle un excellent documentaire[1] de la chaîne française LCP, qui nous propulse dans le monde glauque de l’argent sale. Le vrai. Pas celui des roupies indiennes.
(…)
Nous y voyons comment cet argent circule et comment il s’accapare des pans entiers de l’économie réelle, s’imbriquant de manière irréversible dans le quotidien de l’humanité. En témoigne le fait que le premier port de la méditerranée, Gioia Tauro, est devenu un haut-lieu de la mafia calabraise, la ‘Ndrangheta. Les activités de cette organisation du crime sur la zone portuaire concernent, pêle-mêle : La prise de participations dans l’actionnariat des entreprises, le contrôle du marché du travail, le détournement des fonds publics (en provenance de l’État italien ou du Fonds européen de développement économique régional), de l’extorsion de taxes pour chaque conteneur en transit, l’exportation des déchets, du trafic de drogues-cigarettes-armes (notamment de l’importation de cocaïne, dont 80% provient de Colombie), du trafic de contrefaçons, etc. La majeure partie des activités du port est pilotée par la ‘Ndrangheta.
Le célèbre auteur-enquêteur calabrais, Francesco Forgione, explique dans le documentaire comment les 145 clans de cette organisation se sont habillés de structures entrepreneuriales aux allures professionnelles. Cette entité, une sorte d’aristocratie du crime, est au cœur d’une toile économique et financière, qui peut compter sur 5’000 affiliés et des centaines de collaborateurs sur son territoire pour verrouiller les appels d’offres des marchés publics ou corrompre les syndicats. Cette maîtrise d’un espace local, intimement lié à une famille loyale et silencieuse, permet aux mafieux calabrais d’aller se déployer à travers le monde.
Grâce à ces rentrées d’argent fabuleuses, les mafias vont investir dans les activités propres partout dans le monde. Ce faisant, elles corrompent non seulement des dirigeants de la finance, mais aussi de l’économie réelle. Le piège se referme durablement sur le citoyen normal. Et pour cause, l’infiltration de l’argent sale blanchi est insidieuse et durable. Indélogeable. Pire encore, cet argent va salir l’argent propre créant une zone grise qui grandit sans cesse sous l’injection de revenus annuels massifs. Ainsi, l’addiction à l’argent de la drogue – qui a intoxiqué la totalité du système financier et les institutions publiques, va contaminer l’économie réelle. Et personne ne cherche à s’en désintoxiquer.
En constatant l’intensité de l’infiltration de l’argent mafieux aux quatre coins de la planète, nous repensons à la « Weissgeldstrategy », la stratégie de l’argent propre, de la conseillère fédérale Widmer-Schlumpf. Son projet prévoyait initialement que tous les intermédiaires financiers devraient s’assurer, de manière proactive, de l’intégrité fiscale de chacun de leurs clients. Les banquiers suisses devaient anticiper le comportement criminogène des blanchisseurs d’argent sale. On se demande bien comment ils auraient pu le faire.
(…)
Les mafias de la planète ont en tout cas de beaux jours devant elles. Leur force de frappe financière pourrait en effet mener à une prise de pouvoir politique à travers le rachat des activités économiques, la corruption des dirigeants politiques et de leurs partis, ainsi que par l’intimidation dont elles sont capables. Si ce n’est pas déjà fait.
Extraits de: