Teilhard de Chardin, le père jésuite qui a inspiré globalisation et… collectivisation de la pensée humaine. Apocalypse 4.0 (Dossier LHK)

Pierre Teilhard de Chardin prophétise la noosphère qui préparerait l’avènement d’un Christ cosmique. La singularité technologique de Ray Kurzweil (directeur de l’ingénierie chez Google) en est une déclinaison.

Pierre Teilhard de Chardin, un père jésuite pas comme les autres

Le père Teilhard a un décodage du catholicisme qui lui est propre. Il est proche du célèbre eugéniste Julian Huxley dont le grand oncle était un promoteur agressif de la Théorie de l’évolution de Darwin. Teilhard adhère à la théorie du Big bang d’un autre prêtre catholique, l’abbé Georges Lemaître, contemporain et théoricien de l’atome primitif. Celui-ci déclarait à la fin de sa conférence à l’Institut catholique de Paris :

La noosphère de Chardin

Ce concept de noosphère rejoint ce que nous annoncions dans Coup d’Etat planétaire avec le concept de machine informationnelle qui engloberait l’ensemble des interactions des vivants, à la différence que celle-ci incluait aussi les supports techniques qui permettaient la circulation de l’information et de la communication (les TIC).[16]

D’où l’indispensable processus de planétisation humaine dans le cadre de la construction de la maison commune (phénomène que nous avons identifié dans le cadre de la globalisation) à laquelle nous sommes contraints de participer. Car selon Chardin, « Rien dans l’univers ne saurait résister à un nombre suffisamment grand d’intelligences groupées et organisées.[17] »

Pour Teilhard, l’humanité se rassemble pour rejoindre son Dieu au travers du point Oméga, sachant que pour tout Chrétien, Jésus est l’Alpha et l’Oméga, deux points repensés par Teilhard et représentés sur son schéma de convergence. Le point Oméga serait donc le point d’arrivée de l’union de la conscience des êtres de la planète regroupés dans l’attente du messie.

Selon certaines pensées exprimées depuis plus d’un siècle, les consciences individuelles des participants à la noosphère vont être toujours plus attirées les unes vers les autres autour du point Oméga. La multiplication des centres « comme images relatives de l’ensemble des centres harmonisés participe à la résurrection spirituelle ou théophanie du Christ cosmique[18] ».

La noosphère est ainsi une étape importante de l’évolution qui peut converger vers le point Oméga. Une fois atteint, l’humanité peut s’attendre à l’avènement du Christ cosmique. La vision de Téilhard se veut holistique.

Don DeLillo présente le Point Oméga de Teilhard ainsi : Il a extrapolé le concept d’une galaxie spirale pour inclure l’univers entier et en a forgé un point de vue philosophique unique. Son univers était compromis par 2 forces fondamentales : tangentielle ou rotationnelle (qu’il appelait aussi matière) et radiale ou centripète (aussi appelée amour). Les forces centripètes conduisent à l’involution, c’est-à-dire à la transformation d’un état de complexité désorganisée en un état plus organisé. Le résultat final de cette involution est le Point Oméga ou la fin du monde tel que nous le connaissons. À ce point, l’univers se trouve dans un état de complexité organisée.[8]

Dans sa description du phénomène, Jaime Rodriguez Ramos écrit : « Le point final était Christ et Dieu, la parousie divine, la seconde venue qui avait été prophétisée dans la Bible. Il [Teilhard] a tout mis en avant en combinant les credo dominants de son temps. La religion élevant les humains vers la spiritualité et la grâce. Le marxisme et le capitalisme font avancer les humains vers le progrès matériel. Teilhard a dit qu’une nouvelle religion était nécessaire pour notre époque qui monte et avance en même temps. Avancer vers la prospérité matérielle pour s’élever spirituellement et vers Dieu. »[9]

Les idées qu’avaient développées Teilhard lui avaient valu les foudres de l’église. Puis le pape Jean XXIII le réintègrera. D’autres papes post Concile Vatican II iront plus loin et vont même se référer à sa vision. C’est ce qui se passa avec l’encyclique du pape François de 2015, référence au minimum morale à l’Agenda 2030.

Les transhumanistes de la Silicon Valley inspirés par Pierre Teilhard de Chardin.

La singularité technologique est basée sur un concept et une métaphysique inspirée par Teilhard. C’est son concept qu’il faut comprendre pour saisir la quête d’immortalité des transhumanistes, avec un Kurzweil qui voudrait faire ressusciter son père mort devant lui !

Pour Teilhard, la « céphalisation », soit l’augmentation de la conscience des êtres vivants était pour lui la tendance la plus importante de l’évolution[7]. Au bout du processus, la conscience collective:

La vision teilhardienne était partagée par Julian Huxley, le premier patron de l’UNICEF, qui a d’ailleurs traduit au moins un de ses livres, et qui a préfacé le Phénomène humain, publié la première fois en anglais en 1959. Teilhard a été et est toujours enseigné partout, y compris au niveau universitaire. Il se dit que c’est lui qui a soufflé l’appellation transhumanisme à Julian Huxley.

Que l’on parle du Point Oméga du père jésuite, de la Singularité technologique de Ray Kurzweil , ou de la vision que Elon Musk a d’une IA potentiellement incontrôlable, on s’attendrait dans les 3 cas à l’avènement d’une divinité ou d’une hyperpuissance (non définie) qui dépassera et dominera l’humain.

Connecter les cerveaux à la machine

Musk le prévoit à l’horizon 2025.[1] Kurzweil confirme qu’à cette date la superpuissance d’un ordinateur permettra alors la simulation neurale du téléchargement d’un cerveau humain[2]. En lisant cela, on peut au premier abord avoir envie d’exploser de rire . Cependant, un Elon Musk doit être pris au sérieux pour la simple raison que ses entreprises et lui-même détiennent une partie des richesses mondiales. Il est l’homme le plus riche au monde avec 178,9 milliards de dollars. De plus, il contrôle SpaceX capitalisée à 140 milliards, Tesla près de 515 milliards, Paypal 85 milliards, etc.

Quant à Neuralink dont l’ambition serait de mettre à disposition des implants pour connecter le cerveau de l’humain à la machine, elle est hors de toute estimation financière car en théorie, il serait amené à pucer une bonne partie, voire l’ensemble, de l’humanité. Encore faut-il que son produit fonctionne sans tuer les cobayes, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

La singularité technologique ou Singularité, qui devrait se produire selon Kurzweil vers 2045, consiste en un emballement de la croissance technologique, dû à l’Intelligence Artificielle, qui induirait des changements imprévisibles dans la société humaine. Au-delà de ce point, le progrès ne serait plus l’œuvre que d’intelligences artificielles, ou « supraintelligence » qui s’auto-amélioreraient, de nouvelles générations en nouvelles générations de plus en plus intelligentes apparaissant de plus en plus rapidement, créant une « explosion d’intelligence » créant finalement une puissante superintelligente qui dépasserait de loin l’intelligence humaine.[3] Cerise sur le gâteau, les humains deviendraient alors immortels. Oui, mais quel genre d’humains puisque le modèle exige la mutation en transhumains, puisqu’il faudrait télécharger son cerveau dans le cloud (céphalosphère)?

Voici une description plus ancienne de la singularité technologique. En 1965, Irving John Good [4]parlait d’une explosion d’intelligence :

« Mettons qu’une machine supra-intelligente soit une machine capable dans tous les domaines d’activités intellectuelles de grandement surpasser un humain, aussi brillant soit-il. Comme la conception de telles machines est l’une de ces activités intellectuelles, une machine supra-intelligente pourrait concevoir des machines encore meilleures ; il y aurait alors sans conteste  une « explosion d’intelligence », et l’intelligence humaine serait très vite dépassée. Ainsi l’invention de la première machine supra-intelligente est la dernière invention que l’Homme ait besoin de réaliser ».[5]

Vernor Vinge [6]va populariser le concept de singularité technologique. Il y postule qu’à l’horizon 2023, l’humanité créerait une IA surhumaine qui mettrait un terme à l’humanité. Et voici la phrase-clé de ce monsieur, reprise dans Wikipédia : « (…) des intelligences surhumaines, créées par des humains aux capacités augmentées cybernétiquement ou par d’autres intelligences artificielles moins développées, seraient capables d’améliorer leurs propres capacités. (…) Ainsi une spirale de progrès de plus en plus rapide amènerait à des progrès technologiques très importants en une courte période de temps. »

Cette solution extrême de faire « augmenter » les capacités de l’humain est la solution de rechange face à l’échec de la création de robots bénéficiant de l’intelligence générale de l’humain.

Les pays totalitaires transformés en labos de la BigTech

C’est ce qui s’est passé grâce à un capitalisme exacerbé qui a offert des sommes astronomiques à des scientifiques afin de développer le matériel adéquat qui sert actuellement à l’IA. Il est curieux de constater que la période de crise monétaire et financière noire pour l’Occident corresponde à la période où l’IA a fait le plus de « progrès »… D’ailleurs, nous avions constaté dans nos multiples publications un déplacement des richesses des entreprises habituelles vers les BigTech. Ceci explique-t-il cela ?

Parallèlement à la dépossession de tous les niveaux et de tous les instants en faveur des BigTech, elles-mêmes aux mains de Planète finance, nous avons constaté que des pays qui sortaient d’un marxisme pur et dur ont eu plus de facilité à introduire des technologies nouvelles dont la finalité n’était pas toujours compatible avec la conception que nous avons en Occident de l’humain.

Pour nous c’est Teilhard qui est le père spirituel du concept de singularité de la Silicon Valley ; à la différence près que celui-ci s’attend à l’avènement d’un Christ cosmique (variante du Christ du Nouveau Testament), alors que les adeptes de la Singularité technologique s’attendent à une prise de pouvoir par les machines avec un espoir que celles-ci seraient bienveillantes avec eux.

Teilhard, un père jésuite célébré par la haute finance internationale à l’ONU

Ce mécène pro-nazi, surnommé le Rockfeller de Suède, figurait sur la liste noire américaine… Il était accusé d’être un des principaux personnages de coulisse qui ont financé la Seconde guerre mondiale…

Il aurait aussi financé les nazis entre 1932 et 1942 depuis une banque des Bahamas, et aurait caché l’or nazi en Amérique du Sud. Sa fondation opère toujours dans le domaine de la recherche anthropologique.

Teilhard semble très apprécié de Planète finance, celle qui a globalisé le monde. Les célébrations des 50 ans de son décès ont été à la hauteur de l’intérêt que les dirigeants d’aujourd’hui accordent à ses travaux. Voici un résumé très instructif du symposium qui s’est tenu à New York pour célébrer la mort du père de la noosphère.

Que du beau monde, tant du milieu académique, financier, que religieux.[10] Le déroulement de la rencontre est lui aussi éminemment intéressant pour voir que nous nous trouvons là sur un terrain qui dépasse la simple idéologie d’un prêtre isolé.

En 2005, la mort du père a été célébrée par des noms très prestigieux du monde de la science ET de la haute finance. Pour ce faire, l’Association américaine Teilhard s’est associée à la Fondation Teilhard De Chardin et à l’Association des Amis de P. Teilhard De Chardin de Paris pour commémorer le 50e anniversaire de la mort de Pierre Teilhard de Chardin à New York en 1955.

La commémoration de trois jours[11] a commencé par un symposium le vendredi aux Nations Unies à New York, auquel ont participé 600 personnes et intitulé Global Spirituality and a Sustainable Future. Coparrainé par la Mission française auprès des Nations Unies, le PNUE, l’UNESCO et le Forum sur la religion et l’écologie, le symposium était animé par John Grim, président de l’association américaine Teilhard.

Cela a commencé par un court métrage sur l’histoire de l’univers produit par Neal Rogin, puis présenté comme conférenciers Brian Swimme et Mary Evelyn Tucker, qui ont parlé du contexte cosmique de notre civilisation planétaire émergente.

Un accueil télévisé a également été présenté au rassemblement par Wangari Maathai, lauréate du prix Nobel de la paix en 2004.

Le samedi matin 8 avril, un petit symposium sur L’influence de la pensée de Teilhard sur la recherche scientifique s’est tenu dans la salle du synode de la cathédrale Saint-Jean-le-Divin dans le haut de Manhattan.

La table ronde comprenait Ludvico Galleni, professeur de biologie, Université de Pise; Mark McMenamin, professeur de géologie, Mount Holyoke College; Kathleen Duffy, professeur de physique, Chestnut Hill College; Harold Morowitz, Krasnow Institute for Advanced Study et James Skehan, SJ, professeur de géologie à l’Université de Boston.

Le samedi après-midi a vu une magnifique célébration de la vision de Teilhard dans le grand sanctuaire de la cathédrale Saint-Jean-le-Divin, en présence de plusieurs milliers de personnes. L’événement liturgique comprenait des lectures et des commentaires sur la vision de Teilhard, des œuvres de danse et de chorale, et de la musique par l’organiste de la cathédrale, ainsi que des membres du Paul Winter Consort. Après un accueil par John Grim et le doyen James Kowalski, la célébration était composée de quatre sections, chacune honorant une dimension de la vision teilhardienne.

Sous le titre général de L’Épopée de l’Univers, ces sections comprenaient L’Éclat, L’Émergence de la Vie, Le Feu de la Conscience et le Feu de l’Esprit.

Après des lectures de Teilhard et entrecoupées de danse et de musique, les homélies ont été prononcées par Brian Swimme, astrophysicien ; Miriam Therese McGillis, fondatrice de Genesis Farm; Ursula King, professeur émérite de l’Université de Bristol et Helen Prejean, auteur de Dead Man Walking.

L’impressionnante célébration en a touché plus d’un et a glorieusement exprimé la vision transformatrice de Pierre Teilhard de Chardin.

Dimanche matin, un petit groupe comprenant la délégation française s’est rendu en pèlerinage sur la tombe de Pierre Teilhard de Chardin, située au Culinary Institute of America, un ancien séminaire jésuite sur la rivière Hudson au nord de New York.

Dans l’après-midi, une célébration de la messe sur le monde, écrit par Thomas King, SJ, a été dirigé par lui à l’église catholique romaine St. Ignatius à New York. Les événements de la commémoration du 50e anniversaire de la mort de Teilhard ont été coordonnés par le révérend Franklin E. Vilas, D.Min, au nom du conseil d’administration de l’American Teilhard Association. Les événements ont été rendus possibles en partie grâce à des subventions de la Fondation V. Kann Rasmussen, de la Fondation Germeshausen, du Kendeda Sustainability Fund de la Tides Foundation, de la John Templeton Foundation et de la Owlsley Brown Charitable Foundation[14]

[1] The independant, Elon Musk claims AI will overtake humans in less than five years, 2020

[2] Projet Blue Brain, image

[3]  „Singularity Hypotheses, A scientific and philosophical assessment“, Annon H Eden, James H Moor, Johnny H Soraker, Eric Steinhart, Springer, 2012

[4] Contrairement à ce que présentent les médias de masse, non Kurzweil n’est pas le prophète de la Singularité.

[5] Wikipédia

[6] Technological singularity, Vinge, 1993

[7] https://www.linkedin.com/pulse/jesuit-priest-singularity-prophet-elon-musk-jaime-rodriguez-ramos/ Responsable innovation et conseiller technologique

[8] Le point Oméga et au-delà : l’événement de la singularité https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7966419/

[9] Id.

[10]» Cinquantenaire de la mort de Teilhard (2005)

[11] Le week-end du 7 au 9 avril 2005,

[14]https://teilharddechardin.org/about/history/fiftieth-anniversary-of-the-death-of-teilhard/

[15] Lambert Dominique, Un atome d’univers, Ka vie et l’œuvre de Georges Lemaître, Ed. Lessius et éditions Racine, 2000, p 313 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7966419/

[16] « Super-ordinateurs, mythes ancestraux et cultes de la mort de la Nosphère, Ewen Chardronnet, 2019 Image noosphère source Makery.info –

[17] La tyrannie de la séléction par le QI et la volonté de le faire augmenter par les parents peut commencer !

[18] Wikipédia