« La distinction entre les données médicales et les informations disponibles sur les réseaux sociaux est artificielle. » (CNBC, avril 2018) Dans une publication précédente, nous avions révélé le fait que les futurs dossiers médicaux électroniques de l’UE (et de la Suisse !) seront alimentés avec des données extraites des réseaux sociaux – dont Facebook. On ne ...
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« La distinction entre les données médicales et les informations disponibles sur les réseaux sociaux est artificielle. » (CNBC, avril 2018)
Dans une publication précédente, nous avions révélé le fait que les futurs dossiers médicaux électroniques de l’UE (et de la Suisse !) seront alimentés avec des données extraites des réseaux sociaux – dont Facebook. On ne sera donc pas étonné d’apprendre que Facebook cherche bel et bien à évaluer notre état de santé…
« La société Facebook Inc. connaît déjà vos amis et le genre de choses qui attire votre attention. Bientôt, elle pourrait également connaître votre état de santé. […] Ces dernier mois, le géant des médias sociaux a multiplié les rencontres avec des experts du domaine des soins […] Facebook a refusé de commenter ses projets dans le domaine de la santé. »
Voilà qui pourrait aisément passer pour une rumeur alarmiste, colportée sur les réseaux sociaux par des Internautes aigris, pour ne pas dire complotistes… Il s’agissait pourtant là d’une dépêche on ne peut plus authentique de la prestigieuse agence de presse Reuters !
Cette information décoiffante n’allait toutefois pas faire de vagues. Jusqu’à ce qu’en avril 2018, la grande chaîne d’information américaine CNBC révèle que Facebook avait « mandaté un médecin pour demander aux hôpitaux de partager les données de leurs patients »…
« C’est assez effrayant […] l’idée de base était que Facebook démarre des partenariats avec des hôpitaux de premier plan à travers tout le pays. Le but étant de combiner leurs données […] avec ce que l’hôpital sait de vous : vos problèmes médicaux, le genre de médicaments que vous prenez, etc. »
Malgré ce démarrage en fanfare, la présentatrice allait pourtant très vite relativiser le caractère scandaleux de cette approche pour le moins intrusive :
« Nous voyons aujourd’hui Amazon, Alphabet [la société-mère de Google !] – et maintenant même Facebook – se tourner vers le domaine de la santé. C’est une opportunité qu’ils ne peuvent tout simplement pas laisser de côté. Il faut bien être conscient de tout ce que ces entreprises technologiques savent sur nous. Ces données sont très intéressantes – et peut-être même lucratives – pour les entreprises du domaine de la santé, qu’il s’agisse de votre hôpital, de votre clinique – ou peut-être même de votre assurance… »
Facebook pourrait donc vendre les données qu’il collecte sur ses utilisateurs à certaines assurances maladie… Une pratique qui semble déjà avoir cours en Suisse, à en croire un récent article du quotidien suisse alémanique Blick (ci-dessous repris en français par le 24heures) :
En Suisse, les intrusions des assurances maladie dans la vie privée de leurs clients font régulièrement l’objet de publications dans la grande presse… Sans que les enjeux économiques de ces pratiques – d’ailleurs parfaitement légales – soient clairement identifiés.
Reste à déterminer quelles informations les assurances suisses – de même que l’UE, via la plateforme numérique MyHealthMyData – cherchent à obtenir grâce à cet « espionnage » des réseaux sociaux…
Il pourrait ainsi être utile de clarifier les points suivants :
- Les données collectées sur nous via les réseaux sociaux fourniraient-elles des indications fiables sur notre état de santé ? Les images et textes que nous publions permettraient-ils d’identifier les signes avant-coureurs de certaines pathologies physiques ou psychiques ? Ou tout simplement, pourquoi pas, le début d’une grossesse ?
- Dans quel(s) contexte(s) les données ainsi obtenues ont-elles vocation à être employées ? Demandes de crédit, postulations professionnelles, souscriptions d’assurances (vie, maladie, prévoyance…) ?
On rappellera à toutes fins utiles que les géants du numérique – et pas seulement Facebook ! – se présentent de plus en plus comme des acteurs incontournables du domaine de la santé. Quant à Google, celui-ci n’hésite plus à afficher ses ambitions dans le domaine des diagnostics médicaux… avec des résultats parfois spectaculaires !
Voilà qui peut nous aider à comprendre les sombres prédictions qu’un responsable suisse de la protection des données avait formulées il y a tout juste un an de cela :
« Actuellement, le système de santé est basé sur un principe de solidarité qui assure un catalogue de soins pour tout le monde dans l’assurance de base. Mais ce principe va bientôt s’effondrer. […] Toutes ces données transmises aux caisses [maladie] vont concourir à l’établissement de mauvais profils d’assurés. […] Tout cela va déboucher sur un nouveau système de bonus-malus dans l’assurance maladie. […] A l’avenir, la prime d’assurance maladie sera calculée en fonction du risque que vous représentez. Les premières victimes en seront les fumeurs. » (Le Temps, 17/10/2017)
Ce sera le mot de la fin !
Par Vincent Held. Thématique tirée du livre « Après la crise », en pré-commande chez Decitre, à La Fnac, chez Payot – ou directement auprès de l’éditeur!
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