Source image France TV Education Et voici la troisième contrainte que nous avons retenue. Celle de la financiarisation imposée à l’ensemble de l’économie et des États de la planète. Grâce à l’extension et l’interconnexion des marchés, la haute finance va pénétrer l’ensemble des secteurs de la vie productive, publique ou simplement sociétale. C’est à travers elle que la dictature du profit sera imposée à toutes et à tous. Différentes définitions existent pour expliquer l’appellation. Celle-ci peut être définie en tant que « croissance inexorable de la part des activités financières dans le développement de l’économie »[1]. Ce constat où, effectivement, la taille du marché de la finance a pulvérisé toutes sortes de records ces dernières années, est la conséquence de cette
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Et voici la troisième contrainte que nous avons retenue. Celle de la financiarisation imposée à l’ensemble de l’économie et des États de la planète. Grâce à l’extension et l’interconnexion des marchés, la haute finance va pénétrer l’ensemble des secteurs de la vie productive, publique ou simplement sociétale. C’est à travers elle que la dictature du profit sera imposée à toutes et à tous.
Différentes définitions existent pour expliquer l’appellation. Celle-ci peut être définie en tant que « croissance inexorable de la part des activités financières dans le développement de l’économie »[1].
Ce constat où, effectivement, la taille du marché de la finance a pulvérisé toutes sortes de records ces dernières années, est la conséquence de cette omniprésence de ce secteur dans le quotidien du monde.
Pour mieux saisir l’ampleur du phénomène, voici une autre définition de la financiarisation bien plus complète. Elle nous vient de l’IREPP
« Tendance à faire des marchés des dispositifs d’évaluation et d’échange de tous les actifs : non seulement ceux des entreprises mais aussi ceux qui constituent le patrimoine des particuliers, ou encore celui de l’État. Les marchés deviennent ainsi les évaluateurs directs ou indirects de toutes les « valeurs », bien au-delà de ce que l’on appelait naguère des valeurs « économiques ». L’éthique par exemple, intervient désormais dans l’évaluation des entreprises et autres investissements dits « socialement responsables ». Et de même pour le talent, le génie, l’originalité, la compétence, etc. » (IREPP) »[2].
C’est cette deuxième définition qui nous semble essentielle à la compréhension de la mutation des États, de la place de l’économie réelle, et accessoirement de la nouvelle place accordée à l’humain. La financiarisation, devenue passage obligé de l’économie et de la vie publique, a permis la mise en place d’un modèle de gouvernance où l’ensemble des activités productives marchandes et non marchandes sont traduites en valeurs financières par le marché. Ce pouvoir octroyé au marché de la haute finance est un énorme privilège qui va lui permettre non seulement de valoriser les divers secteurs de l’économie mondiale, mais aussi de les financer, de les endetter, de les gérer à travers les produits financiers associés à la financiarisation. Tout cela ouvre grand la porte à la spéculation, mais aussi à des attaques à l’encontre d’une entité ou d’une autre…
C’est ainsi que la gestion des richesses planétaires sera toujours plus concentrée au niveau du marché financier, ce qui permet potentiellement de construire « un monopole industriel et financier ». Cette expression nous vient du président Roosevelt qui nous avertissait en son temps du danger que la corporation de la haute finance pouvait représenter. Il osa même la comparer au crime organisé.
Le président Roosevelt osait en effet la comparaison entre les détenteurs du grand capital et le crime organisé dans son discours du 31 octobre 1936 (Discours traduit par le site Les crises).
Nous en retiendrons ceci:
«Nous avons dû lutter contre les vieux ennemis de la paix –le monopole industriel et financier, la spéculation, la banque véreuse, l’antagonisme de classe, l’esprit de clan, le profiteur de guerre.
Ils avaient commencé à considérer le gouvernement des États-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé. Jamais dans toute notre histoire ces forces n’ont été aussi unies contre un candidat qu’elles ne le sont aujourd’hui. Elles sont unanimes dans leur haine pour moi –et leur haine me fait plaisir.
Je peux dire que lors de mon premier mandat ces forces menées par l’égoïsme et la soif du pouvoir ont trouvé un adversaire à leur hauteur. J’aimerais pouvoir dire à l’issue de mon deuxième mandat qu’ils ont trouvé leur maître.
Ceux qui avaient l’habitude d’avoir des passe-partout ne sont pas heureux. Certains d’entre eux sont même désespérés. Seuls des hommes désespérés,le dos au mur, peuvent descendre en-dessous d’un niveau de citoyenneté décent au point de promouvoir la campagne « feuille de paie » actuelle contre les travailleurs des États-Unis d’Amérique. Seuls les hommes désespérés, sans souci des conséquences de leurs actes, risqueraient de compromettre l’espoir d’une nouvelle paix entre travailleurs et employeurs en utilisant à nouveau la tactique de l’espionnage au travail.
On y trouve notamment la justice, l’amour et l’humilité, non pas pour nous-mêmes en tant individus, mais pour notre Nation.
C’est la voie de la paix»
Ainsi, par la financiarisation, on a fait du marché financier le cœur de la planète, de l’ensemble des activités, de l’ensemble des ressources naturelles.
Exemples de financiarisation:
- du pétrole
L’évolution du prix du pétrole avec des à-coups et des manipulations avérées des cours ont envoyé au tapis différents pays. Le plus emblématique du moment est bien sûr le Venezuela. Mais nous pensons aussi à l’Algérie, ou l’Arabie saoudite… Quand ces pays doivent absorber à la fois une chute du prix du pétrole, avec les fluctuations des devises, voire la chute de la valeur de leur monnaie face au dollar, les difficultés s’amplifient drastiquement.
- de l’électricité
Voici un graphique qui représente le prix négatif du MWh défini par le «marché». Le producteur doit payer son produit pour que quelqu’un veuille bien le lui prendre. Alors comment peut-il gagner sa vie, ou en tout cas ne pas faire faillite. Actuellement le groupe suisse Alpiq est en train de se faire démanteler par…. Goldman Sachs, lui-même acteur important du marché du trading de l’énergie.
Soutenue par le multilatéralisme[3], la financiarisation s’est très vite mondialisée, devenant ainsi supranationale. La technologie et l’ingénierie financière vont lui permettre d’intégrer, de piloter et de contrôler l’ensemble des processus financiers mondiaux à distance. L’édifice financier globalisé devient impénétrable.
Grâce à la financiarisation, l’essentiel des actifs de la planète va être transféré en mains du marché de la haute finance internationale, dont les patrons ont tout loisir de déployer la dictature du rendement, de la productivité, de la rationalisation, de la normalisation, de l’uniformisation, et du profit en général.
D’où l’hyperconcentration de la détention des richesses mondiales.
Par conséquent, les États classiques souverains, dotés de frontières, et organisés en silos, se sont dilués dans un espace planétaire commun, chapeauté par une construction supranationale qui intègre des acteurs privés financiers et commerciaux de premier plan. Nous avons quitté le monde des nations, avec leurs frontières géographiques, leur souveraineté et la démocratie telles qu’on les connaissait, pour entrer de plain-pied dans une construction structurée par un système complexe de processus et de réseaux, au bénéfice exclusif de l’entité financière privée, représentée par son aristocratie.
Cette super-organisation financiarisée, qui à son tour financiarise le monde, émerge en parallèle du délitement des États. Dotée d’un espace planétaire sans frontières, elle collectivise toutes sortes de ressources de la planète. Sans surprise, les représentants de Wall Street tiennent le haut du pavé avec près de 40% des 69 trillions de dollars, des échanges boursiers globaux de la planète.
Arrivent loin derrière dans le palmarès, les bourses européennes et asiatiques.
Quant à l’Afrique, malgré les richesses naturelles énormes qui font l’objet de tant de convoitises de la part des divers marchés occidentaux et asiatiques, sa présence dans le marché financier globalisé est insignifiante, pour ne pas dire inexistante.
Par conséquent, quand les médias et les politiques parlent de marché ou de marché financier, ils parlent principalement d’agents financiers anglo-saxons, dont les capitales sont selon les activités, Wall Street ou Londres.
Les sommes échangées sur ces plateformes sont gigantesques et ont d’ores et déjà transformé une bonne partie de la planète, de ses richesses et de ses activités, en valeurs boursières et en produits financiers plus ou moins toxiques. Il est donc tout naturel que le groupe, qui bénéficie de cet argent pléthorique, se soit imposé au sein de la gouvernance des États publics endettés par une omniprésence de sponsors et autres lobbyistes, ce qui affaiblit à son tour les institutions et la chose publiques.
La création et la privatisation du principe des dettes publiques[4]portées par des banques systémiques, chargées de produits financiers dangereux et menaçants, achèveront de mettre les gouvernements sous tutelle.
Financiarisation, multilatéralisme et partenariats multipartites publics-privés ont donc fait le lit de cette nouvelle structure, systémique, mondialisée et interconnectée. Celle-ci réclamera tôt ou tard la fin officielle des États publics tels que ces derniers existent encore à ce jour dans notre mémoire collective.
[1]Définition du Larousse
[2]Définition IREPP
[3] Dès les années 80, les dirigeants anglo-saxons offrirent à l’univers de la finance, l’autocontrôle et l’autorégulation. Ces deux clés contiennent dans leur principe l’effacement de la législation et de l’autorité de l’État devant les activités financières.
[4]Dont la base essentielle est la dette américaine
DOSSIER
Le texte ci-dessus appartient au dossier Dépossession, quelques astuces qui ont permis l’accaparement des richesses financières et monétaires mondiales.
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Introduction
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Le modèle d’affaire de l’entreprise imposé à la démocratie
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Une des trois contraintes qui sabotent les Etats. Le Multilatéralisme.
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Dépossession, la 2ème contrainte qui sabote les Etats. Le lobbying
Ce dossier est une compilation d’extraits de:
Site de l’éditeur: https://reorganisationdumonde.com/produit/depossession/