J’aimerais vous parler d’un prophète. Qu’est-ce qu’un prophète ? Un prophète étonne, dérange et provoque ! En ce soir de fête nationale, je parlerai d’un prophète suisse. Sans doute le plus grand que notre pays ait donné. Il y a 600 ans, en 1417, naissait Nicolas de Flue. Sa vie continue à nous provoquer. Pourquoi ce paysan, ce magistrat, père de 10 enfants décide-t-il un jour de vivre en ermite, à 500 mètres de sa maison, alors que son dernier enfant n’a que quelques mois ? Comment comprendre son jeûne complet de plus de 20 ans qu’il a vécu sans le vouloir ? N’est-ce pas choquant et dérangeant ? Pourtant c’est lui que la Providence a choisi pour éviter une guerre fratricide entre les cantons de la Suisse d’alors. Sans lui, la Suisse n’existerait sans doute pas telle qu’elle
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J’aimerais vous parler d’un prophète. Qu’est-ce qu’un prophète ? Un prophète étonne, dérange et provoque ! En ce soir de fête nationale, je parlerai d’un prophète suisse. Sans doute le plus grand que notre pays ait donné. Il y a 600 ans, en 1417, naissait Nicolas de Flue.
Sa vie continue à nous provoquer.
Pourquoi ce paysan, ce magistrat, père de 10 enfants décide-t-il un jour de vivre en ermite, à 500 mètres de sa maison, alors que son dernier enfant n’a que quelques mois ?
Comment comprendre son jeûne complet de plus de 20 ans qu’il a vécu sans le vouloir ?
N’est-ce pas choquant et dérangeant ?
Pourtant c’est lui que la Providence a choisi pour éviter une guerre fratricide entre les cantons de la Suisse d’alors.
Sans lui, la Suisse n’existerait sans doute pas telle qu’elle est aujourd’hui.
Un silence et une écoute qui fondent la Suisse
J’aimerais souligner deux points de la vie de Frère Nicolas – Bruder Klaus, comme on l’appelait : son silence et son écoute.
Deux points qui ont fondé la Suisse il y a 600 ans, et sans lesquels notre pays ne subsisterait pas aujourd’hui.
Tout d’abord son silence.
N’est-il pas paradoxal de parler du silence le premier août au milieu des pétards des feux d’artifices ?
Etes-vous déjà allé au Ranft, où il a vécu ? Près de Sarnen en Suisse centrale.
C’est un lieu de beauté et de silence.
Si vous ne le connaissez pas, je vous conseille d’y aller.
Le 9 septembre prochain, il y aura d’ailleurs lieu une grande journée œcuménique sur le message actuel de frère Nicolas. C’est une bonne occasion de le découvrir.
Aujourd’hui le silence est essentiel. Seuls ceux qui savent faire silence ne sont pas entraînés par les modes, l’impatience des foules, les harangues des tribuns, les emballements des réseaux sociaux, les avidités de toutes sortes.
Les vrais créateurs, les artistes, les chercheurs, les grands politiciens savent la valeur du silence.
Puis le deuxième point est l’écoute.
Parce qu’il savait la valeur du silence, frère Nicolas savait écouter.
Il écoutait Dieu lui parler à travers sa Parole qu’il entendait tous les jours dans la chapelle du Ranft.
S’il a pu se priver de nourriture pendant 20 ans, il n’a pas pu vivre un seul jour sans le pain de la Parole de Dieu.
Nous sommes faits ainsi : nous pouvons jeûner de pain, mais pas d’eau et d’esprit !
Parce qu’il était un homme qui savait écouter, bientôt le monde viendra à lui, car les confédérés voyaient vraiment en lui leur frère.
Il avait tout connu comme eux : les champs de bataille, les fatigues nécessaires pour assurer le pain quotidien d’une famille nombreuse, les responsabilités de la vie politique.
Il était leur frère, il pouvait les comprendre, se faire tout à tous, et même, certaines fois, exercer le don de lire dans les cœurs.
Chaque personne qui vient à lui, est accueillie comme un frère ou une sœur.
Chercher la paix.
Dans le silence et l’écoute frère Nicolas vit depuis 14 ans dans son ermitage. C’est alors qu’il jouera le rôle décisif qui fera de lui le «père de la patrie».
Ces années ont creusé en lui un sillon profond et un intense désir de partager la paix avec tous.
Son message est simple : la paix est à la fois un don de Dieu et une responsabilité de chacun.
Voilà ce qu’il dit à tous : « La paix se trouve toujours en Dieu, car Dieu est la paix ».
Ce message a été compris par les responsables des cantons qui étaient sur le point de faire la guerre les uns contre les autres. Ils sont retournés chez eux dans la paix.
Mais que signifie aujourd’hui chercher la paix dans un pays en paix comme le nôtre ?
Aujourd’hui comme au temps de frère Nicolas, chercher la paix signifie vivre dans la confiance, l’honnêteté, la justice, la pureté, la solidarité, l’attention aux plus faibles.
La Suisse d’aujourd’hui a besoin de prophètes comme frère Nicolas. L’Europe a aussi besoin de prophètes pour réaliser sa juste vocation.
Qui serons ces prophètes ?
Voulons-nous être ces prophètes ?
Si nous nous encourageons les uns les autres à chercher cette paix en Dieu, nous pouvons devenir ensemble ces prophètes !
Alors un feu s’allumera dans notre cœur.
Ce feu qui sera symbolisé dans un moment par ce grand feu qui sera allumé sur la place du Châtaignier !
Pasteur Martin Hoegger, Pasteur de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV). (BIO)